Alors que le déploiement de la 5G est au cœur d’une polémique nationale, Gérard Collomb a pris la parole en conseil métropolitain pour poser le débat au-dessus des contingences dogmatiques.
Il a ainsi rappelé pourquoi cette technologie est à la fois nécessaire pour assurer la pérennité de nos usages numériques actuels, mais tout aussi stratégique pour le développement de nos usages futurs.
La Ville des Lumières ne peut passer à côté de la prochaine étape de la révolution numérique.
Intervention de Gérard Collomb
Monsieur le Président,
Pour ce rapport il s’agit de désigner nos représentants à l’assemblée générale de l’association French Tech. C’est pour nous quelque chose d’important parce qu’en l’espace de quelques années le numérique à Lyon est devenu avec les sciences du vivant et la chimie verte l’un des piliers majeurs de notre économie.
C’est aujourd’hui plus de 7000 entreprises, 50000 emplois, plus de 1600 startups soit 10% du nombre total des startups françaises, cinquante structures travaillent aujourd’hui à accompagner le développement de cette filière (incubateurs, clusters, pôle de compétitivité, etc.), 600 évènements étaient avant le COVID organisés chaque année, 220 Md ’Euros avaient été levés en 2018. Lyon se place ainsi en deuxième position après Paris pour ce qui est de l’activité numérique.
C’est parce que nous avons réalisé cette montée en puissance dans le domaine du numérique que l’installation de la 5G à Lyon revêt une telle importance.
La 5G on le sait va permettre un débit 10 fois plus important, un délai de transmission divisé par 10 et une fiabilité totale de la communication.
Les villes engagées dans le développement de l’économie numérique ne sauraient donc balayer d’un revers de main le nouveau progrès que va représenter l’installation de la 5G car elle donnera une productivité plus forte à ceux qui pourront en bénéficier.
C’est sans doute ce qui a amené la maire de Paris Mme Hidalgo, qui M. le Président a appelé à votre élection dans cette agglomération, à annoncer qu’elle ne voterait pas le moratoire sur la 5G qui sera présenté à Paris comme il sera tout à l’heure présenté à cette assemblée.
En fait la 5G est une étape supplémentaire dans une histoire numérique qui n’a cessé de se renouveler et de progresser depuis trente ans : la 1ère génération de mobiles avaient permis d’envoyer des SMS, à partir de 1982 la 2G allait permettre d’y ajouter des MMS. En 2000 la 3G allait offrir un accès à Internet mais il était encore restreint. C’est la 4G qui allait permettre d’utiliser pleinement internet, de lire des vidéos, d’utiliser des applications, ce que nous connaissons aujourd’hui.
Alors pourquoi vouloir déployer la 5G aujourd’hui. Non pas comme l’affirmaient certains pour avoir une meilleure netteté de l’image même dans les ascenseurs. Mais pour une première raison, évidemment essentielle, c’est qu’avec une augmentation de consommation de données de 40% par an, le réseau 4G sera saturé dans deux ans.
Et ce n’est pas ici où l’on a distribué à chaque élu de la Métropole une magnifique tablette pour dématérialiser toutes les données de notre assemblée que l’on s’insurgera contre cette augmentation des usages.
Le deuxième intérêt du déploiement de la 4G est surtout que grâce à sa capacité de débit, la réduction des délais de transmission et la fiabilité de la communication, la 5G permettra dans quelques années lorsque la bande des 26 gigahertz sera mis à disposition (2022) une véritable révolution : celle de l’internet des objets.
Par sa capacité à gérer des flux massifs d’information (une seule antenne permettra d’absorber des données d’un millions d’objets connectés au km²) mais aussi de les traiter en temps réel, elle va ouvrir des nouveaux usages dans tous les domaines de nos métiers comme de notre vie.
D’abord puisqu’on met souvent en avant pour s’y opposer les aspects sanitaires, mais j’y reviendrai, elle offrira des champs nouveaux à la télémédecine : un spécialiste pourra venir assister à distance un de ses confrères pour établir le diagnostic de telle ou telle maladie.
Plus, avec la Télé chirurgie, il pourra même guider à distance (d’un continent à l’autre) des robots chargés d’effectuer les opérations les plus complexes.
Dans le domaine de la formation, elle permettra d’apprendre tel ou tel geste de manière virtuelle ce qui permettra d’en avoir acquis une maîtrise parfaite quand on aura à les effectuer dans la réalité.
Elle sera au cœur de la ville intelligente : contrôle des flux de circulation, capacité à faire se déplacer les voitures autonomes, à gérer mieux nos réseaux d’eau ou d’électricité.
Dans l’agriculture, la 5G permettra un arrosage raisonné, elle permettra de détecter de manière préventive les maladies des plantes réduisant ainsi les besoins d’utilisation des produits phytosanitaires, les nouveaux tracteurs pourront travailler seuls.
Réalité virtuelle et réalité augmentée permettront aux architectes, aux designers de mieux concevoir leurs projets.
Le numérique ouvrira des dimensions nouvelles dans le domaine de l’art.
La 5G permettra surtout de transformer totalement nos usines et de donner vie à cette industrie du futur où les capteurs connectés pourront prévoir l’usure des machines, prévenir les pannes, reconfigurer les chaines de production comme on l’a vu pour le COVID où en un temps record on était capable de changer les chaines de nos usines automobiles pour fabriquer les appareils respiratoires qui nous manquaient
Alors reste la question du risque sanitaire. Je veux d’abord souligner que dans le vœu qui sera présenté tout à l’heure, on se réfère à tous les paragraphes avec une certaine nostalgie à la 4G. Il me faut donc rappeler que lors de son installation j’ai eu exactement les mêmes pétitions et les mêmes manifestations qu’aujourd’hui, refusant la pose de toute antenne parce que susceptible d’entraîner des cancers ou d’autres maladies. Il m’a donc fallu beaucoup d’énergie pour installer cette 4G qui aujourd’hui semble tellement faire consensus.
Pour ce qui est de la 5G, je veux attirer votre attention sur le fait que toute une série d’institutions sanitaires se sont déjà prononcées :
La commission internationale de protection contre les rayons non ionistites avis en 2018 – 2020
- En grande Bretagne le public Health le 17 avril 2012
- En Allemagne le BFS le 30 août 2018
- En Finlande le 6 janvier 2019
- En Norvège en janvier 2019
- En Suisse le 18 novembre 2019
L’OMS a déjà quant à elle recueilli 350 études sur ce sujet.
Mais il est vrai que les innovations suscitent toujours des peurs.
C’est vrai dans le domaine des TIC. Mais cela l’est dans d’autres domaines dont pourtant nous attendons tant aujourd’hui. Je me souviens qu’il y a quelques années beaucoup de ceux qui se battent contre la 5G, se battaient alors pour refuser toute vaccination avec le risque de faire réapparaître dans notre pays des maladies qu’on croyait éradiquées.
Au fond, on a là un vieux clivage entre ceux qui croient à la science et au progrès et celles et ceux qui, dans une démarche malthusienne pensent qu’il faut au contraire les redouter.
C’était déjà vrai lors de la 1ère révolution industrielle lorsque les ouvriers du textile anglais, les luddistes appelaient à casser les machines. C’est me semble-t-il ce combat-là qui est au cœur des polémiques sur la 5G.
Je vous remercie.
Gérard Collomb
Conseil du 5 octobre 2020
Rapport n°2020-0153 : Assemblée générale de l’association Lyon French Tech – Désignation d’un représentant du Conseil
Intervention de Gérard Collomb