Le quartier de la Duchère doit poursuivre son renouveau. Là comme ailleurs, c’est par l’instauration de la mixité sociale que nous construirons une vraie volonté de vivre ensemble.

Pour plus d’information : article Le Progrès


Intervention de Gérard Collomb

Monsieur le Maire,

Le projet de délibération que vous nous présentez vise à poursuivre le projet de rénovation urbaine de la Duchère sur les quartiers de la Sauvegarde et du Château.

Pour ce qui est de la Sauvegarde, il s’agit d’une opération qui a le même niveau d’ambition que celle menée précédemment au Plateau puisqu’il s’agit à la fois :

  • De restructurer les voiries (qui  se trouvent souvent en impasse) et de mieux relier ainsi la Sauvegarde aux autres quartiers ;
  • De diversifier le type d’habitat (aujourd’hui non pas 36 mais 86% de logements sociaux);
  • De requalifier les espaces verts ;
  • De créer enfin une façade économique sur l’avenue Ben Gourion de manière à mettre la Duchère en synergie avec Techlid, le pôle économique de l’ouest lyonnais.

Pour ce qui est du Chateau il s’agit de détruire la grande barre et de réaliser à sa place de petits immeubles s’insérant dans un espace très végétalisé à proximité du parc du Vallon, de réhabilite rl amaison de l’enfance et de réfléchir à la restrucration du groupe scolaire.

Nous nous réjouissons donc que vous repreniez un projet sur lequel nous avons longuement travaillé.

Aujourd’hui, la Duchère n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était avant que ne commence l’opération de rénovation urbaine que nous avons mené.

Le Plateau de la Duchère, là où sont construits les immeubles et les petites villas donnant sur le Vallon, il y avait une série de grandes barres dont les entrées tournaient le dos au boulevard qui traversait le quartier. Et lorsqu’on n’était pas habitant de la Duchère on traversait le quartier sans y pénétrer.

Tout le talent d’Alain Marguerit a été de dessiner une vraie ville en utilisant la topographie de ce qui constitue la troisième colline de Lyon.

L’axe principal est désormais situé au faite de la colline et non en contre bas comme auparavant, ce qui évite d’avoir des arrières d’immeubles totalement sinistres. Pour ce qui est du dessin d’ensemble, on a repris ce qui constitue encore le meilleur type de plan pour une ville, l’ordonnancement romain avec le cardo (orienté nord sud) et le décumanus ordonné est ouest avec au milieu le forum, ici la place Abbé Pierre autour de laquelle se trouve concentré commerces et services publics. Et je crois qu’aujourd’hui, cela a une certaine allure.

Les immeubles et les villas descendant vers le parc du vallon ont été eux aussi assez bien pensés.

On a donc dans ce quartier un urbanisme de qualité, les bâtiments sont eux aussi de bonne facture architecturale, le quartier est totalement immergé dans la nature, les équipements publics sont particulièrement nombreux : 2 centres sociaux, une maison des familles, une MJC, de nombreux espaces publics, un stade de football doublé d’une piste d’athlétisme, la halle Diagana, équipement destiné à permettre l’entraînement de tous les athlètes de l’agglomération.

Est-ce à dire que nous avons pleinement réussi ? Ayant été l’auteur de cette transformation, je pense qu’il n’en est rien. Les incidents qui marquent périodiquement le quartier, rodéo, voiture brûlée, sept encore la semaine dernière, la persistance des trafics de stupéfiant, malgré l’intervention permanente de la police prouvent hélas que ce n’est pas entièrement le cas.

Tout simplement parce que dans les politiques d’attribution de logements nous n’avons pas su trouver le bon équilibre et que nous avons perdu de vu ce qui doit être la base des opérations de rénovation urbaine, permettre une meilleure mixité de la population faire que l’apport de couches sociales nouvelles soit assez fort pour tirer tout un quartier vers le haut.

Faute de l’avoir fait (et sans doute à force de bon sentiment) on n’a pas su, dans l’ensemble des logements sociaux reconstruits, installer des populations suffisamment diversifiées.

Résultat, on peine à faire société et deux mondes se côtoient sans vraiment se rencontrer. On le voit d’un côté au travers des politiques d’évitement scolaire et de l’autre, et c’est là le grand échec, on voit des jeunes qui ont tendance à rejeter une société dans laquelle ils se sentent en marge. Ce phénomène n’est pas propre à la Duchère, il est présent dans bien des quartiers ayant mené des opérations de rénovations urbaines que ce soit dans notre agglomération ou dans d’autres et je pense à l’exemple de Toulouse où la semaine dernière le journal Le Monde rapportait que dans un quartier entièrement rénové des bandes s’affrontaient à la kalachnikov sous le regard terrorisé des habitants.

C’est que dans ces quartiers on a changé le cadre, il est devenu plus beau mais on n’a pas réussi à construire une culture des modes de vie commun, à faire partager les valeurs auxquelles nous nous référons.

Cette problématique-là doit nous interroger si nous ne voulons pas connaître de grandes difficultés à l’avenir.

Et on ne peut que se poser la question, si on n’a pas réussi à ce que se sentent faire totalement partie de notre société, des jeunes qui constituent la 3e ou 4e génération de personnes arrivées en France, peut-on penser qu’il sera facile d’intégrer ceux qu’on vient juste d’accueillir ?

Prenons garde donc aux politiques que nous menons, aux signaux que nous envoyons. S’il suffit d’occuper des immeubles pour être sûr d’être relogé, alors que penseront les 70 000 personnes inscrites au fichier de la demande sociale et qui attendent dans la légalité de pouvoir obtenir un logement.

Résoudre ce problème des fractures qui traversent notre société est sans doute aujourd’hui le problème le plus essentiel pour l’avenir de notre nation.

Gérard Collomb


Conseil municipale Ville de Lyon 19 novembre 2020

Rapport n° 2020/351 : Duchère – Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU)

Intervention de Gérard Collomb

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