Communiqué de presse du 6 janvier 2022

Une ambition cycliste en trompe-l’œil…

Par communiqué de presse, et dans la droite lignée de ces derniers 18 mois, les Verts s’auto congratulent une nouvelle fois et s’attribuent la responsabilité du développement des pratiques cyclables dans la Métropole de Lyon. 

Jamais un exécutif métropolitain n’aura eu un discours aussi centré de manière obsessionnelle sur un seul mode de déplacements au détriment d’une véritable approche globale et d’une promotion de l’intermodalité.

Les Verts sont prêts à toutes les contorsions pour convaincre que le vélo est un véritable transport de masse. Y compris à jouer habilement sur les chiffres.

Leur communiqué indique « qu’en 2021, près de 38 millions de déplacements à vélo ont été comptabilisés dans la Métropole de Lyon. » Cela est faux : les 78 compteurs de la Métropole comptabilisent les passages de cyclistes et non pas les déplacements. Un même cycliste peut ainsi être comptabilisé plusieurs fois sur le même compteur dans un seul long déplacement 

Ainsi, les passages en vélo enregistrées par les capteurs ont augmenté de 21% par rapport à l’année 2020. Cela doit permettre « à la Métropole de Lyon d’envisager avec confiance son objectif de multiplier par trois les déplacements vélo d’ici la fin du mandat. »

Un simple calcul de taux d’évolution moyen annuel démontre que pour atteindre cette multiplication par 3 des déplacements vélo d’ici à 2026, une augmentation de 20% /an est nécessaire sur le mandat.

Mais rappelons que depuis près de 10 ans, le trafic vélo augmente déjà de 15 % en moyenne par an. La recontextualisation des objectifs sur le long cours permet donc de relativiser les ordres de grandeur affichés par les Verts.

Si cet objectif de multiplication par 3 reste ambitieux, augmenter le trafic de 5 points supplémentaires en moyenne annuelle demeure un pari finalement assez peu risqué au vu du développement antérieur des pratiques cyclables, de l’augmentation de l’offre proposée par les Verts ainsi que la très forte communication déployée autour de cet objectif.

Ce n’est pas moins de 200 000€ en communication qui avaient été déployés pour le simple lancement des Voies lyonnaises, cela d’ailleurs en contradiction totale avec les engagements des Verts sur la publicité numérique. Nous n’oublions pas également que les 250 km d’aménagements des Voies lyonnaises attendues d’ici 2026 se feront sur près de 100km sur des voies cyclablesdéjà préexistantes.

… Et qui ne nous dit absolument rien sur le fond des pratiques de mobilité

Si indubitablement, la transformation des pratiques s’accélère, l’augmentation des chiffres des déplacements en vélo, agitée comme un mantra motivant et justifiant toutes les actions des Verts, ne nous dit rien sur la mobilité réelle des Grands Lyonnais. 

Avec ce seul chiffre, il est impossible de faire la part des choses sur la réalité qualitative et quantitative de la progression de l’usage du vélo.

Y-a-t-il une explosion des déplacements en vélos ou simplement des déplacements tout court ? 

Pour le savoir, il faudrait que les Verts commencent à raisonner en termes de part modale des déplacements et non plus en termes de progression chiffrée du nombre de passages comptabilisés.  

Ils sont pourtant bien incapables d’indiquer l’évolution de la part modale du vélo et des autres modes de déplacement dans l’agglomération. Depuis l’enquête déplacements de 2015, aucune étude n’a été lancée pour réévaluer les pratiques de mobilité. C’est donc sur ces chiffres de 2015, déconnectés de la réalité de 2022,que les Verts communiquent par exemple concernant la fréquentation routière de l’axe Nord-Sud dans le cadre de la concertation « Rive droite du Rhône ». De plus, si la part modale du vélo progresse bien en réalité, quel autre mode de déplacement voit sa part modale diminuer ? 

Tout laisse supposer que la hausse des pratiques cyclables se fait en partie aux dépens de la fréquentation des transports en commun.

Le bilan 2020 de Coraly et les chiffres de fréquentation semblentaller dans ce sens : en centre-ville, les usagers des TCL sont restés fidèles pour seulement 37% d’entre eux, 8% se sont rabattus sur le vélo, 5% sur la voiture, 3% sur la marche à pied, et respectivement 15 et 28% ont renoncé à un déplacement soit par perte d’activité, soit par le télétravail et le chômage partiel. 

L’étude COVIMOB d’octobre 2020 indique par ailleurs que : « A l’inverse, l’usage post-confinement de la bicyclette sur les trajets domicile-travail se nourrit de l’arrivée d’utilisateurs d’autres modes de transport. Si, dans les communes périphériques de la métropole il existe un report depuis les déplacements en voiture, dans les zones Lyon – Villeurbanne et Métropole hors Lyon-Villeurbanne, le report modal vers le vélo se fait majoritairement depuis les TC, à hauteur de, respectivement, 28 et 20% : la défiance vis-à-vis des transports en commun a incontestablement nourri la dynamique d’usage de la bicyclette comme mode de transport habituel sur les trajets domicile-travail. »

Le niveau de fréquentation du réseau TCL par rapport à 2019plafonne d’ailleurs autour de 85% depuis la rentrée de septembre2021.

Ainsi, contrairement au discours des Verts, ce n’est pas tant des voitures qui se sont évaporé des routes pour laisser la place auxvélos que des usagers des transports en commun. Cela n’est pas sans poser question sur le modèle de financement des transports publics dépendant fortement des recettes de billetterie. Le SYTRAL a ainsi perdu 89 millions d’€ de recettes billetterie en 2020 et 65 millions en 2021. À quand une véritable politique de Bruno BERNARD pour relancer l’attractivité et la fréquentation des transports en commun ?

Des voiries publiques en voie de saturation

Avec l’augmentation des pratiques cyclistes, nos voiries sont ainsi de plus en plus utilisées et toujours plus pour des modes de transports individuels. 

L’augmentation de la fréquentation augmente aussi les conflits d’usage de voirie des cyclistes avec les véhicules motorisés certes, mais aussi avec les piétons ou encore entre cyclistes.  

Se focaliser sur un tout cyclable, imaginé qui plus est, comme un seul type d’usager homogène dans ses pratiques est une erreur des Verts dans la conception des Voies lyonnaises. Même sur piste séparée et sécurisée, nous avons affaire à des usages différents et parfois incompatibles : du vélotaf, des déplacements familiaux et d’agrément ou une pratique plus sportive ne recouvrent pas la même réalité ! Les accidents se multiplient et alors que les Verts communiquent allégrement sur l’accidentologie routière, nous ne disposons toujours d’aucun chiffre concernant l’accidentologie liée aux modes actifs !

Dans le prolongement de ce qui a déjà été réalisé dans cette agglomération en faveur du vélonous sommes pleinement acquis au développement des pratiques cyclables et à une véritable révolution culturelle concernant la place du vélo.

Mais cela ne peut se faire qu’en rendant possible par la pédagogie et des infrastructures adaptées aux besoins la cohabitation entre usages pour que chacun puisse se mettre à la place des autres usagers de la route et éviter de cliver encore plus notre société.

Obnubilés par leur grand projet de Voies Lyonnaises, les Verts occultent d’ailleurs totalement la nécessité de développer des pistes cyclables de proximité dans nos territoires et nos communes. 

Malheureusement, sur ce sujet, les Verts en sont encore au stade d’une obsession maladive pour une vision monolithique des cyclistes doublée d’une tendance à la communication à outrance.

Louis Pelaez et Christophe Geourjon 

pour les élus du groupe Inventer la Métropole de demain

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