Monsieur le Président, 

Mes chers collègues,

Si la situation en Ukraine occupe normalement nos esprits, une autre actualité importante ne doit pas être négligée : la parution du deuxième volet du sixième rapport du GIEC.

Le GIEC nous alerte sur l’indispensable prise en compte de la justice sociale pour réussir les changements qui nous attendent. Cette même justice sociale qui sera au cœur de nos débats sur la ZFE aujourd’hui. Ces débats seront, je l’espère, riches et constructifs. 

Nous ne désespérons d’ailleurs pas de réussir un jour à vous convaincre d’adopter une de nos nombreuses propositions pour renforcer la justice sociale de cette ZFE. Nous verrons cela tout à l’heure. Car, Monsieur le Président, même si nous ne savons pas qui vous visez lorsque vous accusez régulièrement votre opposition, je cite : « d’être enfermée dans une posture politicienne, une opposition qui ne va pas dans l’intérêt des habitants ». 

Ce qui est sûr, c’est que pour notre part, nous ne sentons aucunement concernés par cette affirmation. Nous ne sommes pas une opposition politicienne, politique oui, politicienne non.

L’incompréhensible flou artistique autour de la PPI

C’est aussi pour cela qu’est incompréhensible le flou artistique que vous entretenez autour de la programmation des investissements, cette fameuse PPI, chargée de décliner les projets de la Métropole sur le mandat. 

Il y a plus d’un an, vous votiez une PPI présentée comme celle de tous les recordsLa PPI du proclamé « dernier mandat pour le climat ».

Nous vous avions alors interpellé sur le fait qu’en l’absence de liste des projets retenus, vous n’aviez pas adopté une PPI, mais une simple note de cadrage budgétaire pour le mandat. 

Pendant un an, nous n’avons cessé de multiplier les interpellations et courriers pour obtenir communication détaillée de cette PPI. Las de ne pas obtenir de réponses, nous avons saisi la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA) pour obtenir toute transparence sur son contenu. Nous avons été particulièrement surpris de découvrir que face à notre demande de liste des projets, la CADA nous répond que vous, Monsieur le Président, les aviez informés que ce document… n’existe pas. 

Nous ne saurions croire que dans notre belle et grande collectivité, avec ses 9 000 agents et ses 3,6 milliards d’euros d’investissements prévus sur le mandat, il n’existe pas de document reprenant la liste des projets, permettant ainsi le pilotage et l’exécution de cette PPI. Cela d’autant plus quand vos services ont envoyé aux 59 maires de la Métropole un courrier, sommaire certes, mais reprenant en partie les projets PPI envisagés dans leurs communes.

Monsieur le Président, persuadé que la réponse de la CADA s’expliquait par une simple erreur de communication entre vos services et ceux de la commission, nous vous avons écrit le 3 mars pour vous demander de nous présenter, en amont de notre Conseil, la liste détaillée des projets de la PPI. Nous n’avons reçu aucune réponse de votre part ! 

Face à cela, un constat s’impose à nous : 

  • Soit vous avez commis un léger mensonge à la CADA ou tout du moins vous n’avez pas dit la vérité, 
  • Soit la Métropole n’a pas de réelle PPI, et donc d’outil de pilotage de la collectivité digne de ce nom.

Face à cette situation que vous avez-vous-même créée, nous ne pouvons éviter de nous poser la question : s’agit-il d’un aveu d’amateurisme ou est-ce la conséquence de ce qui peut ressembler à un mensonge ?

Nous ne savons que choisir !

  • Pas de vote en temps et en heure sur la ZFE et le PPA pour la ville de Lyon ;
  • Pas de réelle PPI et une incapacité à répondre aux demandes du préfet pour la réalisation du Contrat État-Région pour la Métropole ;

Tout cela vient documenter ce qui semble s’apparenter à un véritable dilettantisme, des majorités Vertes au pouvoir. 

Dans ces conditions, 

Comment pourriez-vous être perçus comme les plus à même de répondre à l’urgence environnementale et sociale établie par le GIEC ? 

Cela n’a échappé à personne : si 94 % des Français estiment désormais que le dérèglement climatique est un « enjeu capital », le candidat déclaré de l’écologie politique peine à atteindre le seuil fatidique des 5 %. Mais nous verrons le moment venu, quel est le résultat ?

Pire encore, les analyses démontrent désormais que vous êtes perçus comme moins crédibles sur le cœur même de votre discours politique : l’écologie.

Pendant trop longtemps, vous avez joué sur les peurs, vous avez propagé de la désinformation sur le nucléaire, les OGM, la 5G… Vous avez transformé des inquiétudes légitimes d’une partie de la population en carburant idéologique pour votre propre agenda politique. Si bien, que dans les milieux avertis et convertis à l’écologie scientifique, on pose la question suivante, comme une plaisanterie récurrente jouée aux dépens de l’écologie réelle :

Quelle est la différence entre les représentants de l’écologie politique français et les climatosceptiques ? … Tout simplement la partie du rapport du GIEC qu’ils ont choisi de ne pas lire !

Votre perte de crédibilité s’explique aussi par le fait que depuis plusieurs années, la transition écologique n’est plus l’apanage des Verts ! C’est un mouvement global, repris partout en France : 

  • Les pistes cyclables, 
  • La végétalisation, 
  • L’écorénovation des bâtiments, 
  • La lutte contre la pollution de l’air

… Ce ne sont pas des mesures de gauche ou de droite, on les retrouve dans toutes les agglomérations !

Alors si votre idéologie n’est pas fondée sur l’écologie scientifique ;  Si l’écologie n’est même plus votre chasse gardée, que vous reste-t-il ? Eh bien, le véritable pilier constitutif de votre identité n’est pas tant la défense de l’environnement que celle d’une vision du monde. D’un projet de société qui vise à protéger et faire fructifier un certain mode de vie.

  • C’est pour cela que vous vous présentez comme des élus militants. Non pas élus pour représenter tous les citoyens dans leur diversité d’opinions, mais pour défendre ceux qui vous ressemblent et convertir les autres. L’écologisme est un prosélytisme. 
  • C’est pour cela que l’on se retrouve avec des élus en pleine contradiction entre d’un côté les devoirs qu’imposent leurs fonctions d’élus et de l’autre, leurs accointances militantes. 
  • C’est pour cela que lorsqu’une entreprise est attaquée et des drapeaux brulés, on se retrouve au mieux face à un silence gêné ; au pire, face à des tentatives de justifier la violence.

Primevère : entre alter-écologie et théories antiscientifiques

Alors, pour en avoir le cœur net et constater ce nombrilisme par nous-mêmes, nous nous sommes rendus à Primevère, présenté comme le plus grand salon de l’alter-écologie en France. C’est par ailleurs la première fois depuis le début du mandat que nous avons vu la Métropole faire une telle promotion d’un évènement avec distribution d’invitations gratuites à tous les agents. 

En plein cœur d’Eurexpo, nous avons sommes allés écouter Greenpeace et la CRIIRAD nous parler nucléaire. Cette même CRIIRAD, fondée par une eurodéputée Verte antivax, et que la Métropole a financée à près de 150 000 euros pour l’achat de radars à radiations. Dans cette conférence, nous avons appris qu’à la centrale du Bugey : pour un 1 gigawatt heure d’énergie produite, 1 s’évaporait dans les eaux du Rhône et 1 autre dans les panaches de vapeur de la centrale. Quel panache en effet des intervenants, de réussir à faire s’évaporer ainsi le consensus scientifique.

Je ne peux que regretter de ne pas avoir eu le temps de me rendre à d’autres conférences. Il y avait l’embarras du choix avec des intitulés comme : 

  • L’eau morphogénique : sa mémoire et sa conscience,
  • Guérir ses blessures par le maternage proximal,
  • L’effet des ondes sur le vivant, ou 
  • Continuer à refuser le compteur Linky.

Embarras en effet, d’être en plein cœur d’un évènement mettant en avant de telles théories antiscientifiques et promouvant des médecines alternatives parfois dangereuses.

Enfin, nous avons pu nous rendre sur le stand de la Gonette, notre fameuse monnaie locale. S’il fallait le rappeler, pour chaque euro échangé en Gonette, cette association dépose cet argent à la banque la NEF, qui est ensuite chargée de le réinvestir dans des projets dits éthiques. La même NEF, qui signifie, rappelons-le, la Nouvelle Économie Fraternelle, et qui est littéralement partout derrière vous depuis deux ans.

Nous avons déjà eu l’occasion de vous alerter sur le caractère a minima discutable, de certains projets accompagnés par cette banque. Affiché sur ce stand, il y avait un encart présentant les projets financés par la NEF avec les dépôts d’argent de la Gonette.

Quelle ne fut notre surprise de découvrir dans cette liste qu’avec l’argent de la Gonette, la NEF, dont vous êtes sociétaire, Monsieur le Président, avait pu financer en 2019 le développement du bar le Bieristan, dont vous détenez 17 % du capital ? 

C’est bien, c’est du circuit court ! Rien de litigieux là-dedans. Simplement l’illustration d’un milieu en vase clos qui s’autoalimente. 

Ce salon a finalement été révélateur d’une très grande porosité dans ce milieu. C’est cela les Verts au pouvoir : un entre-soi militant. Dans ces conditions, pas étonnant que vous n’apparaissiez pas comme les plus capables de répondre à l’urgence du GIEC. 

Car, au fond, vous n’êtes pas les écologistes. Non, vous êtes les égo-logistes. L’égo, le « moi », vous adressant uniquement à ceux qui vous ressemblent. 

« La Métropole pour nous », tel était votre slogan de campagne. Au moins, vous ne nous avez pas trompés là-dessus. 

Je vous remercie.

Louis Pelaez


Conseil Métropolitain des 14 et 15 mars 2022

Intervention préalable 

Intervention de Louis PELAEZ

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