Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les élus, 

Le logement constitue indéniablement un élément central de notre politique sociale, à ce titre les mesures qui lui sont attachées doivent concentrer notre attention, faire l’objet d’une vigilance accrue et mobiliser des moyens conséquents afin de créer un climat vertueux au service des Grands Lyonnais. 

Or, la situation du logement se complexifie de jour en jour. Il s’agit, pourriez-vous me dire, d’une constatation observable à l’échelle nationale, causée par une conjoncture économique éminemment défavorable, une hausse des taux d’intérêt et une inflation qui affectent nos concitoyens ces derniers mois. Certes, la tendance nationale n’encourage pas à l’optimisme, néanmoins la situation propre de la Métropole concernant l’accessibilité au logement est inquiétante, s’aggrave, et de fait nécessite une réaction forte des pouvoirs publics. 

La Métropole de Lyon, dispose ainsi de nombreuses spécificités en la matière, parmi lesquelles la dénomination « Métropole de l’exclusion » évoquée avec gravité par la fondation Abbé Pierre dans la déclinaison de son rapport national consacré à l’accès au logement au sein de la Région Auvergne Rhône-Alpes qui ne peut que nous interpeller.

Notre Métropole fait donc figure en la matière de mauvais élève, le triste bilan de la fondation Abbé Pierre ne fait qu’alimenter nos craintes, conforte nos alertes et confirme un sentiment largement palpable des Grands Lyonnais dont les peines sont immenses pour accéder à la propriété.  Cette crise du logement est d’autant plus grave, qu’elle concerne en réalité tous les types de logements :

  • Une vente de logements neufs au plus bas depuis 10 ans, les chiffres de l’année 2022 sont les pires de la dernière décennie. La tendance semble se confirmer sur l’année 2023 ce qui n’encourage en la matière pas à l’enthousiasme. Le manque de nouvelles constructions est régulièrement pointé du doigt par les professionnels du secteur. Une offre largement en deçà de la demande, qui laisse de nombreux primo accédants à la propriété de côté, avec des prix qui dépassent l’entendement, voici donc le terrible constat. Une des causes majeures de cette situation réside notamment dans votre frilosité en matière d’urbanisme et notamment de construction qui pèse aujourd’hui directement sur nos concitoyens.
  • La rareté des logements neufs influe ainsi inévitablement sur les prix de l’ancien qui ne cessent d’augmenter et demeurent d’autant plus inaccessibles, ce qui renforce le caractère excluant de la Métropole pour la majorité des ménages.
  • Concernant les logements sociaux votre échec est en la matière navrant. Pourtant les promesses furent ambitieuses et porteuses d’espoir avant de rapidement déchanter. La promesse des 6000 logements sociaux par an reportée, nous devons nous attacher à un constat :  vous avancez un chiffre de 3471 logements sociaux agréés sur l’année 2022, visiblement cette production ne semble pas apte à atténuer la tension d’un secteur où les plus précaires sont gravement lésés. 

Ainsi la problématique est globale, comme une énième représentation de ce cercle vicieux, la hausse des prix de l’immobilier explique en partie l’impossibilité pour de nombreux ménages de sortir du parc HLM pour se tourner vers d’autres types de logements, bloquant toute rotation au sein de ce parc pour de nouveaux entrants en faisant la demande.  Ce sont encore une fois les populations les plus précaires qui souffrent, Monsieur le Président, de cette difficile situation.

Vous aurez l’occasion de détailler vos projections, concernant les logements sociaux, lors de la prochaine délibération. Nous vous écouterons en la matière avec attention…

Vous l’aurez compris, tous les types de logements font les frais de cette crise, de fait aucune catégorie de ménage na la capacité daccéder sereinement à la propriété au prorata de leurs besoins !

Si nous avons conscience de la complexité de la situation, l’action métropolitaine doit s’insérer, je le répète, dans un cercle vertueux et ne pas s’avérer contre-productive. Les exemples sont, en la matière pluriels et navrants. 

Outre les réticences en matière de production de logements neufs déjà citées (2500 ventes en 2022), la hausse surprise de la taxe foncière portée par vos homologues de la ville constitue également une mesure dissuasive pour tous les primo accédant à la propriété. Enfin, l’encadrement des loyers ne semble pas avoir apporté une solution miracle à un marché locatif également en souffrance, pire encore les professionnels du secteur, notamment l’Union des syndicats de l’immobilier, pointent du doigt les externalités négatives d’une telle mesure avec une fuite des bailleurs qui conduit à une vacance des logements ou une vente, à des prix bien évidemment inabordables, une nouvelle fois. La crise du logement qui sévit sur notre territoire ne peut donc être imputée au seul contexte national délétère, et réside en grande partie dans vos choix, menés une nouvelle fois sous le prisme de votre unique réflexion, en antinomie totale les enjeux territoriaux.

La situation se complexifie de jour en jour, les perspectives s’assombrissent pour de nombreux ménages, impactant au-delà du logement les acteurs économiques et culturels et de fait l’attractivité de notre territoire. L’accès à la propriété est un gage d’émancipation économique, sociale et personnelle, conduisant à la vitalité d’un territoire riche dans sa diversité, qui ne doit pas être l’apparat de quelques-uns. 

La crise du logement en entraine d’autres, ces crises sont notamment économiques, familiales et éducatives :

  • La hausse des prix du logement est une source de paupérisation importante et une des considérations majeures d’un pouvoir d’achat en berne pour nombre de nos concitoyens.
  • La rareté des biens disponibles augmente les coûts, oblige bien souvent au choix d’un logement non adapté à la réalité familiale des occupants : je pense bien évidemment aux familles nombreuses, aux familles recomposées. La corrélation entre la qualité de l’habitat, la sérénité de l’environnement familial au cœur de cet habitat avec la réussite scolaire et professionnelle n’est plus à démontrer. Ainsi, agir sur le logement est une absolue nécessité qui permet en réalité de prévenir de nombreux risques sociaux.

En ce sens, nous vous appelons à assumer vos responsabilités en la matière, en menant une politique renouvelée, ne laissant aucun de nos administrés de côté. Conscient du caractère ardu de la tâche, qui impose de fait une action collégiale et consensuelle pour une problématique qui nous touche toutes et tous dans nos sensibilités les plus profondes, nous vous assurons de notre soutien constructif pour toute mesure visant à une amélioration de cette intolérable conjoncture

Je vous remercie.

Intervention de Nathalie FRIER en commission permanente du 22 mai 2023

Rapport n°CP-2023-2392

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