« C’est un moment symbolique mais aussi important, car ce document que nous allons approuver, va régir la mise en œuvre de notre politique en matière de solidarité, d’inclusion mais aussi imposer une véritable vision dans la manière de repenser nos quartiers au service de la transition environnementale. « 

Merci Monsieur le Président,

Mes chers collègues,

Le passage du Contrat de Ville métropolitain en conseil représente un symbole fort pour notre Métropole. Nous sommes satisfaits de l’effort fourni par votre gouvernance afin de présenter ce contrat en séance publique.

C’est un moment symbolique mais aussi important, car ce document que nous allons approuver, va régir la mise en œuvre de notre politique en matière de solidarité, d’inclusion mais aussi d’imposer une véritable vision dans la manière de repenser nos quartiers au service de la transition environnementale.

Ce n’est donc pas seulement un document administratif que nous approuvons, mais bien un véritable socle programmatique qu’il nous incombe de mettre en œuvre dans les années à venir.

Un contrat qui s’inscrit dans une tradition d’engagement au service de la politique de la ville, initiée dès 2007 avec les CUCS : Contrat Urbain de Cohésion Sociale, puis remplacée en 2014 par la version actuelle que l’on connaît.

Le Contrat Urbain de Cohésion Sociale (CUCS), mis en place après les émeutes de 2005, s’engageait à mener un examen approfondi des tensions sociales et économiques qui affligeait certains de nos quartiers. Avec pour objectif final de refaire corps en société et, à travers des leviers d’inclusivité, de redonner un réel sens dans un projet commun en restaurant la confiance en nos institutions pour certaines populations ayant le sentiment d’être laissé à l’abandon.

Le contrat de Ville est donc l’occasion de capitaliser sur les enseignements tirés du passé, mais aussi de renforcer ce qui a déjà été engagé et de définir de nouvelles ambitions. Une ambition qui se concrétise dans ce contrat métropolitain et pour laquelle la crise sanitaire a particulièrement mis en exergue l’importance : Faire de l’amélioration de l’habitant au cœur du quartier une priorité.

Capitaliser également sur les récents évènements qui se sont passé à l’été 2023 et qui ont remis à jour les profondes distorsions sociales au sein de notre territoire.

Nous insistons sur cet aspect car bien trop de politique engagé, de contrat paraphé, de plan d’actions élaborés se sont suivi pour des résultats décevants.

C’est pourquoi ce contrat de Ville n’aura un sens, que s’il a été porté avec le courage d’affronter une réalité, que le rapport de Jean Louis Borloo, commandé par E.Macron en 2017 avait bien démontré de manière tout à fait alarmante:

« La vérité, c’est qu’aucun plan n’a jamais été mis en place. » disait-il.

Mais tournons-nous avec confiance vers l’avenir et abordons les enjeux locaux du nouveau contrat de ville.

Les questions liées à la place des populations les plus vulnérables au cœur des quartiers sont essentielles, et de ce point de vue, le contrat de ville identifie bien les besoins en fonction de la typologie des populations, ainsi que les actions associées à engager.

Les initiatives que nous soutenons dans ce contrat ont d’autant plus de sens qu’elles s’inscrivent dans un contexte social de plus en plus complexe. Avec des populations dans certains quartiers se sentant de plus en plus à l’écart de la société, exclues et éloignées des institutions.

Seulement, certaines leçons, qui auraient pu et dû être tiré eu égard notamment des émeutes qui se sont déroulé à l’été 2023 n’apparaissent pas forcément et nous font craindre la mise en place d’actions palliatives, ne s’alignant pas sur certaines priorités. Sans diagnostique précis et efficace, quitte à admettre le pire, nous ne pouvons traiter les maux de notre société.

Car oui, les inégalités se creusent, la pauvreté est en hausse du fait d’une politique que nous subissons ces dernières années de détricotage de notre modèle social, du fait notamment  du désengagement de l’État sur les politiques de lutte contre la pauvreté.

Face à ces réalités, nos politiques sociales métropolitaines sont un premier levier, mais pour cela, elles doivent notamment être soutenues par un modèle de mixité sociale cohérent, contribuant ainsi à diminuer les disparités et les divisions de l’espace urbain.

