A la suite du premier tour des élections régionales, Louis Pelaez est intervenu pour regretter le très fort taux d’abstention à ces élections, car la démocratie représentative n’a plus grand-chose de représentatif lorsque moins d’un tiers des votants se déplace.

Cette intervention est aussi l’occasion d’appeler à la concorde après une campagne des régionales très rude : le Président de la Métropole et le futur exécutif régional doivent travailler en bonne intelligence.

Pour répondre à cette crise démocratique, une première solution pourrait être de prendre conscience qu’aucun exécutif ne peut avoir la prétention de représenter à lui seul l’ensemble des citoyens et donc d’associer davantage les élus minoritaires.

Intervention de Louis Pelaez

Monsieur le Président, chers collègues,

« Une démocratie sans électeurs n’est pas une démocratie », sur ce point au moins, je suis d’accord avec Jean-Luc Mélenchon. L’abstention abyssale, l’abstention de dingue, le désastre démocratique, tous ces termes que j’ai entendu hier soir sont une réalité qui nous oblige, comme nous l’avions déjà dit après l’autre désastre démocratique que nous avions connu lors des élections municipales et métropolitaine, nous oblige a beaucoup d’humilité. Hier soir, tout le monde a perdu et particulièrement la démocratie. La démocratie représentative n’a plus grand chose de représentative quand elle se réduit au choix de moins d’un tiers des votants. Dans ces conditions, personne ne peut « représenter » l’ensemble de l’électorat et même pas une majorité même relative de l’électorat.

Mais quoi qu’il en soit, avec la future présidente ou le futur président de région, notre collectivité devra travailler en bonne intelligence avec la Région. 

Car sur des sujets phares pour notre territoire comme le RER à la Lyonnaise ou le Lyon-Turin, nous aurons besoin de pleinement coopérer. 

Il y a le temps de la campagne, elle n’est pas finie, où les mots peuvent être très durs d’un côté comme de l’autre. Et puis il y a le temps de l’action qui impose une certaine retenue. Qui impose de voir l’autre non pas comme un adversaire mais comme un partenaire au service de l’intérêt général. Nous espérons pouvoir compter sur l’esprit de concorde de chacun, au service de l’intérêt général.

De concorde nous aurons bien besoin après ces résultats. Car tous autant que nous sommes, nous ne pouvons pas nous satisfaire qu’un exécutif, quel qu’il soit, ne soit élu qu’avec 15% des voix des inscrits.

Si l’on ne veut pas demain qu’une véritable désaffection du vote s’installe, y compris sur les élections considérées comme incontournables…

Si l’on ne veut pas que les élections ne soient plus que le fait de minorités agissantes, il nous faut un véritable sursaut démocratique.

Si poser ce constat paraît facile et semble même devenir un poncif de soirée électorale, agir est plus difficile.

Nous n’avons pas la prétention de vouloir apporter ce matin des solutions simples et convenues à ce problème à ce véritable défi de crise de la représentativité qui se pose tant au niveau local, national qu’international.

Mais nous n’oublions pas vos promesses d’aspiration à une démocratie renouvelée, plus ouverte et transparente.

Aussi, nous faisons le souhait et la demande que cette progressive sortie de crise sanitaire et de retour de la vie consacre aussi le retour à plus de vitalité démocratique dans notre collectivité. 

Monsieur le Président, votre exécutif et votre majorité ne peuvent prétendre à représenter à eux seuls notre Métropole.  Dans sa richesse, dans sa pluralité, dans ses contradictions.  S’il fallait encore une preuve, nous l’avons eu hier soir.

Je refais mienne cette citation de Paul Ricœur : « Est démocratique, une société qui se reconnaît divisée, c’est-à-dire traversée par des contradictions d’intérêts, et qui se fixe comme modalité d’associer à parts égales chaque citoyen dans l’expression, l’analyse, la délibération et l’arbitrage de ces contradictions. »

La réponse que vous apportez à ce jour avec l’ouverture de quelques concertations ne résoudra pas ce fossé démocratique. 

Un début de solution passe déjà par une réelle considération des représentants minoritaires de cette assemblée. 

Pour que les différentes sensibilités politiques de nos concitoyens puissent savoir que leur voix porte dans notre assemblée, qu’elle est écoutée même si elle ne l’emporte pas toujours dans les arbitrages.

Pour qu’ils sachent qu’on ne gouverne pas contre eux mais pour tous, pour l’intérêt général. 

Voilà près de 3 mois que nous n’avions pas été réunis en Conseil Métropolitain pour porter un débat pluraliste et contradictoire. 3 mois, 90 jours, 130 000 minutes.

C’est bien trop peu pour faire vivre la démocratie locale.

En l’absence de débats, ne vous étonnez donc pas des différentes interpellations parfois dures, je le reconnais, auxquelles vous faites face.

Vous reprenez à votre compte le vieil adage « l’opposition s’oppose ». Mais nous ne sommes pas dans une opposition stérile de principe. 

Comment pourrions-nous être redevables de nos actions devant les citoyens si nous ne sommes associés à rien, si nous ne sommes jamais consultés et à peine informés ?

Comment donner du sens et pousser à l’engagement public et citoyen si c’est le régime des « 50% et 1 voix contre les 49% restants ? », cette tyrannie de la majorité ne fonctionne pas surtout si ces 50% ne représentent que 15% des inscrits.

Car au fond, si nous sommes minoritaires aujourd’hui en sièges, votre projet peut paraître tout autant minoritaire dans la population.

Vous le savez aussi bien que nous, nous l’avons constaté hier soir…même M. Jadot l’a reconnu publiquement.

Les trop nombreuses polémiques qui ont entaché cette première année de mandat ne sont pas le fait d’un écolobashing ou d’une cellule organisée par le Gouvernement comme vous l’affirmez Monsieur le Président.  Mais plutôt la réaction d’une partie de la population, que je n’irai pas jusqu’à qualifier de majoritaire, face à votre projet de société. 

Tout cela n’entache évidemment en rien votre légitimité à agir. Mais cela vous oblige.

Cela vous oblige à dépasser le simple stade du fait majoritaire pour tendre vers le consensus. Et le consensus, ce n’est ni escamoter le débat ni dépolitiser les enjeux. Ce n’est pas non plus la compromission. Alors, faites un pas supplémentaire vers cette société démocratique : associez-nous davantage ! 

Permettez que nous puissions donner de la substance à un mandat de conseiller métropolitain qui en manque cruellement à ce jour.

 Je vous remercie. 

Louis Pelaez


Conseil de la Métropole de Lyon du 21 juin 2021

Intervention préalable de Louis Pelaez

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