En septembre 2019, la Commission particulière du débat public a souligné l’opportunité avérée du développement de la capacité ferroviaire pour accueillir 2 fois plus de TER, un RER métropolitain au quart d’heure, 2 fois plus de TGV et 2 fois plus de fret. L’urgence d’un RER métropolitain a été mise en exergue. Les décisions prises par le maître d’ouvrage du projet de développement de l’EFL, SNCF Réseau, à la suite du débat public d’opportunité, ont été ensuite publiées au Journal officiel du 11 décembre 2019.

Il s’agit de :

  • Poursuivre le projet de développement de la capacité ferroviaire, permettant l’accueil de 2 fois plus de TER, de TGV et de fret, porté en 2019 au débat public,
  • Construire une démarche de « services express métropolitains » prenant en compte les besoins divers (fret, voyageurs longue distance, régionaux et périurbains),
  • Construire une trajectoire d’évolution des services et de l’infrastructure depuis aujourd’hui jusqu’au long terme (2040), économiquement soutenable, et répondant aux enjeux environnementaux et de transition écologique,
  • Accompagner une croissance attendue des différents trafics frets et voyageurs

La Métropole a subventionné les études en lien avec le débat public pour un montant de 334 000 €.

Pour répondre à ces objectifs, de janvier à juin 2020, SNCF Réseau, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, l’État et la Métropole ont travaillé aux cahiers des charges des études et leur estimation financière.

Les études envisagées pour répondre aux objectifs énoncés plus haut sont les suivantes :

  • Études 1 : il s’agit de définir la trajectoire d’évolution des services et des aménagements induits à partir d’une expression des besoins frets et voyageurs. Ces études ont pour objectif de déployer un service express métropolitain et d’aboutir à un plan d’investissement économiquement à inscrire au prochain CPER 2022-2027,
  • Études 2 : études de conception d’aménagements de capacité repérés pour servir la trajectoire services de train — infrastructures ferroviaires à réaliser. Il s’agit d’études préliminaires et de robustesse permettant de préciser le coût des aménagements à réaliser pour compléter le plan d’investissement à contractualiser en 2022. Si les études sont engagées dès maintenant, les premiers aménagements de capacité interviendront à l’horizon 2030,
  • Études 3 : approfondir la comparaison des scénarios surface/souterrain pour l’insertion de 2 voies ferroviaires entre Saint Clair et Guillotière et réaliser les études préalables à l’enquête publique des 2 voies d’insertion entre Saint-Fons et Grenay. Les études pilotées par la Métropole feront l’objet d’une demande d’autorisation de programme de 300 000 € début 2021.

Le montant estimé par SNCF Réseau pour les études est de 5 400 000 € hors taxe. Les études bénéficient d’une subvention européenne accordée en fin de réalisation pour un montant potentiellement de 2 100 000 €.

REM, le RER à la Lyonnaise

Pour mémoire, nous proposons depuis 2018 un Réseau Express Métropolitain (REM) — le RER à la Lyonnaise.

À ce jour, malgré les belles déclarations de la Métropole et de la Région aucune avancée concrète, aucune ambition affichée et aucune vision partagée. Nous continuerons à nous battre pour le projet REM, seule solution pour concilier la préservation de notre environnement et le développent de notre territoire.

Intervention de Christophe Geourjon

Monsieur le Président,

Quand nous avons reçu l’ordre du jour de ce conseil, j’ai fait le rêve d’enfin voir le dossier de désaturation du Nœud Ferroviaire Lyonnais avancer. Mais à la lecture de ce rapport, j’ai d’abord ressenti de la déception, puis le sentiment d’être berné ! 

Mais je vous rassure, depuis j’ai retrouvé ma combativité pour que la Métropole de Lyon et plus largement l’aire métropolitaine lyonnaise soient irriguées par un RER à la Lyonnaise ! Un dossier initié il y a une douzaine d’années avec le projet REAL porté par le Grand Lyon alors présidé par Gérard Collomb et la région Rhône-Alpes. Projet REAL qui a notamment permis de renforcer le cadencement, l’ouverture de la gare Jean Macé et une 1re diamétralisation Mâcon/Vienne.  

J’avais pourtant des raisons d’être optimiste :

  1. En 2019, le débat public organisé dans le cadre du projet de désaturation du NFL avait conclu qu’au-delà des enjeux nationaux et européens, les investissements ferroviaires devaient permettre d’améliorer à court et moyen terme les transports du quotidien. J’avais, au nom de mon groupe, synthétisé nos positions dans un cahier d’acteur qui a été inclus dans la synthèse du débat public, 
  2. Fin 2019, la LOM avait consacré la possibilité pour les métropoles de jouer un rôle fort dans les transports ferrés, 
  3. Au printemps 2020, j’ai constaté avec satisfaction que l’ensemble des candidats aux élections métropolitaines et municipales défendait l’idée d’un RER à la Lyonnaise. Vous avez d’ailleurs intégré ce projet, que je porte depuis 3 ans, au centre de votre programme !  

