Le compte administratif de l’année 2020, année de transition entre l’équipe ancienne et le présent exécutif métropolitain reflète l’impact qu’a pu avoir le Covid sur les finances de notre Métropole. 

Si elle veut continuer à avancer, notre collectivité doit s’engager sans état d’âme à poursuivre son développement économique, à travailler avec tous les professionnels du secteur pour développer notre immobilier. 

Elle doit aussi veiller à la bonne tenue de nos finances publiques. Parce que c’est de ces trois éléments là que dépendent toutes les autres politiques. Il y aura en effet de plans ambitieux pour les mobilités urbaines, les politiques environnementales, sociales, culturelles ou sportives dans cette agglomération que si nous continuons dans la ligne qui a été suivie au cours de ces dernières années. 

Gérard Collomb

Intervention de Gérard Collomb

Le compte administratif de l’année 2020, année de transition entre l’équipe ancienne et le présent exécutif métropolitain reflète l’impact qu’a pu avoir le Covid sur les finances de notre Métropole. 

Il se traduit par une augmentation forte des charges qui, au total, entre les achats d’équipements de protection individuelle, l’aide apportée au tissu économique, associatif, le soutien au service à domicile en faveur des personnes âgées et handicapées, la prime exceptionnelle accordée aux agents métropolitains, se monte à 146,8 M d’€. Ce à quoi il faut rajouter une progression du nombre de personnes au RSA qui fait progresser l’allocation de +28,4 M d’€. 

Parallèlement, la Métropole a connu une perte de recette de 16,7 M d’€ (BPNL, taxe de séjour, exonérations de loyer, Centre des Congrès,…). 

Tout ceci s’est traduit, par une baisse brutale de l’autofinancement de 39,8 millions au budget principal, 42,9 millions pour la totalité des budgets. 

Avec pour conséquence une progression de la dette qui passe de 1,781 milliard en 2019 à 2,85 milliards en 2020, soit une augmentation de 304 M d’€ avec une capacité de désendettement qui était à 3 ans et 3 mois et atteint, fin 2020, 4 ans et 1 mois. 

Ce compte administratif montre donc à quel point les finances d’une collectivité comme la métropole de Lyon peuvent se dégrader rapidement sous l’effet d’un choc extérieur. Là, c’était le Covid mais, dans le mandat précédent, nous en avions connu un tout aussi fort avec la baisse des dotations de l’État. 

Cette crise montre aussi cependant la capacité de résistance de la Métropole de Lyon qui a pu faire face à la crise, du fait de son caractère spécifique, quand un certain nombre de département se sont trouvés en grave difficulté.

La première leçon que l’on peut en tirer – et j’aurai l’occasion d’en reparler – est qu’il faut avoir une grande prudence dans la gestion d’une collectivité parce qu’on ne saurait prédire ce que sera l’avenir et que si l’on est au maximum de ses capacité avec un autofinancement réduit pour la durée d’un mandat, avec un endettement que l’on ne craint pas d’augmenter, alors on s’expose à de grands risques. 

Avec la crise Covid, on s’aperçoit combien il était heureux que les finances de la métropole aient été extrêmement saines, parce que si tel n’avait pas été le cas, nous serions dans une tout autre situation aujourd’hui.

Le deuxième facteur que je voudrais mettre en évidence, pour ceux qui seraient moins avertis que Mr le vice-président aux finances, c’est le montant que représentent les produits fiscaux dans l’ensemble de nos recettes de fonctionnement : 

564,7 millions pour les recettes fiscales provenant des entreprises, soit 30% de nos recettes globales, avec en 2020 une augmentation évidement bienvenue de 23,2 M de la CVAE, assise sur les années 2018 et 2019. 

Avec des DMTO qui se sont élevés à 381 M, soit 10,6 millions supplémentaires alors même qu’on aurait pu penser qu’avec la crise ils auraient été en forte baisse. 

