« Monsieur le Maire,

Mesdames, Messieurs les élus,

Chers collègues,

Vous nous présentez aujourd’hui l’édition 2022 du rapport « Lyon en transitions », qui doit dresser un état des lieux du développement durable dans notre territoire.

Après l’avoir examiné et à l’issue des échanges qui se sont tenus à propos du contenu de ce document, je ne peux m’empêcher de poser une question :

La Ville de Lyon dispose-t-elle, oui ou non, d’indicateurs tangibles, expertisés et complets pour prendre des décisions en matière de développement durable et a fortiori pour en rendre compte ?

En lisant le dossier, la première réponse qui me vient à l’esprit, c’est non. Malgré une forme des plus soignées, il fait l’impression d’un « fourre-tout customisé » plutôt qu’un véritable rapport chiffré.

Le document additionne en effet les actions louables et à saluer mais dont le lien avec le développement durable est difficile à faire. Je prends quelques exemples :

  • En page 31, la création d’une Maison Sport-Santé
  • En page 33, le soutien de la Ville à l’éducation populaire
  • En page 41, l’édition enrichie du Guide pour la Santé des femmes.
  • En page 45, l’exposition « Respecte-moi ».

Ce lien ténu entre bon nombre d’actions citées et le développement durable provient certainement du fait que le rapport n’assure pas son rôle pédagogique. Il ne part pas d’une définition claire et scientifique du développement durable. Un reproche que l’on pourrait aussi faire à l’édition précédente.

Plus dérangeant encore, dans un certain nombre de domaines : logements, alimentation, végétalisation, le rapport « oublie » qu’il s’agit de compétences métropolitaines. Prenons l’exemple du logement social cité en page 19. Vous expliquez que la proportion de logements sociaux a gagné +0,43% en 2021.  Certes. Mais pouvez-vous vraiment mettre cela à votre seul bilan sans sourciller ? Puisque vous vous arrogez les compétences du Grand Lyon, je m’étonne qu’au chapitre des mobilités, rien ne soit dit au sujet des déplacements piétons ou des transports en commun, bref tout ce qu’il est urgent de développer en matière d’alternatives à la voiture.

Je poursuis en évoquant votre focus sur les 17 « Objectifs de Développement Durable » formulés par l’Organisation des Nations-Unies. Vous nous dites qu’ils permettent de mesurer l’impact des actions de la Ville. Chaque action présentée dans le rapport se voit ainsi reliée à tel ou tel objectif : eau propre, consommation responsable, énergie propre …

Pardon de le dire mais comme l’indique l’intitulé, les « Objectifs de Développement Durable » de l’ONU sont … Des objectifs. En tant que tels, ils sont incontestables et à diffuser largement. Mais ils ne peuvent en aucune façon constituer un indicateur pertinent de nos progrès. 

Nous sommes donc là face à un document de marketing, vide sur le fond et incapable de dire aux Lyonnais où nous en sommes en matière de développement durable. Ce qui me conduit à penser que cette majorité n’a pas à sa disposition d’indicateurs tangibles, expertisés et complets pour nourrir son état des lieux mais surtout ses prises de décision.

Je suis d’ailleurs conforté dans cette hypothèse car, lorsque notre groupe a interrogé les membres de cet exécutif sur ce sujet, ils ont été incapables de nous fournir une réponse claire :

  • En commission transition, M.GODINOT nous explique que les services ont leurs indicateurs pour chaque délégation et qu’une synthèse de ces indicateurs est en constitution à la demande du Maire.
  • Formidable ! Mais lorsque nous demandons par courrier à étudier les données à la disposition des services, elles se révèlent en fait trop partielles pour être transmises.
  • En conseil d’arrondissement, autre salle, autre ambiance, vous avez en revanche pu nous présenter quelques chiffres.

Alors, oui ou non, votre majorité dispose-t-elle d’une base objective pour prendre ses décisions ?

Vos demi-réponses me laissent craindre qu’à l’image de Marine TONDELIER, secrétaire nationale d’EELV, cet exécutif ne se satisfasse que de  sa « culture militante » pour trancher en matière de développement durable, tout en faisant l’économie d’indicateurs  tangibles, expertisés et complets.

Vous comprenez certainement nous attendons des éléments pour dissiper tout malentendu.

Car si cette crainte venait à être fondée, cela signifierait que toute votre politique en matière de développement durable depuis 2020, le socle même de votre engagement auprès des Lyonnais, repose sur de l’à peu près.

En parlant d’à peu près, je crois que votre façon de respecter les procédures n’en n’est pas exempte.

Je fais ici référence à l’article L2311-1-1 du Code Général des Collectivités Territoriales, cité en ouverture de cette délibération. Cet article dispose que : « Dans les communes de plus de 50 000 habitants, préalablement aux débats sur le projet de budget, le Maire présente un rapport sur la situation en matière de développement durable ».

« Préalablement aux débats sur le projet de budget »

Faut-il donc comprendre que cette assemblée est censée revoter le budget après la présentation du rapport « Lyon en transition » ?

Si tel est bien le cas, cela montrerait que votre respect des procédures est à l’image de votre gestion de cette ville.

Je vous remercie. »

Intervention de Ludovic HERNANDEZ au Conseil municipal du 9 mars 2023.

Rapport N°2023/2426

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