Tout cela pouvait laisser penser que nous allions avancer vite et fort sur ce dossier stratégique pour la vie quotidienne des Grand Lyonnais, et plus largement tous les habitants et salariés de l’aire métropolitaine lyonnaise.

Vous comprendrez donc ma déception à la lecture du rapport que vous présentez. En effet on ne voit aucune traduction de vos promesses de campagne en plan d’action. Certes on nous parle de RER à chaque paragraphe, mais sans aucune information précise, sans aucun chiffrage. À aucun moment vous n’indiquez votre ambition politique pour le RER ! 

Monsieur le Président, j’espère que ce rapport est le résultat de plusieurs réunions de travail avec SNCF Réseau et avec la région Auvergne Rhône Alpes pour définir une stratégie commune. J’imagine que si vous avez inscrit ce rapport à l’ordre du jour c’est que vous partagez pleinement son contenu, sa rédaction et ses objectifs. 

Mais alors pourquoi n’indiquez-vous pas en introduction que l’ambition de la Métropole est de bâtir en partenariat avec la Région un RER à la Lyonnaise ? Un RER avec des lignes diamétralisée ouest-est et nord-sud comme vous l’indiquiez lors de votre campagne ou dans la carte du projet REM que j’avais présentée début 2019 ? 

Une diamétralisation qui permettrait par exemple de connecter Charbonnière à Saint-Priest, ou Neuville à Irigny en 35 min et sans correspondances (à comparer aux 1h38 nécessaires aujourd’hui en TCL). Un RER avec des fréquences et des amplitudes plus élevées que les TER actuels.

Cette déception est doublée du sentiment que l’on nous mène en bateau ! En effet en octobre 2011, Madame Marie-Line Meaux dans son rapport sur la désaturation du Nœud ferroviaire Lyonnais indiquait déjà que le choix devait se porter entre une solution sous-terrain ou aérienne, mais que dans tous les cas il était nécessaire de passer la portion Saint Fons-Grenay à 3 ou 4 voies.

Lors du débat public, 9 ans plus tard, le projet ne sera pas plus détaillé. Lors de ce débat en 2019, il était indiqué que 4 années de travaux étaient nécessaires pour passer de 2 à 4 voies le tronçon Saint-Fons/Grenay et que l’horizon pour la désaturation du NFL était 2035. 

Aujourd’hui, seulement 1 an plus tard, on nous annonce que les travaux portant sur 19kms du tronçon Saint-Fons/Grenay s’achèveraient un peu après 2035 ! On se moque de nous !

Monsieur le Président, je vous propose une suspension de séance pour que vous puissiez prévenir dès maintenant les élus de Vénissieux, Saint-Priest, L’Isle-d’Abeau, Bourgoin, Chambéry et votre ami de Grenoble que l’amélioration des dessertes avec Lyon sera pour la Saint Glinglin. 

Pour la partie plus délicate de la désaturation du NFL au niveau de Part Dieu la DUP n’est même pas projetée et les travaux envisagés un jour peut-être ! Monsieur le Président, j’ai le sentiment que vous avez décidé d’enterrer la désaturation du Nœud Ferroviaire Lyonnais mais que vous ne voulez pas l’assumer. Alors on fait des études qui suivent des études, ça sollicite inutilement les services, ça occupe les élus. Cela permet de communiquer tout en évitant de décider !

Pourtant, mettre en œuvre un RER c’est possible. Les habitants de la Métropole de Bordeaux bénéficieront dès 2022 d’une 1re ligne diamétralisée de RER. Puis d’ici 2024, ce seront 2 nouvelles gares. Le projet devrait être achevé en 2028. En 8/9 ans, ils vont y arriver, le budget estimé est de 1,8 Md€ avec des financements Région, Métropole, État… Il est vrai que dans le cas de Bordeaux, la commande politique portée collectivement par la Région et la Métropole était claire. Dans ces conditions SNCF Réseau est en mesure d’avancer et même d’avancer vite !

Monsieur le Président la question est simple, la réponse devrait l’être aussi : Souhaitez-vous toujours un Réseau Express Métropolitain à Lyon ? Si oui que faites-vous pour ? Êtes-vous prêt à inscrire plusieurs centaines de millions d’euros dans les PPI à venir au niveau de la Métropole et du SYTRAL ? Quel est votre calendrier ?

