« Notre groupe soutient les ambitions portées par le dispositif dit « PEPS ». Cependant, l’exercice pratique semble moins réussi que l’exercice théorique. » 

Monsieur le Maire,

Mesdames, Messieurs les élus,

Avant toute chose, je tiens à remercier Mme l’Adjointe à l’éducation, Stéphanie LEGER, pour avoir organisé un échange en amont de la présentation de ce rapport en commission et en conseil. Le dialogue fut aussi instructif, équilibré et  constructif et cela contribue à la qualité du débat démocratique. Je ne peux qu’inviter vos collègues de la majorité et maires d’arrondissements à s’inspirer de cette initiative. 

Pour en revenir à l’objet du rapport, il en demeure pas moins que ce changement n’est pas forcement perçu comme utile ou indispensable pour les familles. Maintenant que la semaine de 4 jours s’installe partout en France, la priorité n’était-elle pas de travailler à un autre modèle de centre de loisir plutôt sur le mercredi ?

Notre groupe soutient les ambitions portées par le dispositif dit « PEPS », à savoir :

  • Accorder au temps périscolaire avec une valeur éducative et qualitative  pleine et entière ;
  • placer le bien-être de l’enfant au centre du dispositif ;
  • simplifier l’organisation du périscolaire du soir et sa facturation.

Cependant, devant la différence entre les objectifs initiaux et la délibération présentée aujourd’hui, l’exercice pratique semble moins réussi que l’exercice théorique. 

En effet, il est impossible de ne pas voir que la facturation, bien que plus simple dans ses modalités, explose en comparaison de ce qui est pratiqué jusqu’ici : en moyenne par an, entre + 57 et + 215%, selon les forfaits comparés.

La facturation augmente donc. Nous avons entièrement confiance en nos animateurs et nos associations. Mais pour le reste, il n’existe que trop peu de garanties quant à un saut qualitatif du périscolaire du soir pouvant justifier une telle hausse des prix. Concrètement on paye mais que vont faire les enfants ? Quel programme d’activités ? Pourquoi faire ? Et puis faut-il forcément faire quelque chose ? Il s’agit d’une autre question de fond. 

Mme l’Adjointe, nous avons eu cette discussion lors de notre échange : nous approuvons sans réserve le fait de profiter de cette réorganisation pour introduire des temps d’animation plus  ambitieux à destination des enfants, dans les domaines sportifs, culturels, artistiques ou citoyens. Mais vous nous avez confié que les partenariats avec d’éventuels intervenants restent pour l’instant au stade de projet.  Nous le savons, les inégalités sociales se creusent aussi avec le périscolaire. 

Cette absence de réponse sur les contenus, de partenariats avec le tissu associatif local déjà présent dans les écoles, de liens écoles-famille-quartiers, nous amènent à nous interroger sur les moyens qui sont mis à votre disposition pour aller au bout de la logique. Moyens qui ne vous sont apparemment pas attribués à ce jour. 

L’apprentissage d’une activité spécifique dans un club ou une association est socialement assez inégalitaire, car plutôt lié à des attentes éducatives propres aux parents diplômés. La fréquentation du centre de loisirs ou d’activités découle plutôt des conditions de vie matérielles liées au statut familial et professionnel. D’où la nécessité de proposer une offre qualitative sur toute la ville, au risque de voir des inégalités territoriales se renforcer. 

Par ailleurs, il est question de rendre facultatif ce que beaucoup de parents pourraient considérer comme un indispensable dans un accueil périscolaire du soir : l’aide aux devoirs. 

Elle serait désormais laissée au libre-choix des enfants. Il s’agit d’un choix surprenant. Nous réaffirmons notre souhait de laisser cette compétence aux des enseignants, quelque soit l’hypothèse retenue. 

Nous comprenons la difficulté de mise en œuvre mais il ne faut pas la rendre facultative, voire la supprimer, sur des critères autres que pédagogiques. Nous ne sommes pas certains de partager cette logique, d’autant que le périscolaire est une continuité logique du temps scolaire. 

Près de 700 personnes auraient signé une pétition demandant révision de la nouvelle formule d’accueil. La superposition des dispositifs, peu lisible pour les familles, des hausses importantes de tarifs, des horaires différents entre maternelle et élémentaire, et finalement un changement qui n’était pas si indispensable que cela nous amènent à penser que la priorité éducative de la ville de Lyon n’était peut-être pas là. 

Pour conclure, Monsieur le Maire, j’indiquerai que nous serons vigilants à la qualité de l’information reçue par les parents et par les écoles par le biais d’un véritable comité de suivi. Vous avez déjà fait le choix de reconduire les temps scolaires sans concerter les familles, aujourd’hui c’est au périscolaire d’être voté sans l’approbation des conseils d’écoles, ceci à l’exception de quelques réunions. 

Nous nous abstiendrons donc sur cette délibération. 

Je vous remercie. 

Intervention de Charles-Franck LEVY au conseil municipal de la Ville de Lyon du 21 mars 2024.

Rapport n°D_24_0258 

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