« Oui, le sujet de l’intermodalité est encore à l’ordre du jour. Vous l’indiquez sur votre plan vélo, mais cela devrait être une priorité et une réalité. « 

Monsieur le Président,
Chers collègues,

Notre groupe se félicite du bilan du précédent plan vélo, témoin d’une forte ambition en matière de cyclabilité portée par les anciennes majorités.

Pour des raisons environnementales, économiques et sanitaires, la pratique du vélo est à promouvoir. Nous ne reviendrons pas dessus tant vous maîtrisez cet argumentaire.

En tant qu’AOM, vous avez la compétence sur l’aménagement des voiries cyclables.

Si vous essayez de mettre en avant la création d’un réseau structurant, puis d’un réseau secondaire et de rééquilibrer les projets dans votre présentation, votre projet de mandat est et restera celui des voies lyonnaises.

Du Réseau Express Vélo aux Voies Lyonnaises, votre principale, pour ne dire seule, préoccupation est d’intégrer des autoroutes à vélo à notre Métropole. Les chiffres parlent : ces voies lyonnaises représentent environ 20% du total des 2000kms d’aménagements cyclables et pourtant elles représentent quasiment 60% du budget global que vous nous proposez pour l’ensemble des modes actifs. Et plus de 80% du budget dédié uniquement à la politique cyclabilité.

Il aurait convenu pour cette présentation de faire un état des lieux de ce grand projet : voies lyonnaises, où en sommes-nous ?

Le profil de ces aménagements est bien souvent incompatible avec notre paysage urbain… Incompatible car les largeurs sont trop importantes, incompatibles car il ne suffit pas de tracer des lignes au fer rouge sur une carte s’appuyant sur les relevés des compteurs à vélo pour déterminer où ces chantiers auront lieu, incompatibles car dans la mise en œuvre vous oubliez d’étudier les impacts que ces voies lyonnaises auront sur les territoires.

Je prends l’exemple de la voie lyonnaise 12 :
Sur l’avenue Rockefeller à Lyon entre le Boulevard Pinel et la Place D’Arsonval, c’est la suppression d’un sens de circulation, sur l’Avenue F. Roosevelt à Bron, nous perdons 2 voies de circulation, une dans chaque sens ;
Malheureusement, les voitures n’en disparaîtront pas pour autant… et non… car celles-ci viennent de l’Est lyonnais, du Périphérique et de l’A43, tout autant de territoires peu voire pas desservis en transports en commun ; et là vous oubliez de considérer ce report de trafic ; qui se fera dans nos quartiers et qui viendra polluer la vie de nos habitants, autant au sens propre que figuré. Pire encore, vous oubliez même de considérer les usages de ces territoires avec une réalité d’importance ; la présence de nombreux équipements hospitaliers qui nécessitent une accessibilité fluide et certaine… Le Maire de Bron et les élus locaux que nous sommes ; nous vous avons interpellé sur le sujet mais rien n’y fait.

Et cet exemple n’en est qu’un parmi tant d’autres… Recours administratifs de la voie lyonnaise 11, Voie lyonnaise 7 qui a dû, elle, être annulée, voie lyonnaise 4 qui supprime une voie bus à Limonest… Oui, certains projets sont inadaptés et ne correspondent pas à notre réalité. Et pourtant vous continuez…

Nous vous avons même fait des propositions d’adaptation… mais, encore une fois, rien n’y fait. Permettez-nous donc de douter de la sincérité de vouloir co-construire le réseau cyclable cible avec les Maires. Je crains qu’ici l’adage « il n’est jamais trop tard » ne fonctionne pas.

Notre réalité, notre histoire urbaine et nos pratiques font que la priorité doit aller à l’amélioration continue de notre réseau structurant et de notre réseau secondaire. La réalité de l’état actuel de nos voiries fait que nous devrions en priorité également travailler à la reprise de celles-ci qui deviennent, par de trop nombreux endroits, impraticables. 80% du budget aurait dû être alloué à ces réseaux et ces actions-là.

Oui, le sujet de l’intermodalité est encore à l’ordre du jour. Vous l’indiquez sur votre plan vélo, mais cela devrait être une priorité et une réalité. Inciter à la pratique, favoriser le premier/dernier kilomètre ; le vélo est généralement un mode de transport pour les courts et moyens trajets… « Les petits pas font les grands chemins. »

L’offre de Vélo’v, qui a fait de Lyon la première ville à jouir d’un réseau de vélos en libre-service, devrait être augmentée ; certes en nombres de vélos disponibles, mais surtout en nouvelles stations. Nous devons toujours plus décloisonner et connecter les quartiers mais surtout les communes de première et deuxième couronne. Mais là encore, vous n’y êtes pas.

En somme, votre plan vélo 2024-2030 feint de proposer des actions consensuelles, mais dans les faits nous n’y sommes pas ; pour cette raison, notre groupe s’abstiendra.

Intervention de Marion Carrier au Conseil de la Métropole du 29 janvier 2024.

Délibération N°2024-2098

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