Tout d’abord, pour répondre à l’urgence de la crise sanitaire et économique, la majorité propose au vote un package de 16 mesures, sans réelle cohérence et colonne vertébrale. Plus de deux semaines après la mise en place du nouveau confinement, ces mesures s’apparentent fortement à une simple reprise des mesures décidées lors du premier confinement, sans réelle mesure de l’urgence économique et sociale.

Aider 5 associations sur 70 identifiées et 150 commerces sur 6500, ce n’est ni concret ni suffisant.
C’est pour proposer une solution concrète et qui puisse répondre rapidement à la problématique de ce secteur d’activité que le groupe Inventer la Métropole de demain a proposé au Président Bruno Bernard d’inscrire la création d’une plateforme de e-commerce métropolitaine locale à l’ordre du jour de notre commission permanente. Nous regrettons que rien n’ait été décidé dans ce sens.

Intervention de Christophe Geourjon

Monsieur le Président,

Enfin ! C’est le premier mot qui nous vient à l’esprit. Pourtant, plus de deux semaines après l’instauration du confinement, les mesures que vous nous proposez aujourd’hui manquent de souffle et s’apparentent fortement à une reprise des mesures décidées lors du premier confinement. Rien ne justifie donc un tel délai d’annonce et encore moins d’action.

Notre groupe approuvera cependant ce package d’annonces, qui est un peu fourre-tout. L’accent mis sur le social pour traverser cette crise est une bonne chose ainsi que l’accompagnement psychologique pendant mais aussi après le confinement.

Je souhaite faire un focus sur la situation des commerçants et des artisans de proximité. Depuis maintenant quelques années, ils vivent une situation dramatique : concurrence des hypermarchés, Gillets jaunes, manifestations à répétition,… Cette crise sanitaire, et les confinements qui l’accompagnent, est un vrai coup de massue pour ce secteur déjà fragilisé. Pour mémoire le 1erconfinement avait induit une perte vertigineuse de chiffre d’affaire de -94% pour les commerces de proximité. Ce 2ème confinement arrive à une période stratégique pour les commerçants : celle de la préparation des fêtes de fin d’année. Pour certains de nos commerçants les mois de novembre et décembre représentent 50% de leur chiffre d’affaire !

Avec 6 500 commerçants représentant plus de 30 000 emplois dans la Métropole de Lyon l’enjeu économique est majeur mais je souhaite aussi souligner le rôle des commerces de proximité dans la vie de nos communes. Les commerces c’est l’âme de nos rues, la convivialité de se retrouver dans un quartier vivant, dynamique, attractif et plus sure. Oui les commerçants remplissent aussi une mission d’intérêt général. 

Monsieur le Président, votre réponses face à cette crise majeure n’est pas au niveau. Vous proposez de subventionner à hauteur de 10 000€ chacune 5 associations de commerçant, alors que la métropole en compte une cinquantaine. Vous proposez d’apporter un conseil à la digitalisation pour 150 commerçants sur les 6 500 présents sur notre territoire. Si la situation n’était pas aussi grave nous pourrions penser que c’est un gag !

Aujourd’hui les principaux concurrents de nos commerces se sont les grandes plateformes de e-commerces et particulièrement le leader mondial Amazon. En 2019 le chiffre d’affaire cumulé des achats en ligne en France représentait 40,37Md€, en hausse de 5,9% par rapport à 2018. Pour 2020 les prévisions tablent sur une hausse de 20% ! Nous sommes face à une lame de fond qui peut tout emporter sur son passage ! Notre urgence et notre responsabilité est d’accompagner nos commerçants et nos artisans de proximité pour qu’ils puissent lutter à armes égales face à ces géants de l’e-commerce à court terme avec l’enjeu des fêtes de fin d’année, mais aussi pour les années à venir!

Durant la campagne électorale Yann Cucherat avait proposé la création d’une plateforme de e-commerce pour les commerçants Lyonnais. Dès le 2 novembre je vous proposais de mettre en place une telle plateforme à l’échelle de la Métropole de Lyon, le 9 novembre, je vous ai transmis une lettre ouverte en vous suggérant d’inscrire la création d’une plateforme de e-commerce métropolitaine localeà l’ordre du jour de notre commission permanente. Vous avez décidé de ne rien faire nous le regrettons. 

Pour répondre à l’urgence économique du au confinement, mais aussi pour préparer l’avenir, de nombreuses agglomérations Françaises ont décidé d’agir : Roanne, le Grand Nancy, Caen. OUI nous sommes convaincus qu’une plateforme métropolitaine de e-commerce 100% locale, éthique, transparente et durable est nécessaire. 