C’est dire la robustesse de l’économie Lyonnaise telle qu’elle a pu progresser au cours des dernières années. Alors peut-être faut-il y prêter attention et s’épargner des propos imprudents sur les politiques à mener en matière de développement économique. 

Un certain nombre de membres de cette majorité – pas tous je l’espère – ont dénoncé dans la campagne des municipales l’obsession de la précédente majorité à mettre en avant la nécessaire croissance économique de notre agglomération, à faire naitre de nouvelles entreprises, à en attirer d’autres et en particulier des entreprises étrangères. 

C’est évidement là une erreur car quand on voit que cette économie représente la majorité de nos ressources budgétaires, on comprend que, dans les trois mandats précédents, une de nos préoccupations majeures ait été que notre économie puisse aller de l’avant. 

Avant le Covid, c’est 30 000 entreprises qui se créaient chaque année, plus de 100 nouvelles qui s’implantaient. C’est cette dynamique qui a créé de la richesse dans notre agglomération, pas seulement du point de vue des finances publiques, mais pour tous les habitants de la Métropole et de l’aire métropolitaine. 

Il est vrai qu’en quelques années la progression a été fulgurante. On le voit en nombre de mettre carré placé. Il a atteint 440 000 m2 en 2019, quand il était encore seulement à 242 000 en 2014. 

Ce n’est pas seulement pour les finances de la Métropole que cela est bon, mais pour toute notre agglomération puisque ces mètres carrés de bureau ont généré un investissement de 2,5 millards d’euros. Quand pendant tout le mandat notre collectivité va au mieux investir 3,5 milliards d’euros on voit l’effet levier qu’on peut avoir avec l’investissement privé. C’est parce que nous nous sommes appuyés sur lui que Lyon a pu tellement changer, tellement s’embellir et devenir une référence européenne.

Certains, les moins portés sur la croissance économique, pour ne pas dire adeptes de la décroissance, trouverons sans doute ces chiffres énormes. Et il est vrai qu’en 2019 Lyon est passé devant des villes comme Barcelone, Manchester, Amsterdam et juste derrière Francfort ou Milan dont je n’aurais jamais pensé, quand je suis devenu président de la métropole, qu’un jour nous pourrions les égaler. 

Et contrairement à ce qu’on entend parfois, cet investissement n’est pas tout entier concentré sur la Part-Dieu même si elle est notre locomotive de notre agglomération. Celle-ci ne représente que 18% du marché, quand Gerland c’est 21, Vaise 11, Villeurbanne/ Tonkin/Carré de soie 10, le grand Lyon nord-ouest 8, le grand est 7. On voit donc que nous avons un développement équilibré. 

Alors on nous dira que la donne a changé. Et que demain avec le télétravail, on aura moins besoin de bureaux. Et bien je n’en suis pas si sûr et nous pouvons nous donner rendez-vous dans 2 ans avec la reprise qui va exister en Europe. Car l’on verra que le télétravail n’est sans doute pas la formule adéquate pour toutes les entreprises et on ressentira le besoin de se rencontrer à nouveau. 

Je viens de parler des mètres carrés placés en matière tertiaire mais à ces chiffres il faut rajouter ceux de l’immobilier industriel ou logistique. Et au moment où se dessinent des tendances à la relocalisation, Lyon doit pouvoir se développer aussi dans ces domaines pour conserver sa place de premier pôle industriel en France. 

Un deuxième facteur important pour ce qui est de nos budget, c’est la dynamique du marché immobilier en terme d’habitat. On a vu que les DMTO représentaient 10% de nos recettes de fonctionnement. 

Si donc demain le marché de l’immobilier décrochait dans notre agglomération alors nous perdrions une de nos ressources financières importantes. Mais là encore ce n’est pas simplement la ressource fiscale que nous devons avoir en tête. 