En commission voirie, le vice-président Jean-Charles Kohlhaas a indiqué qu’il était prêt à mettre plusieurs dizaines, voire centaines de millions d’euros pour électrifier le tram-train de l’Ouest lyonnais, pour doubler le tunnel des 2 amants, pour prolonger le train de Brignais à Givors. C’est une très bonne nouvelle ! 

Pouvez-vous nous indiquer où en sont les discussions avec la Région à ce sujet ? Ce projet est nécessairement partenarial. Sinon pas de prolongation jusqu’à Givors et donc jusqu’à St Etienne. Sinon pas de liaisons est-ouest permettant, par exemple de connecter Dardilly à Saint-Priest. Ors de telles liaisons traversantes la ville centre sont la force du RER par rapport au TER dont le terminus est Lyon.

Au-delà de la question des infrastructures, il y a aussi la question de la tarification. Dans le précédent mandat je défendais l’idée d’une intégration tarifaire TER/TCL. L’idée est simple : permettre à un usager des TCL d’emprunter un TER entre 2 gares du territoire métropolitain sans surcout. 

Cela existe à Grenoble, à Strasbourg ou à Lille. Fin 2019 le SYTRAL a étudié cette intégration tarifaire. Aujourd’hui il ne manque que votre accord pour que cette intégration puisse être effective très rapidement, d’ici le début de l’année 2021. En effet, pas besoin de nouvelles infrastructures, même la billettique est déjà fonctionnelle ! La carte Oùra est déjà compatible avec les valideurs TCL. Il faut juste que vous signiez une convention avec la Région pour formaliser cet accord. 

Pour vous aider, si cela peut permettre de gagner du temps, je tiens à votre disposition les conventions signées entre la Métropole de Lille et la Région Haut de France. En pratique, cela représente un coût annuel pour la Métropole de Lille d’environ 3 M€. 

Là aussi, Monsieur le Président la question est simple : voulez-vous mettre en place à court terme cette intégration tarifaire ? À Lille l’intégration tarifaire a eu un effet important : en 2018 10 % de passagers en moins dans les bus, et 21,7 % des passagers TER utilisent leur titre urbain pour voyager en train. 

Il est donc important d’avoir votre réponse dès maintenant. Car cela changera la nature des investissements du SYTRAL, le plan de mandat, il faudra retravailler sur un nouveau maillage du réseau de surface pour qu’il ne soit plus en étoile sur Lyon, mais pour partie en étoile sur chacune des 35 gares SNCF de la métropole. Cela permettra enfin de construire un réseau intégré TER/TCL.

Je ne vous donnerai que quelques exemples de gains de temps pour les grands Lyonnais bénéficiant de cette offre intégrée, mais je tiens à votre disposition une liste plus exhaustive : 

  • Charbonnière-Bellecour : TER+TCL en 22 min, TCL uniquement 48 min
  • Neuville – Bellecour : TER+TCL en 24 min, TCL uniquement 50 min
  • Rillieux – Stade de Gerland : TER+TCL en 27 min, TCL uniquement 47 min
  • Givors – Charpennes : TER+TCL en 46 min, TCL uniquement 84 min

Le différentiel est même beaucoup plus grand, car dans l’estimation TCL je ne tiens pas compte des bouchons …

Pour les habitants et les salariés métropolitains cette intégration serait donc une indéniable avancée qui pourrait convaincre certains d’abandonner leur voiture au profit des transports en commun. 

Monsieur le Président, sur cette question de l’intégration tarifaire comme sur le RER, j’ai le sentiment que ce sont des enjeux politiciens ou des rivalités de personnes qui empêchent d’avancer. J’ai parfois le sentiment qu’entre les exécutifs métropolitains et régionaux, nous sommes plus dans le combat de coqs que dans le développement de notre territoire. 

Le REM, ou RER à la Lyonnaise est indispensable pour réduire la pollution de l’air dans la Métropole. Il est indispensable pour permettre la mise en œuvre d’une ZFE qui ne soit pas une machine à exclure les plus modestes, pour assurer un développement équilibré de notre territoire, pour accélérer la transformation de M6/M7 en boulevard urbain.

Monsieur le Président acceptez de faire avec, acceptez le travail partenarial avec la région et les agglomérations de l’aire métropolitaines lyonnaise pour aller plus loin au service de notre territoire.

Monsieur le Président nous voterons cette délibération en vous demandant d’accélérer le RER et de veiller à ce que les éléments de communication fassent apparaître de manière symétrique le soutien de la région et de la métropole à ces études.

Je vous remercie

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