Intervention Anne-Sophie Condemine
Depuis plus d’une décennie, nous avons réussi à rendre notre métropole très attractive avec un taux de chômage, même s’il est en augmentation, légèrement en dessous de la moyenne nationale grâce à un bassin économique dynamique, avec près de 600.000 emplois dans l’agglomération dont 85 % dans le privé (32.000 emplois furent ainsi créés en 2017 et 2018).
Mais nous le savons, le monde se trouve confronté à ce défi majeur qui est la lutte contre le COVID-19 et face à l’accroissement des cas de contamination, la France a adopté depuis quasiment un an, un certain nombre de mesures restrictives en vue de renforcer les barrières à la propagation de la maladie.
Mais ces mesures impactent d’ores et déjà très fortement notre économie.
Or, si nous voulons éviter au maximum les répercussions néfastes de cette crise sur nos emplois, il est urgent d’agir.
Ainsi, il y a 2 pistes parallèles et complémentaires à suivre, l’une qui soutient les publics et l’autre les entreprises.
A Lyon, pour ce qui concerne les publics, nous retrouvons dans les indicateurs, une prépondérance du chômage des seniors, une augmentation du nombre de demandeurs d’emploi longue durée (personnes peu qualifiées) et des familles monoparentales en forte augmentation (80% sont des femmes dont certaines n’ont jamais travaillé).
Nous savons que parmi les 100 000 jeunes qui représentent 20% de la population, 10 000 sont au chômage et 15 800 en situation précaire (non scolarisé et sans emploi stable).
En pleine crise du covid, peu de jeunes ont la chance d’être embauchés. Contrairement aux jeunes diplômés des années précédentes, pas de CDD ou de CDI en perspective à la sortie de leurs études.
Nous sommes dans une situation inédite.
Alors, bien sûr, pour ces publics en difficulté la solidarité est notre devoir et nous nous devons de garantir un avenir meilleur.
Mais le projet du RSA jeune envisagé par l’exécutif Métropolitain ne peut être la seule réponse ;
Au-delà, de l’explosion du budget que cela induira forcément, quel message sera envoyé à tous ces jeunes ?
Grâce aux dispositifs portés par la MMIE et par la Mission Locale, des efforts vont être mis en oeuvre: augmentation du Pacea, doublement de la garantie jeune, qui est un très bon dispositif car il s’accompagne d’un volet formation obligatoire.
Malheureusement, le RSA accordé sans condition, ne répondra pas à la nécessité de trouver un travail.
Si ce dispositif est généreux et solidaire, il faut veiller, comme pour tout minima, à ce que cela ne décourage la prise ou reprise d’un emploi car l’autonomie passe nécessairement par un emploi.
Nous nous sommes attachés pendant ces dernières années à transformer l’accompagnement exclusivement social qui perdurait, en accompagnement à l’emploi,
aussi vers quelle régression vous tournez vous si vous abandonnez cet objectif prioritaire ?
Pour cela, Nous pensons que vous auriez dû augmenter les subventions à destination des jeunes et des plus fragiles via la Mission locale et Alliés, pour embaucher des conseillers supplémentaires qui iraient chercher des offres d’emploi en proximité.
La jeune génération mérite et souhaite des emplois, elle a besoin de perspectives, pas d’assistanat.
Il faut, bien sûr, les accompagner, et les accompagner plus encore, en humanité en respectant dignement leur besoin de trouver un emploi.
Ensuite, 2ème piste, le soutien aux entreprises.
Compte tenu de l’aggravation de la situation sanitaire en ce début d’année, nous devons renforcer notre politique de développement économique.
Pour cela il faut davantage encore s’appuyer sur la Maison Métropolitaine de l’Insertion par l’Emploi.
Je salue la continuité que vous avez bien voulue garder en vous appuyant sur cet outil particulièrement professionnel et agile mais là aussi, nous regrettons que la subvention de fonctionnement général versée à la Maison Métropolitaine d’Insertion pour l’Emploi, soit identique à celle de l’année dernière.
Dans ce contexte, il aurait fallu aider de manière exceptionnelle et abonder plus encore le budget de cet organisme qui joue un rôle précieux dans le développement de l’emploi local et l’insertion.
J’ai eu coutume de répéter ainsi, pendant les 2 mandats précédents, comme un mantra,
“Pas d’insertion professionnelle sans emplois, pas d’emplois sans les entreprises “.
Plus que jamais, les entreprises, petites ou grandes, ont besoin de notre soutien et de notre total engagement pour les aider à se développer et, notamment , à recruter.
Elles ont besoin de plus de moyens pour faciliter la nécessaire innovation et expérimentation des solutions nouvelles.
Alors quand j’entends Madame Baume déclarer à l’occasion du plan d’investissement métropolitain, la PPI : “Notre ambition est de desserrer l’étau sur notre métropole, ce n’est pas d’attirer les entreprises de l’extérieur”,je pense qu’elle donne un très mauvais signal au monde économique .
“la souveraineté métropolitaine qu’elle brandit en étendard ne risque pas de motiver des entreprises internationales à venir s’installer à Lyon ou Lyon Métropole.
Je rappelle, que les entreprises sont les créatrices de richesse et que cette richesse ainsi créée génère bien des recettes pour notre ville et nos habitants !
Monsieur le Maire, l’heure n’est pas au repli sur soi, nous n’en avons pas les moyens, l’heure est au soutien et à l’accompagnement solidaire mais actif du monde économique et donc , en écho, des publics en recherche d’emploi.
Nous voterons bien sûr pour ces délibérations même si nous aurions souhaité pouvoir voter des subventions plus ambitieuses.