Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les élus,
Pour cette séance de rentrée, je souhaitais dans un premier temps avoir un mot au nom de notre groupe pour Gérard Collomb qui n’a pu être parmi nous aujourd’hui. Nous avons pour lui une pensée émue mais nous savons que sa famille et lui affrontent leur épreuve avec le courage qui les caractérise.
Je poursuis ce propos en vous adressant mes remerciements M. le Maire pour la constitution du groupe de travail sur la sobriété que vous avez lancé.
L’urgence et la gravité de la situation en matière énergétique méritent une réflexion collective, lucide et transpartisane, et à ce titre, cette initiative est la bienvenue.
Les suites que vous lui donnerez nous inquiètent en revanche beaucoup plus, puisque vous avez annoncé dans la presse ce week-end, que la piste d’une augmentation des impôts locaux était une éventualité pour faire face à la crise.
Dans le contexte actuel, j’imagine la tâche ardue à laquelle vous faites face puisque choisir n’a pas été la ligne conductrice de votre action publique ; entre endettement de masse pour vos projets d’investissement et recrutements sans modération de personnel qui impacte fortement les dépenses de fonctionnement.
J’ose espérer que l’augmentation des impôts des Lyonnais ne sera pas une option de remédiation et que vous saurez faire des choix. Il n’est pas concevable, et nous souhaitions l’affirmer clairement, que le portefeuille des contribuables soit la solution. Ils ont déjà suffisamment de mal à boucler les fins de mois avec l’augmentation vertigineuse du coût de la vie pour qu’ils participent une fois de plus par l’impôt.
Cette situation nous la regrettons puisque depuis le début du mandat, et en dépit de nos alertes sur les crises susceptibles auxquelles nous pourrions faire face, vous n’avez eu de cesse d’ouvrir les vannes de l’argent public en répétant sans trembler que l’endettement de la ville était un investissement pour les Lyonnais. Je ne suis pas certain que désormais ils en soient aussi convaincus que vous.
Force est de constater que depuis 2020, cette majorité n’est pas au service de Lyon, elle sacrifie cette ville, ses habitants et son avenir en restant bornée dans son couloir idéologique.
Il faut dire que, lors la campagne, l’espoir suscité était formidable : l’environnement et le climat allaient enfin être, c’était votre promesse, réellement pris en compte dans les politiques publiques.
Le mythe fédérateur selon lequel l’écologie politique représentait le monde de demain était né.
A mi-mandat, ce mythe se heurte à la triste évidence de votre sur-communication, valorisant tout ce qu’en réalité vous ne ferez jamais.
Dans les mobilités, loin de travailler sur une politique ambitieuse pour remplacer la voiture avec des transports en commun capables d’absorber les nouveaux usagers abandonnant leurs véhicules, votre majorité se contente d’une chasse à l’automobiliste clivante.
Le résultat est contre-productif : sans nouveau métro, sans parking-relai, les gens continuent à utiliser leur voiture et la ville est de plus en plus saturée. C’est tout de même le premier mandat où aucun projet de métro ne sera lancé.
Prenons le cas concret de la Rive droite. Une réduction du nombre de voies de circulation a été évoquée tout comme l‘augmentation de la fréquence des bus.
Bilan des opérations : toujours autant de voitures (28 000 par jour sur l’axe nord-sud), plus de bus mais moins de place, ce qui engendre des bouchons supplémentaires et par incidence plus de pollution.
De la sur-communication, une idéologie figée et de l’immobilisme donc et ce sont les Lyonnaises et les Lyonnais qui en font les frais.
Notre actualité en matière d’insécurité le prouve également.
Malgré les drames répétés, malgré tous les signaux d’alerte, en dépit de toutes les interpellations, cet exécutif se contente de passer sur des plateaux télévisions, de se prendre en selfie à vélo aux côtés des policiers municipaux et d’alimenter une querelle politique stérile avec le Ministre de l’Intérieur. Une querelle dont le seul résultat est de prendre les Lyonnaises et des Lyonnais en otage.
Nous avons la chance que l’Etat ait décidé de s’engager fortement au côté de Lyon pour répondre aux problématiques auxquelles la ville est confrontée. Qu’est-ce qui vous interdit, mise à part une posture politique juvénile et inadaptée, d’en profiter pour trouver des réponses aux dossiers que vous n’arrivez pas à résoudre tout seul ?
C’est le bon moment pour changer de posture M. le Maire avec votre majorité ; reconnaissez que vous n’avez pas toujours été à la hauteur sur ces sujets et acceptez les mains tendues pour vous aider à agir efficacement avant que la situation ne soit irrémédiable.
A cet effet, nous attendons avec impatience la réunion promise par M.Chihi suite à notre demande d’aller à la rencontre des policiers municipaux au PC sécurité.
Ce sera l’occasion pour nous d’essayer de le convaincre, sans posture politique comme vous le préconisez avec le groupe de travail sur la sobriété, qu’en matière de vidéo-protection dont l’efficacité est plébiscitée par les forces de l’ordre, par le préfet ou le procureur de la République, Lyon est en retard avec seulement 571 caméras.
Paris, à titre de comparaison, en compte1454, Marseille 1602 et Nice 2777. Le retard est colossal et son rattrapage est plombé par un audit fantôme que vous nous promettez depuis plus de deux ans.
L’occasion aussi de vous persuader d’autoriser la Police nationale à prendre la main au côté de la Police Municipale sur les caméras de la ville pour faciliter leur travail.
…
Monsieur le Maire, membres de cette majorité, il est temps sur cette 2e partie de mandat de changer de paradigme et de reconnaitre que vous ne réussirez pas tout seuls à répondre aux enjeux auxquels nous faisons face. Assumez vos lacunes, autant que vos forces et vos plus-values et arrêtez d’alterner entre le déni et le rejet de la faute sur l’Etat, la Région ou la majorité précédente pour vous dédouaner de vos propres responsabilités.
Parce que les conséquences sont immédiates :
- Les familles s’exilent de Lyon ; un solde net de 38 fermetures de classes pour la rentrée 2022.
- Notre ville perd en attractivité et donc sa capacité à constituer un solide bassin d’emploi. Selon le dernier baromètre de l’attractivité publié par Ernst and Young (EY), Lyon a dégringolé de trois places en 2022.
- L’offre immobilière s’effondre, exacerbant la crise du logement que nous connaissons déjà.
Face à ces phénomènes, on se dit que vos discours clivants, votre hostilité à l’égard de l’innovation et de l’entreprenariat comme votre refus obstiné de construire ont un rôle de facteurs aggravants.
Voilà le résultat lorsqu’une ville, ses habitants et leur avenir sont sacrifiés sur l’autel de l’écologie politique. Si vous en êtes disposés, nous pouvons vous aider à infléchir cette trajectoire partisane, dans l’intérêt exclusif des habitants de cette ville.
Je vous remercie.
Introduction de Yann Cucherat au Conseil municipal de Lyon du 20 septembre 2022.