Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les élus, 

Il y a certains sujets qui impactent profondément nos sensibilités, nous imposent à travers notre statut d’élu une préoccupation certaine, et qui doivent faire l’objet d’un humanisme sincère. La lutte contre le sans-abrisme fait indéniablement partie de ces sujets complexes, aux conséquences intolérables, que nous devons appréhender sans aucun détour de regard, avec force de conviction, pragmatisme et humanité. Ce combat pour défendre et préserver les droits de chacun obéit à une logique plus globale, celle d’une tradition de l’accueil et de l’accompagnement ancrée dans la genèse même de notre territoire qui a toujours promu la solidarité comme une valeur cardinale.

Selon les estimations de la municipalité réalisées à l’occasion de la Nuit des solidarités ce sont entre 700 et 800 personnes qui sont actuellement sans abris à Lyon, bien évidemment davantage si nous prenons en compte le territoire métropolitain dans son entièreté. La grande précarité se démocratise et obéit à une nouvelle sociologie. Les crises sanitaires, économiques et sociales successives ont renforcé certaines formes de précarité, en ont initié d’autres, pouvant atteindre chaque personne, à tous les âges.

Ce sans-abrisme, visible de tous de Jean Macé, à la place de Milan jusqu’au environs même de cet Hôtel de Métropole, nécessite de faire émerger une véritable politique sociale renouvelée et adaptée, de développer un terreau fertile pour offrir à chacun des conditions de vie dignes et adaptées dans les domaines clés de la santé, du logement, de l’éducation, de l’insertion afin que cette Métropole demeure véritablement celle de l’hospitalité, de l’émancipation.

La première considération à intérioriser est celle de l’urgence de la situation. Cette urgence nous impose de saisir toutes les mains tendues, afin d’œuvrer au service d’une cause qui fait naturellement naitre les consensus les plus sincères. Nous saluons à ce titre les initiatives menées conjointement avec les services de l’État, les communes de la Métropole, les acteurs du secteur social ainsi que les associations dont les travaux menés sur le terrain sont d’une importance inestimable, tant pour agir auprès de ceux qui en ont besoin, que pour informer les pouvoirs publics des besoins de ces personnes aux parcours différenciés. 

Également, il convient de prendre acte de la grande hétérogénéité des publics concernés, disposant d’histoires singulières et d’attentes éminemment spécifiques. Cette hétérogénéité nous oblige à œuvrer avec clairvoyance afin de garantir un accueil et un accompagnement inconditionnel.  Agir pour tous au regard des besoins spécifiques de chacun, telle doit être la marche à suivre. 

C’est ainsi, au regard de ces éléments que nous soutenons toutes initiatives métropolitaines agissant pour lutter contre ce fléau du sans-abrisme et toutes les formes de précarité. Je pense au Projet Métropolitain des Solidarités et aux dispositifs menés dans le cadre de la Métropole de l’hospitalité, objet de cette présente délibération. 

Néanmoins, tel que nous avons pu l’exprimer lors du dernier Conseil de la Métropole lors des débats autour de la présentation du nouveau PMS pour la période 2023-2026, si nous encourageons tout naturellement la pérennisation de telles politiques, nous veillons en parallèle à ce que ces dernières disposent de moyens corrélés à leurs ambitions. En la matière nous disposons de quelques craintes légitimes. Les actions de lutte contre le sans-abrisme doivent ainsi obéir à une logique d’efficience, d’humanité pour œuvrer de la manière la plus efficace possible au service des plus précaires, et ne peuvent ainsi se contenter de simples déclarations d’intention, aussi sincères soient-elles, qui s’avéreraient inefficaces

Plus encore, il semble qu’un nouveau pragmatisme doit émerger, celui d’un accompagnement réel sur le long terme, de l’aide d’urgence à l’épanouissement le plus total. Ceci implique la mise en place de moyens humains, matériels et financiers inédits, dirigés vers une seule et unique direction, celle de l’hospitalité et de l’émancipation.

Nous disposons donc d’un souhait Monsieur le Président, le souhait qu’ensemble, car oui la collégialité est plus que jamais indispensable sur ces sujets, nous donnions un sens à notre action sociale avec ambition, respect et dignité, afin qu’aucune personne sur le territoire métropolitain ne soit laissée de côté sur le chemin de l’émancipation et de la réussite. 

Je vous remercie.

Intervention de Nathalie FRIER lors de la commission permanente du 22 mai 2023

Rapport n°CP-2023-2311

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *