Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les élus, 

La réalisation, la présentation et l’adoption du Projet Métropolitain des solidarités et a fortiori les débats qui lui sont accordés nous permettent de mener une réelle réflexion sur le sens à donner à notre action sociale. 

Cette action, qui guide une politique volontariste d’accompagnement doit intervenir avec dignité et respect, en concordance avec un double postulat. Celui d’une tradition sociale, ancrée dans la genèse de notre territoire qui a toujours promut la culture de l’accueil et de l’accompagnement, qui a su être une terre de recueil pour ceux qui en ont eu besoin. Cette culture sociale se matérialise depuis 2015 dans les compétences même de la Métropole, cheffe de fil en la matière, qui dispose ainsi des moyens de faire honneur à ce passé, d’appréhender avec responsabilité le futur.

Donner un sens à l’action sociale, c’est ainsi agir avec efficience, humanité et persévérance afin de servir les plus précaires. Et ainsi de s’assurer qu’aucune personne sur le territoire métropolitain ne soit laissée de côté sur le chemin de la réussite personnelle et sociale, de l’émancipation. 

En ce sens le projet Métropolitain des solidarités est un outil pertinent et nécéssaire pour faire face à ces enjeux avec responsabilité et efficacité. Initié sous la majorité précédente, nous nous réjouissons de sa pérennisation et demeurons intimement convaincus de son nécessité. 

Néanmoins, depuis l’adoption du premier PMS, la sociologie de notre territoire a  immensément été bouleversée, renforçant certaines formes de précarité, en initiant d’autres. Les crises sanitaires, économiques et sociales successives nous amènent à un constat : la précarité se démocratise, atteint toutes les couches de la société, frappe à tous les âges. La solidarité doit alors s’adapter à la grande hétérogénéité des publics concernés, œuvrer pour tous au regard des besoins spécifiques de chacun. 

Cette nécessité de mener une action complète, et il est vrai complexe, nous amène à traiter de l’architecture même de ce PMS. Notons tout d’abord que sa réalisation dispose d’une certaine opacité que nous regrettons. En effet nous déplorons qu’en la matière ce PMS n’ait pas fait l’objet de davantage de consensualisme, de collégialité. Certes, des associations ont été consultées, le printemps des solidarités qui a participé à faire émerger ce plan a été une certaine réussite, mais la solidarité ne devrait pas être un monopole de l’exécutif, l’apparat d’une vision unique imposée à tous. Le transpartisianisme pourrait émerger, plus qu’ailleurs, dans le développement et l’action sociale, en l’occurence cette démarche nous semble plus adaptée, souhaitable, pour des enjeux qui touchent nos sensibilités les plus profondes.

Ce plan pour la période 2023-2027, que vous nous présentez, diffère largement de son prédécesseur. Il ne s’agit pas en la matière de procéder à un jeu des comparaisons, mais tout de même : une articulation autour de 7 engagements dont 3 « modes de faire » et 4 « thématiques d’action », nous sommes loins des 80 actions prioritaires du plan 2017 et le spectre d’un manque d’ambition émerge naturellement. 

Des problématiques primordiales sont pourtant cernées: sans abrisme, non recours, pouvoir d’agir, prévention sanitaire et sociale, inclusion et émancipation. Encore auriez-vous pu évoquer la sobriété, désormais indissociable de la solidarité, le dernier rapport du GIEC nous le rappelle avec clarté. Mais surtout, au delà d’une liste de quelques enjeux et thématiques importantes, quid des moyens d’action concrets pour faire face à ces thématiques ciblées ? 

Des pistes sont évoquées telles que l’accueil inconditionnel pour faire face au non recours, le développement de tiny houses pour lutter contre le sans abrisme, en somme des mesures louables  mais qui sont déjà amorcées en dehors du PMS.  Ce plan était justement l’occasion d’apporter une nouvelle dynamique au service de la solidarité, un nouvel élan pour un territoire plus social, plus égalitaire. À la place de cela les modes de faire demeurent imprécis, inaptes à apporter de réels changements immédiats et efficaces pour les publics ciblés. L’absence de budgétisation globale et par politiques dédiées dans la présentation initiale du plan nous conforte dans ce sentiment d’incertitude, et nous questionne d’autant plus sur ses ambitions, son effectivité.

En somme, de cette architecture quelque peu nébuleuse, dans laquelle nous peinons à trouver une nécéssaire lisibilité, une crainte émerge: celle d’un plan plein de bonnes intentions mais purement déclaratif, prenant donc le risque du superficiel.

Il est impératif de ne pas se complaire de ceci au regard de l’immensité des enjeux auxquels doit faire face notre Métropole en matière de solidarité. Une dimension concrète, davantage pratique sur les besoins réels exprimés par les principaux concernés sera toujours préférable à une déclaration de bonne volonté pétrie d’imprécision négligeant toute considération de terrain.

Toutefois, convaincus de l’essence même de l’adoption d’un PMS nous voterons pour cette délibération, et nous ne désespérons pas que nos remarques soient en la matière entendues, menant à un indispensable enrichissement de ce plan afin de lui conférer une dimension pratique et efficace pour qu’il serve ceux qui en ont le plus besoin. La Métropole de Lyon se doit d’assumer pleinement ses compétences sociales, pour cela donnons lui les moyens d’y parvenir.

Je vous remercie.

Intervention de Delphine BORBON au conseil métropolitain des 27 et 28 mars 2023

Rapport n°2023-1605

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