Richard Brumm, en sa qualité de Vice-Président aux Finances de la Métropole sous la précédente mandature, a fait part de son analyse concernant les modifications prévues au budget 2020 dans la Décision Modificative de la majorité.

L’occasion pour lui de rappeler l’excellente santé financière de la collectivité laissée par la précédente majorité et de mettre en garde le nouvel exécutif contre la solution de facilité que constitue le recours à un endettement massif pour financer les politiques métropolitaines.

De même, la prochaine Programmation Pluriannuelle des Investissements soulève encore de nombreuses interrogations et ne peut rayer d’un trait de plume l’ambitieux programme lancé par l’exécutif 2014-2020, notamment dans le quartier de la Part-Dieu.

Intervention de Richard Brumm 

Monsieur le Président,  

Mesdames, Messieurs les conseillers Métropolitains,

Mes chers collègues,

Je vous rappelle que, dans le précédent mandat, j’étais Vice-Président aux Finances de la Métropole et c’est en cette qualité notamment que j’interviens sur le projet de délibération concernant la Décision Modificative au Budget Primitif 2020. 

Comme vous le savez, cette DM permet d’affecter le résultat de l’année 2019 et d’intégrer la mise en place de votre nouvelle politique en attendant le vote du prochain budget. 

La crise sanitaire que nous traversons a bien évidemment impacté considérablement nos comptes, en recettes comme en fonctionnement.

Dans ce contexte, je me félicite tout particulièrement de la situation financière que nous vous avons laissée en héritage avec un résultat de fonctionnement très proche de 0 qui montre que la Métropole a emprunté en 2019 le strict montant nécessaire à l’équilibre du budget, évitant ainsi des fraix financiers inutiles. 

J’en profite pour vous rappeler qu’une collectivité a intérêt à emprunter le strict minimum pour équilibrer ses comptes. En effet, un trop fort excédent serait signe de mauvaise gestion, cet excédent générant des frais financiers et ne pouvant pas, en outre, être placé.

L’examen de cette délibération nous donne l’occasion de nous pencher sur la gestion passée de la collectivité. 

Et de ce point de vue, le bilan depuis 2015 est extrêmement satisfaisant :

  • Avec une très forte progression de notre capacité d’autofinancement passée de 384 millions d’euros en 2015 à 487 millions d’euros en 2019. Soit une augmentation de 27% ! 
  • Avec une baisse continue de la capacité de désendettement, passant de 4.95 années en 2015 à 3.3 années en 2019, avec entre autres la désensibilisation de la dette toxique héritée du département (!).

Nous sommes fiers d’avoir laissé une collectivité en très bonne santé financière, et nous apprécions que vous ayez reconnu à plusieurs reprises, Monsieur le Président, cet état de fait.

Nous entendons cependant dire souvent que cette bonne santé s’est faite au détriment de certains investissements. 

Cet argument, c’est oublier l’ambitieux programme d’investissements que nous avons mis en place lors de la dernière mandature. 

Nous connaissons votre position sur certains aspects de cette PPI, notamment concernant le développement du centre d’affaires de la Part-Dieu. 

C’est un mauvais procès qui est fait à ce quartier. 

Il y a bien longtemps, en effet, que ce territoire n’est plus seulement dédié à l’immobilier d’entreprises. 

Avec le plan de réaménagement de la Part-Dieu, nous avions déjà lancé la création d’un vrai quartier à vivre. 

Je sais compter sur François Decoster, Directeur de la SPL pour vous convaincre Monsieur le Président et la Vice-Présidente Vessilier sur ce point. 

Nous espérons que vous saurez budgéter des investissements pertinents, non déterminés par dogmatisme, mais pour leur utilité. 

Malheureusement, toutes les politiques publiques ne peuvent se limiter à créer des pistes cyclables et à planter des arbres.

Il faut une vision stratégique pour le territoire, ce qui semble vous faire défaut pour le moment. Mais ne désespérons pas !

En tout cas, ce qui a été fait ne doit pas être méthodiquement démonté. Ne cassez pas ce qui fonctionne !

Comme je le disais au début de mon propos, il ne s’agit pas de nier l’impact de la crise sanitaire que nous sommes encore en train de traverser et qui bouscule nos finances. 

Cela nous conduit à solliciter un nouvel emprunt de 291,8 M€ aboutissant à un montant total d’emprunt de 513,5 M€ pour l’année 2020.

Notre capacité de désendettement s’en trouvera ainsi multipliée par deux en un an de 3.3 années à 6.6 années en 2020. Soit le niveau d’endettement sur lequel vous vous êtes engagés pendant la campagne.

Nous espérons ainsi que, lorsque notre collectivité aura retrouvé un niveau de ressources proche de la normale, vous vous engagerez à continuer cette saine gestion et à contenir notre endettement. 

Lorsque dans la presse, vous vous exprimez pour dire : « Qu’on puisse monter à huit ou dix ans [NDLR : d’endettement], oui ; au-delà, ce n’est pas raisonnable. », nous nous inscrivons en faux. 10 ans, c’est déjà irraisonnable ! C’est le seuil d’alerte financier retenu par l’État. 

Alors certes, nous sommes dans une situation difficile et nous rentrons dans une période d’incertitude, mais l’argent public ne doit pas vous brûler les doigts. 

Pour avoir siégé quelques années ici, je peux vous assurer qu’il n’y a pas de planches à billets dans les sous-sols de la Métropole !

Chaque euro dépensé doit être un euro utile ! En tant que collectivité, nous ne pouvons faire du déficit budgétaire. 

Or, l’endettement trouve rapidement ses limites. Même dans une période d’abondance de crédits et taux bas. 

Sauf, si comme certains à la direction nationale des Verts, vous comptez sur une annulation de la dette de la Métropole ; ce qui est bien sûr pure illusion !

C’est d’abord en consolidant l’attractivité du territoire que vous stimulerez les recettes et donc les investissements de la Métropole ! Et cela bien évidemment sans augmenter la pression fiscale, pour ne pas aggraver encore la situation des entreprises déjà en grande difficulté.

Nous vous mettons donc solennellement en garde sur les dérapages liés à un endettement incontrôlé. 

Les conséquences pourraient s’avérer désastreuses, mais ne se révéler que bien trop tard, dans quelques années.

Parlons d’avenir justement ! 

Vous évoquez dans la presse une élaboration du plan de mandat et de la nouvelle PPI d’ici à décembre-janvier avec une possible phase de réactualisation dans un an, une fois la situation stabilisée. 

Alors, pourriez-vous préciser le propos Monsieur le Président ?

Pour la PPI : Quelle stratégie ? Quelle méthode ? Quels délais précisément ? 

Les communes ne disposent actuellement d’aucune visibilité sur votre méthode et le contenu de cette nouvelle PPI. 

Quelle utilisation des restes de la PPI actuelle ? 

Quelle enveloppe financière globale ? 3 ou 5 milliards annoncés ? 

Quels montants dédiés par politiques publiques ? Par grands projets ? Par territoire ?  

Nous sommes très attentifs à vos réponses sur ces importantes questions.

Je vous remercie de votre attention.

Richard Brumm


Conseil de la Métropole du 5 octobre 2020

Rapport n°2020-0190 : Budget supplémentaire – Décision modificative n° 1 pour 2020

Intervention de Richard Brumm

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