Afin d’assurer la reprise de l’activité opérationnelle du service, une équipe de préfiguration est nécessaire. La structuration de cette équipe passe par le recrutement de la/du futur.e directeur.rice de la régie ainsi que d’une équipe pluridisciplinaire associée. Cette équipe préfiguratrice assurera, en complément des équipes de la Métropole déjà mobilisées sur la démarche, toutes les étapes préalables à la reprise en régie de la production et de la distribution d’eau potable. Dans un premier temps, 7 postes feront l’objet d’un avis de vacance

L’individualisation partielle d’une autorisation de programme de 4 000 000 € permettra la mise en œuvre des systèmes d’information de la régie.

La vérité est limpide comme l’eau de source : nous ne sommes pas prêts. 

Il n’est pas trop tard pour retarder la mise en service. En décembre, nous vous avions proposé dans un amendement, voté par toute l’opposition, de prolonger d’une année le contrat pour prendre le temps de faire correctement les choses.

Vous seriez bien inspiré de le reprendre à votre compte. Car il n’y aurait rien de pire que de ne pas être prêt à reprendre le service de l’eau au 1er janvier 2023, dans seulement 1 an et demi. 

Louis Pelaez

Intervention de Louis Pelaez

Monsieur le Président,

Nous tenions à rappeler que nous sommes tous d’accord pour affirmer que l’eau est un bien commun et non pas une simple marchandise. Qu’il faut protéger la ressource et la faire payer à son juste prix.

C’est avec cette boussole en tête que nous avons réussi, à diminuer de 20% le prix de l’eau, de 25% le prix de l’abonnement tout en mettant en place 6000 capteurs pour détecter les fuites et surveiller la qualité de l’eau. 

Sur ce dossier, le problème ce n’est pas la régie en tant que tel. Car la régie, ce n’est pas de gauche ou de droite. Des villes comme Paris ou Nice l’ont fait. 

Mais, à chaque fois, ce qui a primé dans la décision, c’est l’intérêt du territoire. C’est un arbitrage politique entre les avantages et les inconvénients de chaque mode de gestion.

Non, ce que nous vous reprochons sur ce dossier, c’est d’avoir pris cette décision sans aucun élément technique ou financier, sans prendre la mesure de ce que cela impliquait concrètement pour le service.

Ce que nous vous reprochons, c’est d’avoir décidé seuls alors qu’il existait depuis près de 10 ans un groupe de travail transpartisan chargé d’étudier ces questions. 

Car le problème au fond, c’est que cette décision repose simplement sur une croyance : qu’il est impossible pour une collectivité de cogérer la ressource en eau avec le secteur privé.

C’est oublier que la Métropole est bien déjà la donneuse d’ordre, pas l’obligée du privé.

C’est oublier que la préservation de la ressource avec par exemple la réduction de l’usage des pesticides par les agriculteurs relève déjà de la compétence du Grand Lyon.

C’est oublier que la tarification sociale, que la hausse des investissements sont aussi réalisables avec les autres modes de gestion. 

Force est de constater que dans cette délibération créant la régie, vous ne démontrez toujours pas son utilité par rapport aux autres modes de gestion. 

Qu’est-t-il de la fameuse marge de profit du délégataire qui devrait être réinvestie dans la ressource ? Quel est son montant ?

Madame la Vice-Présidente, qu’en est-il de la fameuse hausse des investissements pour protéger et diversifier la ressource ? 

Car dans votre PPI, l’enveloppe est de 270 millions d’euros, soit un montant similaire à ce qui a été réalisé au mandat précédent.

Il est intéressant de constater que dans les 9 piliers de votre ambition politique affichés ne figure pas la promesse démagogique de baisse du prix de l’eau avec le passage en régie.

Vous avez d’ailleurs promis la gratuité des premiers m3 pour les plus précaires. Mais la gratuité de l’eau n’existe pas. L’eau payant l’eau, il est impossible de verser des subventions et autres recettes pour équilibrer le budget de l’eau. 

Ce sont donc les autres usagers qui devront supporter la charge de la gratuité sur leur facture.

Avec cette délibération, nous n’en savons finalement pas beaucoup plus que lors du vote il y a 6 mois.

Seulement que le passage vers la régie coutera au moins 4 millions d’euros à la Métropole. 

Et il ne s’agit là que d’une estimation provisoire des coûts de transition. Qu’en sera-t-il quant aux futurs coûts d’exploitation du service ?

Nous ne pourrons jamais savoir ce qu’il en aurait été avec les autres modes de gestion et nous le regrettons.

À ceux qui pensaient chasser le grand capital de la gestion de l’eau, nous leur répondons qu’il est illusoire de penser que la régie permettra de se passer totalement du privé. 

À moins de recruter des dizaines de fonctionnaires supplémentaires, vous serez incapable de gérer à vous seuls l’entièreté de services comme la gestion de la clientèle ou de la facturation. 

Vous vouliez faire sortir le privé par la grande porte, il reviendra par la grande baie vitrée que vous lui ouvrez. 

Quant à la gestion du personnel, nous vous avions mis en garde sur les conditions d’intégration des 280 salariés d’Eau du Grand Lyon.  

Sur le fait que de nombreux salariés expérimentés préféreraient être repris par le groupe Véolia ou quitter leurs fonctions que rejoindre la régie, faisant craindre un risque de pertes de compétences. 

Car ils savent parfaitement que même si vous vous engagez à garantir leur statut actuel, leur avancement professionnel sera gelé une fois qu’ils travailleront pour la régie.

Tout cela conforte encore une fois l’idée que vous n’avez clairement pas pris la mesure du dossier, de ce que votre décision impliquait. 

C’est ce qui arrive lorsqu’on agit motivés par une croyance, pas par des faits. 

La vérité est limpide comme l’eau de source : nous ne sommes pas prêts. 

Il n’est pas trop tard pour retarder la mise en service. En décembre, nous vous avions proposé dans un amendement, voté par toute l’opposition, de prolonger d’une année le contrat pour prendre le temps de faire correctement les choses.

Vous seriez bien inspiré de le reprendre à votre compte. Car il n’y aurait rien de pire que de ne pas être prêt à reprendre le service de l’eau au 1er janvier 2023, dans seulement 1 an et demi. 

Je vous remercie.

Louis Pelaez


Conseil de la Métropole de Lyon du 21 juin 2021

Dossier N° CP-2021-596 – proximité́, environnement et agriculture – Régie publique de la production et de la distribution de l’eau potable sur le territoire de la Métropole de Lyon – Principes d’organisation et structuration – Composition de l’équipe de préfiguration- Individualisation partielle d’autorisation de programme

Intervention de Louis Pelaez

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *