Monsieur le Président,

Chers Collègues,

Nous voilà arrivés au terme de l’année 2024. Une année qui, sur le plan politique, s’achèvera avec encore plus d’incertitudes et d’inquiétudes qu’elle n’en comptait à son début.

Je ne m’engagerai pas dans de longues considérations pour commenter la crise institutionnelle que nous traversons même si elle présente dans nos esprits mais il me semble important de nous concentrer sur les sujets locaux qui préoccupent nos concitoyens présents sur le territoire même si les décisions nationales impacteront bien sûr notre collectivité.

D’autant que les défis à court et moyen terme sont nombreux sur la Métropole lyonnaise :

Je pense au soutien et à la considération que les pompiers attendent. À ce sujet, nous saluons votre décision d’augmenter la participation de la Métropole de 0,5 % au SDMIS.

Cependant, cet effort, bien que nécessaire, ne permettra pas à lui seul de remédier aux problèmes structurels ni de répondre à la crise profonde que traversent aujourd’hui les Services Départementaux d’Incendie et de Secours.

Je pense également à l’urgence d’intensifier nos efforts pour garantir un logement accessible et abordable, une priorité qui devra s’imposer pour l’année 2025.

À cela s’ajoute une autre source d’inquiétude : le grand saut dans l’inconnu que représente l’interdiction d’entrée sur le territoire métropolitain des véhicules Crit’Air 3.

Dès le 1er janvier, cette mesure touchera un quart du parc automobile de la ZFE.

Si des aides existent, elles restent largement insuffisantes pour accompagner cet effort considérable imposé à ceux qui, bien souvent, n’ont comme seul moyen de transport leur voiture notamment pour se rendre à leur travail.

Cette transition, aussi nécessaire soit-elle, ne peut réussir sans que l’on se donne véritablement les moyens pour accompagner nos concitoyens et en limiter les conséquences sur leur vie quotidienne.

Monsieur le Président, je voudrais surtout revenir sur votre récente déclaration dans « Actu Lyon » où vous annoncez votre décision de reporter certains aménagements, évoquant la « saturation des travaux » sur notre agglomération.

Vous semblez découvrir subitement que la Métropole de Lyon ressemble davantage à un champ de bataille qu’à une agglomération agréable à vivre et qui est asphyxiée de nombreux mois.

Si l’on peut se réjouir de cette prise de conscience, on peut aussi regretter que vous ayez pris tout ce temps pour voir la réalité qui s’impose aujourd’hui à vous.

Ce ne sont pourtant pas les alertes qui ont manquées.

À de nombreuses reprises, nous avons attiré votre attention sur l’augmentation croissante des conflits d’usage et des embouteillages.

Ce ne sont pas non plus les signalements qui ont manqué concernant les difficultés, parfois insurmontables, que rencontrent certains commerçants, qui suffoquent sous la pression des travaux, avec des baisses de chiffres d’affaires allant jusqu’à 30 %.

Vous venez donc vous présenter maintenant comme le sauveur, celui qui va desserrer l’étau que vous avez vous-même provoqué par des travaux étouffants pour les Grands Lyonnais.

Mais personne n’est dupe. Derrière cette communication savamment orchestrée, se cachent d’autres contraintes que vous n’avez pas voulu voir venir.

C’est aussi, bien sûr et surtout, la situation financière de la Métropole qui vous oblige à freiner vos investissements.

Vous avez choisi de reporter le débat d’orientation budgétaire en invoquant les incertitudes financières nationales et leurs conséquences pour notre collectivité.

Mais aujourd’hui, sommes-nous réellement mieux avancés ? Avons-nous davantage de certitudes sur les dotations ou sur les éventuelles ponctions de l’État ? Je ne le crois pas.

Il vous fallait en réalité plus de temps pour corriger la trajectoire financière de la Métropole, mise à mal par votre gestion imprudente, qui vous oblige pour la dernière année de votre mandat, à donner un coup de vis dans le fonctionnement des services et à réduire la voilure sur les investissements.

Car qui plus est, les élections approchantes, vous devez absolument inaugurer le maximum de projets pour redorer l’image de votre politique et tenter de regagner la confiance des Grands Lyonnais.

Mais qui dit ralentissement des investissements dit inévitablement, ralentissement des Voies Lyonnaises.

Ce projet phare de votre mandat n’a d’ailleurs pas attendu votre temporisation et les tâtonnements budgétaires pour prendre du retard.

À l’été, seuls 90 km de Voies Lyonnaises avaient été inaugurés sur les 250 km initialement promis en 2020. Par ailleurs, il y a quelques jours, dans les colonnes d’Actu Lyon, il a finalement été évoqué 180 km, au mieux, de Voies Lyonnaises qui seront inaugurés d’ici 2026, bien en deçà des promesses de début mandat.

Vous auriez également pu mentionner le report des projets de rénovation de certains collèges, attendus depuis des années et censés être lancés d’ici la fin du mandat.

Les travaux d’aménagement peuvent être justifiés et sont justifiables quand ils servent, in fine, l’intérêt commun et participent à améliorer le quotidien des habitants.

Vous avez beau déclarer dans la presse que « ces aménagements sont globalement acceptés, voire plébiscités a posteriori », la réalité, c’est qu’ils suscitent de nombreux mécontentements sur le terrain et vous le savez bien.

Que dites-vous par exemple aux personnels hospitaliers qui rencontrent des difficultés pour accéder aux hôpitaux et aux usagers des contraintes de déplacements suite à la mise en sens unique de l’avenue Rockefeller pour le passage de la VL12 ?

Que dites-vous aux commerçants de la Presqu’île, qui, pour beaucoup, souffrent des premières mesures relatives au projet d’apaisement de la Presqu’île, notamment dues à la fermeture de la rue Grenette ?

Que dites-vous aussi par exemple au restaurant Argençon, placé depuis octobre en redressement judiciaire, affecté notamment par les travaux du tramway T10, et qui ne peut bénéficier des indemnités de compensation du SYTRAL pour des critères de périmètres contestables ?

La réalité de ces situations devrait vous obliger à plus de tempérance.

Vous enchaînez des aménagements et des plans de circulation qui participent à déséquilibrer tout un écosystème et qui mettent à la marge une partie de nos concitoyens, tant pis si ce sont les plus vulnérables.

Avec une méthode autoritaire, inchangée depuis le début du mandat, où vous voyez les concertations d’avant-projet principalement comme des contraintes réglementaires, vous manquez les occasions d’adapter des projets en fonction des réalités locales.

Il n’y a qu’à prendre l’exemple du projet de renouvellement des Halles Nexans, que nous examinerons aujourd’hui, où vous arrivez déjà satisfait de vous-mêmes avec un projet déjà ficelé, n’en déplaise à ceux qui auraient le malheur de porter des voix divergentes.

Monsieur le Président, votre mandat aurait pu être celui des grandes transitions, celui d’une Métropole tournée vers l’avenir, à condition de conjuguer ambition et pragmatisme.

Ce pragmatisme, c’est écouter les réalités du terrain, adapter vos projets aux besoins des habitants.

Parce qu’au-delà des kilomètres de pistes cyclables, ce sont des activités, des professions, des emplois et un équilibre territorial qui sont en jeu. La transition écologique est une nécessité, mais doit être un levier de progrès, pas un facteur de division pour les grandes et grands Lyonnais.

Je vous remercie  

Propos préalable de la Présidente du groupe Nicole Sibeud en Conseil de la Métropole, 16 décembre 2024.

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