Derrière, il y a la capacité des habitants de notre agglomération à se loger. Or de ce point de vue et vous le constatez aujourd’hui, la situation est devenue préoccupante. 

Alors que depuis 2001 on a produit 9 000 logements par an dans l’agglomération, 10 000 même entre 2014 et 2017 on voit aujourd’hui une chute de la production et en particulier pour les logements sociaux, je rappelle que dans le même période, on en produisait 4000. 

Le logement est pourtant un des engagements fondamentaux que vous aviez pris dans votre campagne électorale où vous indiquiez vouloir produire 6 000 logements sociaux par an. Plus prudents, quelques temps plus tard, vous n’en annonciez plus que 5000 et aujourd’hui nous sommes à 5000 mais pour la fin de mandat. 

Et il n’est pas sûr – sauf à concentrer le logement sur deux seuls segments : un logement libre devenu hors de prix où du logement social pour les seules populations les plus fragiles, que vous y parveniez. Parce que partout vous entendez dédensifier. 

C’est vrai la Part dieu où vous nous annonciez qu’il fallait construire moins de bureaux et plus de logements et où dans le nouveau plan vous réussissez le tour de force non seulement de diminuer les bureaux, mais aussi le nombre de logements. 

Mais c’est vrai aussi à Gerland où vous venez d’annoncer que dans la ZAC vous entendez là aussi construire beaucoup moins, et ce l’est dans beaucoup d’autres secteurs. 

Au total, ce que vous allez produire c’est de l’étalement urbain, nombre de nos concitoyens allant habiter hors de la métropole, avec pour effet une augmentation des déplacements automobiles, parce qu’en 2e et en 3e couronnes les transports collectifs seront plus difficiles à organiser. Et je ne pense pas que votre REV puisse atteindre la cinquantaine de kilomètres autour de Lyon, dans lesquels viendront s’installer celles et ceux qui ne pourront se loger demain dans la Métropole. 

Voilà les points d’alerte que nous voulions mettre en avant lors de l’examen de ce compte administratif, mais pour aller plus loin et mettre en garde sur les prévisions que vous nous avez annoncées lors de la présentation du DOB 2021 : une baisse anticipée de l’autofinancement et un recours accru à la dette peuvent demain nous créer bien des problèmes car la période qui va s’ouvrir risque d’être complexe. 

Avec, on le voit aujourd’hui, une tension sur les matériaux, les matières premières, une augmentation des prix agricoles, des tensions sur le marché du travail quand bien même nous avons 30 000 personnes au RSA dans notre agglomération. 

Cela risque de générer de l’inflation et d’amener la banque centrale européenne à pratiquer une politique monétaire moins accommodante. Si cela se produit, dans 2 ou 3 ans nos emprunts seront plus chers et l’État sera sans doute obligé de prendre des mesures drastiques pour réduire une dette publique tournant désormais autour des 120% du PIB, un déficit qui devrait atteindre 230 milliards d’euros. 

On peut donc craindre de connaître à nouveau ce qui a été mis en place dans le passé avec une mise à contribution des collectivités locales.  

C’est pourquoi Mesdames et Messieurs, Cher collègues, plus que jamais, si elle veut continuer à avancer notre collectivité doit s’engager sans état d’âme à poursuivre son développement économique, à travailler avec tous les professionnels du secteur pour développer notre immobilier. 

Elle doit aussi veiller à la bonne tenue de nos finances publiques. Parce que c’est de ces trois éléments là que dépendent toutes les autres politiques. Il y aura en effet de plans ambitieux pour les mobilités urbaines, les politiques environnementales, sociales, culturelles ou sportives dans cette agglomération que si nous continuons dans la ligne qui a été suivie au cours de ces dernières années. 

Gérard Collomb


Conseil de la Métropole de Lyon du 21 juin 2021

Dossier N° CP-2021-588 – finances, institutions, ressources et organisation territoriale – Compte administratif 2020 – 

Intervention de Gérard Collomb

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