Avec plus de 45 000 emplois tertiaires et l’incontournable pôle multimodal de la gare Part-Dieu comprenant, première gare de correspondance en Europe, le quartier Part-Dieu est un des centres principaux, le cœur battant, de notre Métropole. 

Un ambitieux projet de requalification urbaine mis en place par Gérard Collomb avec pour objectif de réinventer le modèle urbanistique en s’appuyant sur une vision équilibrée et respectueuse de l’existant, en créant un meilleur équilibre entre activités tertiaires, logements et espaces collectifs.

Intervention de Gérard Collomb

Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les élus, 

À l’occasion de ce rapport sur la SPL Part-Dieu, permettez-moi de dire quelques mots sur un projet qui est capital pour l’avenir de notre ville et de répondre à quelques critiques que j’ai pu entendre à son sujet et qui me semblent injustifiées.

Il y a cette critique d’ensemble qui tend à laisser penser que l’on concentrerait trop de fonctions tertiaires à la Part-Dieu et que cela se ferait au détriment du reste de l’agglomération. 

Notre action depuis 2001 prouve à l’évidence le contraire, car nous avons toujours souhaité, pour cette agglomération, un développement multipolaire. Et de fait dans nos deux premiers mandats, nous avons consacré l’essentiel de notre énergie à redynamiser des territoires qui étaient devenus des friches industrielles et à l’époque il y en a avait beaucoup. 

Cela a été le cas pour le quartier de l’industrie, mais plus largement à Lyon pour les 7e, 8e, et 9e arrondissements, pour la Confluence donc je parlerai dans un instant. 

À l’extérieur de Lyon nous avons travaillé pour créer le Carré de Soie, le Grand Montout, parce que nous avons toujours pensé le stade comme un des éléments de redynamisation plus large du secteur, mais nous avons aussi œuvré pour faire venir de belles entreprises à Vénissieux, à Saint-Priest ou à Rilleux. Nous avons souhaité conforter Techlid, préparer pour demain le développement de zones qui occuperont une place stratégique : le site des hôpitaux à Saint-Genis-Laval ou bien encore la Saulaie.

On ne peut donc pas dire que nous ayons négligé les différents territoires. 

Alors pourquoi le quartier de la Part-Dieu revêt-il cependant un rôle majeur ? 

D’abord parce que nous héritons d’une histoire et que dans les années 70, au niveau national et au niveau local, on avait décidé de constituer sur les vastes terrains qui étaient alors disponibles, un quartier d’affaires d’envergure nationale en regroupant administrations, banques, assurances, services, grands équipements culturels.

Ensuite parce qu’on y a implanté la gare qui est devenue au cours des années la première gare de correspondance de France, mais aussi le cœur névralgique des mobilités dans notre agglomération avec ses lignes de métro, tramway, bus, avec Rhône express qui dessert notre aéroport. 

La Part-Dieu est donc devenue ainsi un élément essentiel pour l’avenir de Lyon, mais aussi de l’agglomération et je dirais même de notre région. 

On ne pouvait donc pas ne pas s’interroger sur son avenir.

Deux éléments plus particuliers nous obligeaient à intervenir.

D’abord la gare n’était plus assez dimensionnée pour le trafic qui s’était développé, ensuite le quartier Part-Dieu avait vieilli. Construit sur un ancien modèle d’urbanisme de dalle, il ne correspondait plus aux tendances d’aujourd’hui, il était donc à repenser. C’est cela que nous avions à l’esprit lorsque nous avons lancé la mission Part-Dieu, fait appel à l’agence d’architecture et d’urbanisme et à François Decoster crée en 2014 la SPL.

Pour restructurer le quartier, quelles étaient les idées qui nous guidaient ?

