Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs les élus,
Chers collègues,
Mon intervention sera assez générale et portera de façon globale sur le tissu commercial lyonnais. Elle concernera ainsi à la fois ce rapport mais également le suivant.
J’ouvre donc mon propos en annonçant une excellente nouvelle à Mme AUGEY concernant le nouveau règlement des marchés en application depuis le 1er septembre.
Mme AUGEY, nous avions échangé, vous et moi, en commission emploi le 24 novembre dernier au sujet de ce règlement et plus particulièrement au sujet de la possibilité pour les forains de se chauffer.
Vous m’avez dit alors, et je vous cite quasiment mot pour mot : « A titre personnel, j’aimerais que nos forains puissent se chauffer les jours de marché. C’est malheureusement interdit par la loi. Je vous renvoie, M.HERNANDEZ, à vos députés ».
J’ai donc une excellente nouvelle Mme AUGEY : les forains peuvent se chauffer les jours de marché.
En effet, je suis allé lire la Loi Climat et Résilience du 22 août 2021 et plus particulièrement son décret d’application, le décret n°2022-452 du 30 mars 2022.
Je n’ai pas eu besoin de lire très longtemps puisque ce texte prévoit, dans son article 1, bien la possibilité de se chauffer en extérieur pour les activités foraines, comme nos marchés donc, dès lors qu’elles ont lieu dans des installations mobiles, couvertes et fermées, comme des barnums.
Sauf que votre nouveau règlement général des marchés, qui est entré en vigueur par l’arrêté n°2022/4350 du 7 juin 2022, dispose en page 17, je cite : « Il est en outre interdit d’installer des tentes sur pied (barnums) ».
Dès lors, si je comprends bien, l’impossibilité pour les forains de se chauffer les jours de marché n’a rien à voir avec la loi.
Elle n’a rien à voir non plus avec nos députés.
Cette impossibilité est entièrement de votre fait puisque vous avez supprimé par voie règlementaire la possibilité pour les forains de se placer dans le cadre d’exception existant.
Loin de moi l’idée de condamner la Loi Climat et Résilience et son ambition de sobriété. Bien au contraire. C’est une ambition que notre groupe porte avec beaucoup de conviction. Nous avons pu le démontrer lors de notre participation au groupe de travail trans-partisan sur le sujet.
En revanche, lorsque cette loi prévoit la possibilité pour les forains de se chauffer les jours de marché, au moins en hiver, je ne vois pas pourquoi il faudrait la leur refuser tout en travaillant avec eux sur une stratégie d’économie d’énergie.
Je trouve donc très fort de se dédouaner en commission d’une responsabilité qui se révèle in fine être entièrement la vôtre. Mais nous commençons à être habitués à votre incapacité à assumer vos responsabilités et vos actions.
Finalement, je crois que cet épisode résume très bien les doubles discours de cette majorité à l’égard du tissu commercial de notre ville.
Lorsqu’on vous écoute, on a le sentiment que vous êtes les premiers soutiens de nos restaurateurs, de nos commerçants et de nos artisans.
Mais la réalité est tout autre, on vient de le voir pour les forains. J’ajoute que début septembre le Syndicat Interprofessionnel des Marchés Alimentaires, le SIMAL, vous avait écrit en lien avec le nouveau règlement des marchés. En commission, Mme AUGEY, je vous ai interrogé au sujet de ce courrier et vous ne m’avez pas indiqué y avoir répondu. J’espère que c’est désormais chose faite.
Il sera dommage que cet exécutif conserve la mauvaise habitude de ne pas dialoguer avec ceux qui habitent cette ville et ceux qui y travaillent. Je dis mauvaise habitude car on la retrouve au sujet de l’occupation commerciale de l’espace public.
Il est incroyable que, dans une période comme la nôtre, qui conjugue les séquelles économiques du COVID, l’inflation généralisée et des pénuries de matières premières, M.LUNGENSTRASS nous annonce en commission, dans la plus grande sérénité, que la hausse des tarifs a été décidée sans discuter avec les organisations professionnelles des fonds de commerce.
Comme si la conjoncture et leurs conditions de travail n’étaient suffisamment difficiles.
Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs membres de cette majorité, pour conclure mon propos, j’emprunterai une expression dérivée des écrits de Bruno Latour, qui nous a quittés récemment et qui, je crois, était une très grande source d’inspiration pour vous : il est temps pour vous de revenir sur terre et d’atterrir à Lyon.
Je vous remercie.
Intervention de Ludovic HERNANDEZ au conseil municipal de la Ville de Lyon du 15 décembre 2022.
Rapport n°2022/2213