Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les élus, 

Le temps des interventions préalables permet de dire des choses importantes. Je remercie donc ici Nathalie PERRIN-GILBERT qui le fait avec tant de talents.

Le climat économique, la tension sociale très forte ainsi que l’actualité internationale mobilisent l’espace médiatique ainsi que nos pensées les plus légitimes. Au cœur de cette actualité particulièrement importante, complexe et inquiétante, le GIEC a fourni un rapport de synthèse sur huit ans de travaux nous rappelant l’impérativité d’une limitation du réchauffement climatique à 1,5 degrés par rapport à la période préindustrielle, afin de correspondre aux valeurs décrétées dans les accords de Paris. Se faisant, il convient de réduire de 48% nos émissions de CO2 à l’horizon 2030, nous sommes au cœur d’une période pivot, où il est absolument nécéssaire d’agir avant qu’il ne soit trop tard

La crise environnementale est l’affaire de tous, et impose des mesures efficientes à toutes les échelles, notamment au niveau local. Ce dernier rapport du GIEC, le sixième, met en valeur des constatations certes préoccupantes, mais nous rappelle surtout qu’il est encore temps d’agir. En ce sens, nous ne devons pas omettre, lors de l’élaboration et la mise en place de politiques publiques ces enjeux environnementaux, la nécessité de protéger notre écosystème, nos sols, l’eau, de limiter le rejet de particules fines et de CO2 dans notre atmosphère. 

Votre élection fut portée par cette promesse et par les éléments de langage autour de la prétention de sauver la planéte, cette ambition d’agir différemment, avec sursaut et une efficacité ambitieuse. Face aux innombrables promesses, la déception est aujourd’hui de mise. En effet, la problématique est simple : et si ce que vous évoquiez avec vanité comme « le dernier mandat pour le climat » était en réalité un mandat de perdu ? 

J’imagine que cette formulation peut étonner, tout comme vos ambitions irréalisées nous surprennent chaque jour davantage. Mais la problématique est profonde, inquiétante, et je m’attacherai ici à évoquer des éléments factuels, ou plutôt ce que vous n’avez en la matière pas fait. Car il y a eu sur ces trois ans passés tromperie sur la marchandise vendue pendant la campagne de 2020.

La limitation de réchauffement climatique à 1,5 degrés pour les décennies à venir prônée par le GIEC passe indéniablement par une baisse nos émissions de CO2, dont une partie est causée par la circulation automobile. Nous trouverons sur ce point-là un consensus.  En dépit de ce constat Lyon demeure sur le podium des villes les plus embouteillées de France, et se situe dans le haut du panier à l’échelle mondiale. Nul doute que scientifiques et habitants mesurent l’inefficacité de vos mesures en la matière :

  • Une ZFE – permettez-moi Monsieur le Président, votre intervention face à la question du Conseil de développement n’est pas à la hauteur, vous avez un comportement irresponsable, surtout après avoir annoncé vouloir travailler différemment, je vois que le naturel revient au galop – qui tâtonne et subit un rétropédalage causé par votre obstination à ne pas écouter les considérations de l’opposition. Et à cause de cela que de temps perdu, que d’efficacité perdu, que de décrédibilisation de ce qui est pourtant un élément essentiel à mettre en place : une ZFE intelligemment mis en place pour qu’elle soit acceptée et réappropriée par tout le monde.
  • Une transformation des mobilités dont nous peinons à déceler la cohérence et percevoir les changements réels. En la matière malgré la hausse inédite du budget du SYTRAL le réseau de transport en commun ne semble pas avoir évolué de manière vertueuse, suscitant de grandes inquiétudes pour le futur. Le développement des voies lyonnaises demeure plus complexe que prévu, le calendrier risque d’être en la matière serré et le projet concentre les inquiétudes de nos habitants. Au-delà des éléments de langage sur le doublement du budget du Sytral, les métropolitains voient-ils la différence ? Non, rien, 3 ans et toujours rien. On nous annonce des lignes futures mais quid de celles qui étaient déjà dans les cartons ? Des lignes saturées comme par exemple, pour ne prendre que celui-ci la ligne C3, exemple symptomatique de ce trolleybus qui ressemble plus à une bétaillère qu’à un mode de déplacement moderne, agréable. Je comprends parfaitement pour prendre cette ligne régulièrement les personnes désabusées et découragées à prendre cette ligne plutôt que leur voiture.

Le réchauffement climatique impose, et le GIEC nous le rappelle une nouvelle fois, d’adapter nos pratiques, de repenser l’aménagement de nos espaces urbains. Encore une fois en la matière, alors que nous sommes à mi-mandat, quelles réalisations pouvez-vous mettre en avant pour nous assurer d’une prise en compte réelle et efficiente des ces objectifs ? Les constructions de logements neufs, par nature moins énergivores, sont au plus bas, les ambitions de requalification de la voirie demeurent au stade de projet et ne sont alimentés par aucune études viables, aucun processus de concertation efficace. L’ébauche d’apaisement de la Presqu’île est ainsi particulièrement préoccupante sur les méthodes employées, mais n’ayez crainte, nous aurons l’occasion de traiter de cela avec attention dans quelques instants. 

En somme, là où les enjeux climatiques et la satisfaction de l’intérêt général nécessitent force d’innovation constante et pragmatisme, vos réponses demeurent inefficaces et dérisoires au prorata de vos ambitions et de vos promesses. Vos méthodes traduisent davantage une vision partisane et militantes d’une écologie dogmatique déconnectée des enjeux réels, de la conjoncture et des spécificités de notre territoire. 

Les impératifs environnementaux à l’échelle locale ne seront pas réglés par des brèves de communication dans lesquels vous excellez tant. Il faut en la matière mener des actions concrètes, fondées sur des études étoffées et récentes menées par des organismes compétents, sans oublier la nécessaire consultation de nos citoyens qui doit nous rappeler que l’écologie et le social sont deux aspects intimement liés. Et cela a été rappelé tout à l’heure lors de l’intervention du Conseil de développement.

La collégialité de façade que vous avez instaurée doit également laisser place à une réelle démarche transpartisane, sur des sujets où les considérations de tous doivent aboutir à une feuille de route commune pour aboutir à un consensus et une démarche apaisée. Car l’urgence climatique exige une responsabilité particulière, celle de créer les conditions que toutes les forces soient rassemblées pour l’intérêt général. Rassembler et non cliver, rassembler et non créer des tensions. Rassembler et ce n’est toujours pas ce que vous faites.

À mi-mandat, il est plus que jamais nécessaire d’amorcer la réelle construction d’une Métropole plus verte, s’insérant dans un cadre vertueux co-construit, afin que ce mandat ne soit pas définitivement un mandat perdu !

Je vous remercie. 

Intervention préalable de Louis PELAEZ au conseil métropolitain des 27 et 28 mars 2023

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