Monsieur le Maire,
Chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
Adapter le cœur de Lyon au réchauffement climatique, en écarter le trafic automobile, y favoriser la marche et le vélo, densifier sa couverture végétale, améliorer son cadre de vie : nous partageons tous ces objectifs et c’est pourquoi nous n’étions pas opposés aux ambitions initiales du projet « Presqu’Île à vivre ». En effet, elles inspirent les politiques publiques menées à Lyon depuis vingt ans.
Le problème de ce projet, à l’instar de tous les autres, réside dans votre méthode. Une méthode systématiquement dominée par le conflit et l’impréparation des aspects techniques de vos opérations.
Pour le projet « Presqu’Île à Vivre », je rappelle qu’en favorisant une communication dans la presse sur le scénario retenu avant même la fin de la concertation, vous aviez dégradé d’emblée, Monsieur Le Maire, la qualité du débat avec les riverains, les commerçants et les représentants d’intérêt local. Vous aviez, en effet, acté la décision lors d’un déjeuner avec des journalistes le 4 janvier 2023.
Les études d’impact, elles-aussi absolument essentielles à un dialogue sain, sont toujours indisponibles à ce jour, ce qui vous vaut d’ailleurs d’être pris dans un contentieux judiciaire avec plusieurs associations locales. Nous ne pouvons qu’approuver leur désarroi : le projet Presqu’Île à Vivre, associé à celui de la requalification de la Rive droite du Rhône, affiche un coût estimé à plus de 100 millions d’euros. Il est incompréhensible d’engager de telles sommes d’argent public sans analyser finement les conséquences des opérations programmées.
Que ce soit pour la Presqu’Île, comme pour l’Avenue des Frères Lumière, la Croix-Rousse ou les Voies lyonnaises, trois grands absents pénalisent à chaque fois votre approche :
- absence de réflexion sur le détournement des flux automobiles engendré par la piétonnisation ou le passage des voies cyclables, dans des rues qui ne sont pas calibrées pour ;
- absence de prise en compte du fait que vous n’avez toujours pas, après quatre année de mandat, travaillé sur une montée en puissance des alternatives sérieuse à la voiture. En l’espèce, ni TEOL, qui finalement n’allègera pas le trafic automobile, ni les Voies lyonnaises, avec 15 km achevés sur les 450 promis, ne peuvent en l’état constituer ces alternatives.
- enfin, absence de considération du risque pris d’enclaver nos quartiers, de les replier sur eux-mêmes et de dégrader leur dynamisme. Sur ce point, le cas du quartier de Monplaisir est révélateur et les témoignages d’habitants, de commerçants et de collectifs locaux sont très nombreux.
Nous ne le répèterons jamais assez : menez les études nécessaires, écoutez ceux qui vivent dans nos quartiers, injectez du compromis dans votre politique. Faites respirer notre vie municipale, débarrassez-là du conflit, de la mise devant le fait accompli et de la surdité.
Je conclurai, Monsieur le Maire, par une remarque : les projets concernant la Presqu’Île se chiffrent désormais à près de 130 millions d’euros, si on prend en compte les augmentations décidées en début de semaine par le Conseil de la Métropole. 130 millions d’euros pour des investissements contestés, au moment où d’autres quartiers attendent des aides de votre part. Nous vous invitons à méditer sur vos priorités et/ou à compléter vos informations.
Je vous remercie.
Intervention de Samira BACHA-HIMEUR au conseil municipal de Lyon du 27 juin 2024
Rapport n°D_24_0468