Des quartiers prioritaires, pour lesquels l’aménagement et la rénovation doivent être une réelle occasion pour ces habitants de se sentir épanoui mais aussi d’avoir accès à un logement décent.

En cela, l’accent mis tout particulièrement sur le combat à engager contre la précarité énergétique de certains quartiers est une très bonne chose mais la politique de rénovation mise en œuvre doit être drastiquement accéléré.

Une approche aussi qui manque parfois de cohérence sur notre territoire, avec une répartition inégale de logements sociaux. Certaines communes étant trop peu doté, et d’autres du fait notamment de votre politique excessive, disposant dans certains immeubles de plus de 60 % de logements sociaux, contribuant ainsi à aggraver les disparités et les divisions dans l’espace urbain.

L’équilibre d’une diversité juste et réfléchi des quartiers doit être une des priorités majeures dès la première année de la mise en œuvre de ce contrat de ville, même si je sais qu’il ne répondra pas à lui seul à toutes les difficultés auxquelles les quartiers sont confrontés.

Cet équilibre doit être soutenu par un investissement conséquent une re modulation des services publics de nos QPV, en les remettant réellement au service des populations qui doivent pouvoir trouver un véritable appui public, que ce soit dans l’éducation renforcée, un meilleur accès aux soins ou une meilleure lisibilité et connaissance dans leur accès aux droits les plus fondamentaux.

Il n’est pas acceptable d’entendre que 1/3 des personnes en QPV éligibles au RSA n’en font pas la demande, du fait d’une méconnaissance des démarches administratives ou d’une mauvaise maitrise des outils numériques.

Ou encore moins d’apprendre que 45% des femmes des QPV n’ont pas le permis contre 25% sur le reste du territoire.

Aussi, L’engagement de notre métropole se traduit, plus encore, par une qualification de son offre éducative, une ouverture au plus grand nombre de temps libre, par le développement d’actions en favorisant l’autonomie des enfants, l’investissement personnel et collectifs, de la découverte de l’environnement, et plus encore…

C’est vrai également pour le domaine des arts, du sport, de la culture, en offrant des occasions de découvertes et d’ouvertures sur les temps scolaire et périscolaire.

Mais un nouveau souffle et une véritable dynamique de ces quartiers ne sera possible qu’avec une réelle ambition d’accompagnement des populations vers l’insertion professionnelle, et plus particulièrement de notre jeunesse.

Cette vision ne doit pas se concentrer uniquement par le prisme des individus, mais doit également être complétée par une volonté de donner envie aux entreprises de s’investir dans ces quartiers et de pouvoir donner une chance aux jeunes demandeurs.

Lorsque l’on constate une surreprésentation des petites entreprises précaires créées sur le territoire des QPV, soit 79 %, de nombreux leviers peuvent être mis en œuvre pour réduire la part de chômage de ces quartiers, qui s’élève à 27,5 % en Métropole, soit 14 points de plus que la moyenne sur le territoire. Il en va de la survie de notre tissu économique local !

Anticipant les défis à venir, ces quartiers doivent pouvoir être les témoins de notre manière de concevoir et d’imaginer un réel modèle environnemental. Cela passera par exemple par la désimperméabilisation des sols, mais aussi par notre gestion circulaire des déchets et leur valorisation.

À l’avenir, les QPV doivent pouvoir être l’exemple d’une politique environnementale retrouvée dans le souci du bien-être de ces habitants.

Voilà ici quelques points non exhaustifs mais fondamentaux que je voulais rappeler.

J’ai confiance dans le déploiement et la réussite de ce contrat en lien avec nos communes, les acteurs associatifs, économiques et sociaux qui le composent. Il sera essentiel d’ajuster notre politique et de procéder, comme il est prévu dans ce contrat, à un examen dès la fin de la première année de mise en œuvre.

En ayant toujours à l’esprit de ne pas perdre notre fil d’Ariane : écouter l’habitant et penser par lui, pour lui.

Inutile de préciser que nous voterons pour ce contrat de Ville métropolitain.

Je vous remercie.

Intervention de Louis Pelaez en Conseil du 11 mars 2024, délibération N°2024-2285.

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