Il ne s’agissait pas de construire une nouvelle ville, mais de créer une nouvelle manière de vivre. Nous souhaitions d’abord pour les piétons, pour les vélos, plus de plaisir et de confort à se déplacer (ce que l’on a appelé dans le projet, le sol facile), ce qui passait par une transformation de l’environnement. À la Part-Dieu, quand on se déplaçait à pied, au niveau du sol, on passait souvent devant des murs. Pour permettre une vie urbaine plus riche et l’animation du quartier, nous avons donc imposé pour toute construction des socles actifs de 7 mètres de haut et 10 m de profondeur afin d’avoir en rez-de-chaussée des façades commerciales où s’installeraient restaurants, bars, commerces…

Notre deuxième intention était de faire la place belle aux espaces publics et à la végétalisation : extension de la place Béraudier et de la place de Francfort à l’ouest et à l’est de la gare, toutes les deux plantées, création de l’espace Mandela dont la superficie va doubler, suppression de l’autoroute rue Garibaldi et création à sa place du beau boulevard planté que nous connaissons aujourd’hui, développement d’une nouvelle trame paysagère  : rue Desaix aujourd’hui, mais demain agrandissement de la place du Lac pour aller  jusqu’à la Tour Crayon (et si voulez une forêt urbaine c’est là qu’il faut la planter.). Dans le projet depuis l’origine est également prévu d’aménager et de végétaliser toutes les rues : boulevard Vivier Merle, prolongement de la rue Garibaldi, rue Servient, rue Bonnel, rue des Cuirassiers, boulevard Deruelle. Les espaces de dalle devaient faire aussi l’objet d’implantations de végétation en fonction des conditions techniques bien sûr. 

Pour ce qui est du vélo, là aussi nos ambitions étaient fortes puisque dans le plan d’aménagement de la Part-Dieu alors même que les déplacements sont prévus en forte augmentation, l’intention était de quadrupler sa part modale pour atteindre 10 %. Avec des itinéraires aménagés déjà étudiés ou mis en œuvre (Mouton Duvernet, Flandin/Francfort Flandin/Orange, rue Desaix, etc.).

Concernant le nombre de places de stationnement pour vélo, entre places en arceaux et places sécurisées dans les parkings nous serons passés de 2000 à 4600 places entre 2016 et 2023 avec 1500 à 2000 places supplémentaires prévues sur la future place de Milan. 

J’en arrive à la restructuration en cours du centre d’affaires, du centre commercial et de la gare de la Part-Dieu. 

Mais je n’ai pas commencé par-là, parce qu’on dirait que je n’ai qu’une obsession : couler du béton.

Pour ce qui est du centre d’affaires, nous avons voulu lui donner un nouvel élan, en construisant de nouvelles tours, mais aussi en en réhabilitant d’autres. 

Alors, on peut être contre les tours, mais permettez-moi de vous dire qu’aujourd’hui la tour in City est devenue aux côtés du Crayon, première tour construite à Lyon, un des symboles de notre ville qui illustre tous les documents touristiques sur notre agglomération avec en général des prises de vues réalisées depuis Fourvière. 

Pour ce qui me concerne, le contraste entre cette tour et le boulevard Garibaldi me semble d’une grande beauté. De même la tour Silex II qui est en train de se construire, ne manquera pas d’originalité. Et si on veut parler empreinte carbone, elle est assez exemplaire puisqu’on transforme une ancienne tour pour restructurer un ensemble qui était en déshérence en évitant ainsi de démolir et de reconstruire.

Pour ce qui est de la gare, pourquoi le To Lyon ? L’équation était simple. Il fallait agrandir une gare qui, conçue pour 35 000 voyageurs en reçoit aujourd’hui 120 000 et devrait en accueillir 220 000 en 2030. Il fallait donc doubler la superficie pour passer de 18 600 m² à 33 000 environ. Pour cela il fallait racheter les bâtiments enserrant la gare : immeubles de bureaux, deux hôtels dont un Novotel, construire un nouveau Hall ce qui avait un certain goût.

Pour pouvoir en assurer la réalisation, il fallait donc dégager une valeur supplémentaire et c’est ce que nous avons fait en réalisant le To Lyon. Vous verrez quand il sera réalisé que, conçu par Dominique Perrault, l’architecte de la Bibliothèque nationale de France, il ne manquera pas d’allure. 