À la veille des fêtes de fin d’année, ne rien faire c’est tourner le dos à nos commerces de proximité. Ne rien proposer, c’est précipiter nos commerces dans les bras des géants du numériques qui proposent tous d’accueillir les commerces de proximité sur leurs plateformes. Je vous rassure, ce n’est pas par philanthropie, leur objectif est d’augmenter leur part de marché, leur poids économique, mais aussi de verrouiller la logistique du dernier kilomètre. Face à eux, sans alternative locale, comment la métropole pourra t elle conduire une politique durable de la logistique … c’est pourtant une clef importante pour lutter contre la pollution de l’air !

Vous le voyez, derrière l’enjeu de la survie aujourd’hui du commerce de proximité et des emplois associés, il y a aussi l’enjeu de préserver la vie de nos centres-villes, d’améliorer la logistique du dernier kilomètre, d’améliorer nos modes de productions … 

Une chose est certaine, nos commerçants ne peuvent se permettre de passer à côté des fêtes de fin d’année. Il faut donc agir plus fortement. Dans le cas contraire, ce que nous trouverons au pied du sapin le 26 décembre, ce ne sont pas des présents et des jours heureux en compagnie de nos proches, mais des rideaux baissés qui ne se rouvriront plus, des faillites et des drames humains. C’est là un chemin bien sombre, où le lien de proximité irrémédiablement atteint nous entraînerait, de fait, dans une société encore plus morcelée et repliée sur elle-même.  

Monsieur le Président, les mesures proposées pour venir en aide aux secteurs économique, social et culturel doivent être concrètes et doivent être très rapidement mis en place. Aider 5 associations sur 50 et 150 commerces sur 6500, ça n’est ni concret ni suffisant. 

L’action de la Métropole doit être à la hauteur, nous avons déjà 2 semaines de retard, Monsieur le président j’ai bien entendu vos propos introductifs indiquant que d’autres actions pourraient être lancés à court terme les commerçants et artisans de la métropole espèrent donc de nouvelles actions plus ambitieuses ! 

Je vous remercie.

Christophe Geourjon


Les principes de la plateforme e-commerce proposée :

Une plateforme 100% locale : 

  • Une plateforme portée par la métropole, mais en partenariat avec les 59 communes et leur maires. Le territoire métropolitain permet à la fois de conserver la proximité (contrairement à l’échelon régional) tout en ayant une très grande diversité de l’offre commerciale (contrairement à l’échelon communal).
  • Une plateforme réservée aux commerces de proximité de nos centres-villes. Pour être référencé sur la plateforme, il serait nécessaire d’avoir une boutique physique dans une des communes de la métropole et de ne proposer que les articles également disponibles en magasin. Moyen ainsi d’éviter toute dérive sur la nature des produits proposés. Cette plateforme serait donc une 2èmevitrine pour nos commerçants et artisans. 

Une plateforme éthique, transparente sans commission : 

  • Alors que la Commission Européenne soupçonne Amazon de concurrence déloyale, d’exploitation illégale des données et de privilégier la mise en avant des produits lui assurant la marge la plus importante une plateforme métropolitaine permettrait de mettre en avant des commerçants locaux, des produits fabriqués localement ou Made in France. De plus l’absence de commission sur cette plateforme métropolitaine permettrait de renforcer la compétitivité et la dynamique de nos commerçants de proximité.

Une plateforme durable : 

  • Une plateforme métropolitaine permettrait de réduire l’impact du dernier kilomètre, l’impact des livraisons. En effet il serait possible :
    • de privilégier le retrait chez le commerçant ce qui permettrait de conserver le lien humain et de renforcer la visibilité du commerce, 
    • d’organiser des points de retraits mutualisés dans des espaces type parcs relais, stations de métro … 
    • mais aussi d’organiser des livraisons responsables aussi bien écologiquement que socialement. Un exemple, dans le 7ème arrondissement la société BeCycle assure des livraisons à vélo en ayant fait le choix sociétal de travailler sur un modèle salarial et non d’uberisation. Cette société qui a plus de 15 ans compte bientôt 20 salariés, elle continue a se développer et ce sans subventions. 

Commission permanente du 16 novembre 2020

Rapport n° 2020-0326 : Mesures d’urgence à caractère social, économique et culturel de la Métropole de Lyon

Intervention de Christophe Geourjon

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