Intervention de Gérard Collomb

Monsieur le Président, 

Au travers de l’adhésion à ANVITA, association créée à Lyon en septembre 2018 par quelques membres de notre Assemblée, c’est le problème des migrations que vous nous posez. 

Problème difficile puisque nous sommes tous pris entre un sentiment d’humanité et un principe de réalité. 

Personne ici ne nie le devoir pour notre pays de pouvoir accueillir celles et ceux qui, au sens de la Convention de Genève, sont des réfugiés pouvant être victime de persécutions dans leur pays, nul ne nie qu’une protection spécifique doit être apportée aux femmes. 

Mais aujourd’hui le problème est différent puisqu’une grande majorité de celles et ceux qui se présentent dans les préfectures pour déposer une demande d’asile, 154 620 en 2019 ( 143 030 pour une première demande, 11 590 pour un réexamen, avec permis eux 34 920 mineurs non accompagnés), seuls 38,6 % se voient accorder une protection par l’OFPRA ou la CNDA. Entre 2002 et 2018, la demande d’asile a été multiplié par 3,5 +247 % et la France est ainsi devenue devant l’Allemagne le premier pays pour la demande d’asile. Lorsque l’on regarde les nationalités concernées, on voit que l’afganistan occupe la première place, ce qui est normal compte tenue la condition de ce pays. Mais qu’ensuite on trouve l’Albanie, la Georgie et la Guinée qui ne connaissent pas de situation de guerre. 

Pour répondre à cette demande, le dispositif national d’accueil a donc vu son nombre de places doublé en 10 ans passant de 42 379 places en 2010 à 98 564 places en 2019 (80 221 places en 2018). 

La ADA (la location pour demandeurs d’asile) atteint 511,8 millions en 2019 contre 317,7 millions en 2018.

Sur les 154 620 personnes demandant l’asile, le taux global de protection accordée par l’OFPRA et la CNDA est de 38,6 %. 

Les personnes n’ayant pas obtenu l’asile devraient donc quitter le territoire et effectivement le nombre OQTF (obligation de quitter le territoire) oscille chaque année entre 75 000 et 90 000. Mais le taux des exécutions est en dessous de 15 %. 

Nous trouvons donc en France un grand nombre de personnes en situation irrégulière. Aujourd’hui 334 546 bénéficient de l’Aide Médicale d’État (AME) réservé aux migrants en situation irrégulière pour un montant supérieur dépassant 1 milliard. 

Mais cela ne dit pas tout de la réalité, un ancien préfet de la Seine-Saint-Denis affirmait que par rapport à l’Aide Médicale d’État, le nombre de clandestins est-elle triple des bénéficiaires de AME.

Dans ces conditions, comment s’étonner que la pauvreté gagne dans notre pays que, malgré l’augmentation du nombre de places dans le dispositif national, qui je le rappelle un doublé en 10 ans, malgré l’augmentation de 40 % entre 2012 et 2016 des places d’hébergement (140 000 places) qui servent souvent maintenant pour l’accueil des migrants aujourd’hui, malgré l’extension des plans froid, on trouve toujours des personnes dans la rue. 

Peut-on dire que c’est là une vraie générosité ? Je ne le pense pas ! 

Je crois qu’il est préférable d’être plus strictes dans l’accueil, mais de mieux accueillir celles et ceux dont on pense qu’ils vont faire leur vie dans notre pays. 

Pour eux il faut déployer des crédits pour un vrai logement, (puis-je rappelle que dans notre pays nous ne construisons chaque année que 34000 PLAI), une vraie formation et une capacité à trouver un métier qui permet de fonder ou de faire vivre une famille. 

Parce que si on dit qu’il faut accueillir tout le monde, ou s’arrêtera-t-on ? Je rappelle que le Nigeria compte aujourd’hui 190 millions d’habitants, mais que les prévisions pour 2050 sont à 410 millions d’habitants. Qui peut raisonnablement dire que l’on peut ouvrir nos frontières sans conditions. 

Et si beaucoup venaient en France ce serait pour quel destin ? On connaît l’exploitation sexuelle des femmes est très souvent des très jeunes filles venues du Nigeria, est-ce cela que nous voulons proposer ? Pour nous l’avenir ne passe ni par les squattes ni par les camionnettes le long des rues de nos villes. 

Je vous remercie.

Gérard Collomb


Conseil de la Métropole de Lyon 14 décembre 2020

Rapport n° 2020-0256 : Développement solidaire et action sociale – Adhésion à l’association des villes et territoires accueillants (ANVITA) et à la fédération européenne des associations nationales travaillant avec les sans-abris (european federation of national organisations working with homeless – FEANTSA- 

Intervention de Gérard Collomb

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