Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les élus.
L’urgence climatique nous impose à tous une réflexion profonde dans la manière d’appréhender nos mobilités. À ce titre, l’usage et le développement du covoiturage apparait être une des réponses concrètes et efficientes pour faire face aux problématiques environnementales et à la densification de la circulation sur de nombreux axes routiers. Et avec vous je ne peux que me réjouir des actions qui vont dans ce sens.
Selon les derniers chiffres du ministère de l’Écologie 900 000 trajets quotidiens sont effectués en covoiturage informel ou organisé, avec un objectif de 3 millions en 2027. Cependant ces chiffres peinent à nous offrir une pleine satisfaction puisque les déplacements quotidiens pour se rendre au travail demeurent effectués seul 8 fois sur 10. Plus encore, le covoiturage organisé par plateforme représente moins d’1% de ces trajets quotidiens. De nombreux aménagements émergent depuis de plusieurs années pour faciliter ce développement nécessaire du covoiturage. J’ai eu l’occasion dans le cadre du groupe de travail du pôle métropolitain de constater leur efficacité en particulier lorsqu’ils sont situés en amont d’un péage avec un avantage financier certain.
Le choix des abords de Dardilly pour un tel projet est intéressant : les axes M6 et M7, la proximité immédiate de l’A89 et la situation géographie optimale à la limite de La Tour-de-Salvagny rendent l’implantation d’un espace de covoiturage intéressant. Encore faut-il que les covoitureurs puissent y accéder ! Cette interrogation a notamment été abordée en Commission et a permis de mettre en avant le manque d’études menées autour de ce projet. Vous ne semblez pas avoir accordé une préoccupation pourtant indispensable au rabattement d’une ligne de bus sur cet espace de covoiturage. Une concertation avec le STYRAL est essentielle, une étude de flux et le recueil des préoccupations des habitués du covoiturage est également souhaitable. De même, certaines précisions sont absolument nécessaires notamment sur les équipements amenés à être installés sur cette espace nouveau, notamment sur les bornes de recharges de véhicules électriques que vous avez évoqués, sans jamais confirmer clairement leur présence. Quid de la sécurité des véhicules qui resteront là ? Quid du contrôle de la voie réservée au covoitureurs car actuellement elle est empruntée en toute impunité par des autosolistes ce qui n’incite absolument pas à faire l’effort de covoiturer ?
Personnellement, je pense que la remise en service à une fréquence au quart d’heures aux heures de pointe de la ligne Lozanne Saint Paul sans rupture de charge à Tassin, aurait un impact bien plus grand, avec la réouverture de la gare dite de Limonest située sur la commune de Dardilly. Là, un parc relais aurait une vraie pertinence pour arrêter les flux de véhicules. L’endroit permettrait également d’envisager un espace de covoiturage avec un foisonnement des usages particulièrement intéressant. Beaucoup plus intéressant que le projet à risque qui nous est présenté aujourd’hui !
Quel est ce risque ? Disposer d’une nouvelle installation déserte, un espace fantôme, non relié aux réseaux de transports en commun. Nous parlons d’un projet à plusieurs centaines de milliers d’euros – en dépit des aides de l’État, qui nécessite dès lors rigueur et pragmatisme. J’ai rencontré récemment des chefs d’entreprises du secteur qui étaient très dubitatifs.
Le précédent de l’espace de covoiturage du quai Gailleton est connu de tous. Vous l’avez admis à demi-mots, cette installation de 300 000 € supprimant 70 places de parking a connu (je vous cite) « un démarrage poussif », et a réussi l’exploit de créer l’unanimité des riverains à votre encontre et la défiance totale vis à vis ce projet avec l’avènement notamment du collectif « apaisons le quai Gailleton ».
Alors, Monsieur le Président, un souhait pour cette nouvelle année : tirons les leçons des échecs passés, répondons avec rigueur et pragmatisme à l’indispensable enjeu de la transformation des mobilités afin d’apporter une solution claire et viable à nos administrés.
Je vous remercie de votre attention.
Intervention de Michèle VULLIEN au conseil métropolitain des 23 et 24 janvier 2023.
Rapport n°2023/1485