Et pour ceux qui s’inquiètent de la consommation énergétique, je veux préciser que depuis la construction d’Oxygène, nous avons beaucoup progressé puisque Incity consomme 40% d’énergie en moins qu’Oxygène et que le To Lyon consommera 40% d’énergie de moins qu’Incity. 

Si je peux donner un conseil, bien qu’étant minoritaire c’est que pour ne pas déséquilibrer la gare vous devriez donner son double au To Lyon du côté de la place de Milan qui doit être complètement repensée. 

Alors, on peut aimer ou ne pas aimer les tours, mais on est bien obligé d’admettre qu’elles apportent une certaine force architecturale à une ville. Regardons près de nous Villeurbanne, l’élément remarquable de cette ville, ce sont les gratte-ciels que beaucoup critiquaient à l’époque de leur construction comme affichant une ambition démesurée. Et pourtant s’ils n’existaient pas aujourd’hui que retiendrait-on de l’architecture villeurbannaise ? 

Dernier point enfin : pour moi, il ne s’agissait pas de faire surgir une forêt de tours, car lorsque les tours se pressent les unes contre les autres pour former un ensemble compact, comme cela peut être le cas à la Défense, on perd ce qui en fait le charme, leur silhouette, il faut qu’elles puissent se détacher l’une de l’autre et j’ai toujours insisté sur notre volonté de dessiner une belle skyline. 

Parce que nous avons lancé l’ensemble de ces projets, 300 000 m2 de bureaux depuis 2010, 10 000 nouveaux emplois ont été créés avec un quartier qui regroupe désormais 2500 établissements pour 60 000 salariés. Et c’est le type même d’activité implantée qui est en train de changer avec l’accueil d’entreprises innovantes, connectées à l’économie de la métropole, à l’évolution de notre tissu industriel. Ce quartier offre désormais toutes les gammes d’immobilières :

  • Parc modulable dans des immeubles arrivés offrant une grande flexibilité et où s’installent start up, TPE, et PME avec des loyers entre 150 et 200 euros du m2
  • Parc de seconde main plus récent avec des espaces disponibles de plus grande taille 200 à 250 euros m2
  • Enfin parc tertiaire neuf avec les immeubles IGH ou non IGH de dernière génération avec des loyers de 230 à 320 euros le m2 contre 700 euros HT en Île-de-France

Et du coup devant l’ampleur des projets en cours, les propriétaires du centre commercial ont décidé de le rénover. Il était lui aussi très marqué année 70, nous avons voulu l’ouvrir sur le quartier. Cela avait déjà été le cas avec le Cours Oxygène. C’est le but poursuivi avec l’actuelle réhabilitation dont on peut voir les premiers résultats : ouverture sur la ville grâce à ses « lanternes » transparentes pour reprendre l’appellation de l’architecte Winy Maas, avec ses immenses escaliers, avec un passage Servient qui va permettre aux piétons de passer d’est en ouest du centre commercial et surtout avec l’immense toit-terrasse végétalisé qui permettra des vues exceptionnelles sur la ville. En superficie, ce sera l’équivalent de la place des Terreaux. 

Pour ce qui est de l’équilibre de fonction, on laisse souvent entendre que dans le projet Part-Dieu, il n’y aurait pas de logement et que ce serait donc un quartier sans animation le soir. 

En fait l’objectif fixé était de 1600 logements dans le périmètre proche de la gare et de 2000 dans le périmètre élargi. Aujourd’hui déjà près de 500 sont construits et dans les années qui viennent nous avions prévu 35 logements dans la programmation du site, en plus elles sont sur le site de l’ex-caisse d’épargne 400 à la place de la cité administrative d’État sont sur le site de l’ex-immeuble RT trois cents 50 sur la place de Milan et 400 sur l’îlot France Télévisions. Avec la volonté d’avoir 20 % de logement social et 15 % de logements intermédiaires les autres étant en accession ou en location libre.

Gérard Collomb


Conseil de la Ville de Lyon du 17 décembre 2020

Rapport n° 2020/386 : Rapport des mandataires — Société Publique Locale (SPL) Lyon Part Dieu – Exercice 2019

Intervention de Gérard Collomb

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