« Nous savons pouvoir compter sur nos partenaires associatifs, sociaux et économiques sur toutes les forces vives de notre territoire, pour faire de ce contrat de ville une véritable réussite et non pas une occasion manquée, avec au cœur de la réflexion et de l’action le « mieux vivre » pour les habitants« .

Monsieur le Maire,

Mesdames, Messieurs les élus,

Le renouvellement d’un contrat de ville n’a rien d’anodin, à Lyon comme ailleurs et celui-ci était particulièrement attendu. Face au risque d’archipélisation de notre société, les enjeux sont majeurs. 

Il s’agit ici de restaurer l’égalité républicaine et d’améliorer les conditions de vie des habitants des quartiers populaires et prioritaires.

Les contrats de ville constituent l’une des grandes politiques de la République, une politique de cohésion urbaine et de solidarité. Notamment depuis la promulgation de la loi Lamy du 21 février 2014, qui vise à lutter contre les inégalités territoriales et à empêcher que des cloisonnements ne s’installent entre nos quartiers. 

En clair, ces contrats cherchent à traduire en actes, dans la vie de la cité et la gestion urbaine, l’ambition d’égalité républicaine déjà citée plus haut. Celle-là même qui est inscrite sur le fronton de nos mairies. 

Je tiens à saluer le travail qui a été réalisé pour élaborer ce plan, mais aussi les orientations 2024-2030, qui nous sont proposées aujourd’hui sous l’appellation « engagements quartiers 2030 » : la transition écologique, l’accès aux droits et à la culture, la sécurité, le bien être, l’éducation, le logement, ou encore l’emploi et l’entrepreunariat…

Ces deux derniers thèmes nous tiennent particulièrement à cœur et il nous paraît indispensable que vous vous en empariez, Monsieur le Maire, avec votre exécutif et celui de la Métropole, de la manière la plus large possible. 

Nous savons le travail accompli par les structures et les associations dans les QPV auprès des habitants. Mais je rappelle ici que le taux de chômage dans ces quartiers demeure bien supérieur en comparaison du reste du territoire. Je rappelle aussi que nous trouvons une surreprésentation des familles monoparentales qui, pour 81 %, ont une femme en tant que seul chef de famille. 

Le taux de chômage de ces mères célibataires est supérieur à celui des femmes en couple. Un tiers des mères seules vivent sous le seuil de pauvreté. 

De manière générale, le taux de chômage y est plus de deux fois supérieur à celui des quartiers environnants, même si l’écart connait une très légère réduction ces dernières années. 

On compte moins de personnes diplômées dans ces quartiers. C’est une des explications, mais cela concerne aussi les détenteurs d’un diplôme. Pour un même diplôme, les écarts de chômage peuvent s’expliquer par plus de discriminations à l’embauche ou l’impossibilité d’exercer des emplois dans la fonction publique pour les étrangers hors union européenne, ou encore un réseau social moins étendu, ou des problèmes de mobilité. On trouve notamment chez les femmes moins de détentrices du permis de conduire. 

C’est un peu différent en ce qui concerne la dynamique entrepreunariale dans ces quartiers car elle est en progression. Entre 2018 et 2021, 1 jeune sur 5 participe à la chaîne entrepreunariale. Pourtant, la situation reste paradoxale car le tropisme entrepreunarial est plus fort dans les QPV que sur l’ensemble du territoire, mais le passage à l’acte de création y est moins fréquent. 

Nous trouvons 12 % de porteurs de projet  ou « intentionnistes » dans les QPV contre 9 % dans l’ensemble du pays. Cela confirme bien l’existence d’un vivier important d’entrepreneurs potentiels. 

Vous serez d’accord, un nouveau souffle et une véritable dynamique de ces quartiers ne sera possible qu’avec une ambition forte d’accompagnement des populations vers l’insertion professionnelle et l’emploi et plus particulièrement la jeunesse. Vers une incitation à donner envie aux entreprises de s’installer dans ces quartiers. 

Avec la Banque pour l’investissement et la Banques des territoires l’Etat a fléché 456 millions d’euros vers le plein emploi et 300 millions pour les associations aidant les publics les plus éloignés. 

Des ressources sont disponibles alors utilisez les !! 

