La majorité a pris la décision d’abandonner le projet de l’ancien Musée Guimet qui devait accueillir des ateliers de la Maison de la danse et le service archéologique de la Ville de Lyon.
Les chiffres communiqués à la presse par le Maire de Lyon sont fantaisistes. Il est faux d’affirmer que le budget du projet serait passé de 5 à 40 millions d’euros.
Grâce aux subventions obtenues de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) de 6,4 millions d’€, de la Région AURA de 2 millions d’€ et de la Métropole de Lyon de 1 millions d’€ ainsi que les recettes liées au réaménagement de l’ancienne Ecole de Beaux-arts estimées entre 5 et 7 millions d’€, le coût réel pour la Ville de Lyon serait donc monté à 20 millions d’€.
Comparé au projet porté par la nouvelle majorité de relocaliser les ateliers de la Maison de la danse dans un gymnase du 8ème arrondissement (environ 7 millions d’€), l’aménagement de l’ancienne Ecole des Beaux-arts pour le service archélogique (environ 10 millions d’euros) ainsi que le nécessaire maintien en état du Musée Guimet, le coût ne global de leur projet ne sera pas loin du nôtre pour un résultat qui ne permettra guère de faire briller Lyon.
Intervention de Gérard Collomb
Monsieur le Maire,
Nous avons appris par la presse votre décision d’arrêter le projet de l’ancien musée Guimet qui devait accueillir les ateliers de la Maison de la danse et le service archéologique de la ville de Lyon.
Comme certains chiffres fantaisistes ont pu être diffusés à la presse affirmant je cite “que les estimations budgétaires avaient glissé de 5 millions à 40 millions”, je veux d’abord remettre les choses au point sur cet aspect financier.
En fait lors du conseil municipal du 27 janvier dernier où j’avais demandé à l’architecte retenu Monsieur Hebbelnik de venir nous présenter le projet, j’avais tenu à être totalement transparent en mentionnant qu’au 26 millions d’euros HT prévu pour le projet, il fallait rajouter 5 millions pour une isolation phonique et différentes demandes faites soit par les Architectes des Bâtiments de France soit par la directrice de la Maison de la danse. Cette estimation ne venait pas de moi mais de celle qui suivait le projet, Madame Anne Jestin, ancienne directrice adjointe de la ville de lyon en charge de l’urbanisme, aujourd’hui directrice générale des services de la Métropole de Lyon. Les chiffres donnés sont donc exact, ils concernent des dépenses mais aussi des recettes.
Sur ce projet évalué à 31 millions d’euros HT, nous pouvions d’abord compter sur une subvention de la DRAC passée de 5 millions à 6,4 millions pour prendre en compte le supplément engendré par la finalisation du projet, 1 à 2 millions étaient prévus de la part de la Région, et nous comptions obtenir de la Métropole, 1 million d’euros, soit un coût ramené pour la ville de Lyon après subvention à 26,6 millions d’euros HT.
En fait le coût était moindre puisque, grâce au transfert des services archéologiques de l’ancienne école des Beaux Arts, nous avions pu élaborer un projet de reconversion de cette école pour des logements et des commerces comprenant notamment 25% de logements sociaux auxquels je crois vous tenez.
Le projet auquel avaient travaillé les architectes Bertrand de Lagarde et Dutilleul était finalisé et avait obtenu l’accord des Architectes des Bâtiments de France. Il prévoyait de garder le bâtiment central et de le rénover, de couper l’une des deux ailes pour aménager une place Belvédère bordée de cafés et de restaurants qui aurait permis de dégager une vue sur l’église du Bon Pasteur, et d’offrir des perspectives assez exceptionnelles sur l’amphithéâtre des trois gaules et la basilique de Fourvière.
C’était un beau projet pour le 1er arrondissement qui aurait permis à la fois d’offrir de nouveaux logements mais aussi d’aérer un quartier particulièrement dense.
La recette provenant de la vente était estimée entre 5 et 7 millions d’euros, le coût net de l’aménagement du Musée Guimet pour la ville de Lyon se serait donc monté à 20 millions d’euros.
En dehors de ces aspects financiers, nul doute que ce projet aurait suscité un intérêt national et même international du fait de la réputation du musée Guimet. Celui-ci si il est cher au cœur des lyonnais est aussi connu dans toute l’Asie et en particulier en Chine et au Japon.
Or, en lieu et place de ce projet que nous proposez vous. De réaliser dans le 8e arrondissement un gymnase qui pourrait aussi servir de lieu de travail pour la Maison de la Danse. Cela n’aura pas exactement la même aura et empêchera d’ailleurs de réaliser la piscine que nous avions prévu à cet endroit.
Fera-t-on pour autant des économies? je n’en suis pas sûre ! Le coût du gymnase sera sans doute entre 6 et 8 millions d’euros pour tenir compte des besoins de la Maison de la danse, il vous faudra aussi aménager l’ancienne école des Beaux Arts, si l’on veut donner à notre service archéologique des locaux dignes de sa réputation et lui permettre de s’ouvrir sur la ville comme nous l’avions prévu. On peut compter une dizaine de millions d’euros, enfin il faudra retrouver une destination au musée Guimet qui nécessitera quoiqu’il en soit des travaux pour le maintenir en état.
Finalement, vous arriverez à un coût qui ne sera pas loin du nôtre pour un résultat qui ne permettra guère de faire briller Lyon.
Alors nous comprenons que vous puissiez repousser ce projet parce qu’en période de COVID les priorités de la ville sont évidemment autres. Mais que vous l’abandonniez purement et simplement nous semblerait une grave erreur.
Monsieur le Maire, si Lyon aujourd’hui à une certaine image dans le monde, c’est parce qu’elle a su porter dans les 20 dernières années des projets ambitieux dans tous les domaines, économiques, sportifs, culturels.
N’abandonnez pas cette ambition là et surtout sur le plan culturel. Notre agglomération doit porter haut son développement économique, et vous savez combien je m’y suis engagé. Mais il faut aussi qu’elle puisse préserver sur le plan culturel le rayonnement que nous lui avons donné, en soutenant nos petites structures comme nous le faisons aujourd’hui mais aussi en permettant à nos grandes institutions, l’Opéra, l’orchestre, la Maison de la danse et je pourrais citer toutes nos grandes institutions de faire en sorte que Lyon continue à être considéré à travers le monde comme un haut lieu de la création culturelle.
Conseil municipale Ville de Lyon 19 novembre 2020
Rapport n° 2020/262 : Actualisation des autorisations de programme dans le cadre du Plan d’équipement pluriannuel 2015-2020
Intervention de Gérard Collomb