Dans ce plan également, nous saluons le fait que la Ville de Lyon ait obtenu l’inscription du quartier Laënnec dans le 8ème arrondissement tout comme la conservation voire l’extension de plusieurs quartiers prioritaires : les sœurs Janin dans le 5ème, les Cités Sociales de Gerland, Etats-Unis/Langlet-Santy dans le 8ème et Gorge de Loup/Vallonière/La Duchère dans le 9ème. Même si nous préférerions qu’il n’y ait plus de QPV du tout.

L’introduction des Quartiers populaires Métropolitains (QPM) permet, dans le même temps, de ne pas abandonner certains secteurs demeurant fragiles en prenant le relai des anciens Quartier de Veille Active. 

C’est avec impatience que nous attendons la finalisation des conventions d’application de ce nouveau contrat. Et nous serons particulièrement vigilants à ce que les grandes orientations se retrouvent dans les faits. Que, par exemple, le quartier des Etats Unis, qui est l’un des plus délaissé de Lyon et qui attend une réhabilitation urbaine d’ampleur, bénéficie à son tour de ce qu’ont connu la Duchère et Mermoz en leur temps. 

Pour cela, Monsieur le Maire, nous comptons sur vous et vos adjoints mais aussi sur le maire du 8ème arrondissement pour militer auprès du Vice-Président Renaud PAYRE. Il évoquait récemment le fait d’intégrer les Etats-Unis dans un programme de l’Agence Nationale du Renouvellement Urbain. Cette proposition doit être suivie d’effet et vous avez ici l’occasion de concrétiser cette annonce ! 

Vous l’avez noté, nous avons une légère inquiétude relative à la transposition au réel des ambitions contenues dans les documents cadres. 

De plus, les financements sont essentiels en la matière et nous n’avons trouvé aucune estimation dans la délibération ou dans le contrat de ville. On ne peut pas se permettre, vous ne pouvez vous permettre, de passer à côté de l’occasion offerte par les « Engagements Quartiers 2030 » : celle de « faire société ». 

Nous soutenons la majeure partie des initiatives de ce contrat car elles s’inscrivent dans un contexte social de plus en plus complexe. Avec des populations dans certains quartiers de plus en plus à l’écart de la société, de plus en plus éloignées des institutions. Les inégalités se creusent, la pauvreté est en hausse, notre modèle social est malmené. 

Face à ces réalités, les politiques sociales de nos territoires sont un premier levier. Et nous devons nous appuyer sur un diagnostic précis et efficace, aussi difficile soit-il, pour concrétiser les ambitions de ce contrat. Il nous faut aussi tirer des leçons du passé, objectivement.  

(Les évènements de l’été 2023 illustrent d’ailleurs de profondes fractures sociales. Ces évènements doivent permettre d’approfondir les réflexions. Ils ont souvent été l’occasion de dégradations à l’encontre de ce qui permet de faire société, de vivre ensemble. Or le contrat ne laisse pas apparaître une volonté de renouveler le diagnostic, de tirer les leçons et de rouvrir les débats lorsque cela pourrait être nécessaire. 

Pourtant, les contrats de ville sont les héritiers des Contrat Urbain de Cohésion Sociale qui ont vu le jour après les émeutes de 2005 et qui cherchaient à répondre aux tensions sociales et économiques touchant certains de nos quartiers. Il serait intéressant de davantage retrouver cette vocation ici.

Faire de ces quartiers des lieux où la cohésion sociale reprend toute sa place. Ce qui d’ailleurs devrait être le cas partout. 

Des quartiers repensés avec cohérence, en évitant de tomber par exemple dans des répartitions inégales de logements sociaux. 

Les QPV doivent devenir des exemples de politique environnementale,  sociale, d’insertion, de logement, d’inclusion…

Nous restons confiants. Nous savons pouvoir compter sur nos partenaires associatifs, sociaux et économiques, sur toutes les forces vives de notre territoire, pour faire de ce contrat de ville une véritable réussite et non pas une occasion manquée, avec, au cœur de la réflexion et de l’action, le « mieux vivre » pour les habitants. 

Nous voterons pour cette délibération.

Je vous remercie. 

Intervention de Delphine BORBON au conseil municipal de la Ville de Lyon au conseil municipal du 21.

Rapport n°D_24_0259 

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