*Société publique locale (SPL) intervenant dans les domaines du stationnement, de la mobilité, des transports, de la voirie et de l’espace public
Intervention de Louis Pelaez
Monsieur le Président,
Vous nous proposez aujourd’hui la création d’une SPL disposant d’un large objet social allant de la gestion du stationnement voiture et vélo en voirie comme en parcs de stationnement, des parcs relais, du conseil en mobilité à l’autopartage.
Un tel projet était en réflexion et dans les tuyaux de la Métropole depuis déjà plusieurs années. Il avait alors été envisagé qu’un tel projet puisse améliorer le pilotage stratégique des mobilités sur notre Métropole. Nous y sommes donc favorables sur le principe.
Avec néanmoins un certain nombre de bémols particulièrement importants et notamment concernant le transfert de la Relation usagers, compétence du SYTRAL. Des études semblent toujours en cours sur ce sujet pour déterminer les conditions du transfert. Nous vous avions alerté lorsque vous avez voté l’allotissement des TCL et acté la reprise de la « relation usagers » : attention à ce que ce transfert ne soit pas une usine à gaz fort coûteuse en ressources humaines et financières.
On ne peut d’ailleurs que regretter une nouvelle fois que le dispositif de conseil en mobilité ne soit pas mis en service en même temps que la ZFE au 1er septembre prochain.
Cette délibération pose également de manière impérieuse la question de l’avenir de LPA, cette formidable SEM, ce formidable outil pour la collectivité qui a permis la transformation notamment de la presqu’ile de Lyon entres autres dans les décennies précédentes, outils qui va perdre l’exploitation de près de 11 parcs de stationnement. Le chantier de la diversification de ces activités est porté depuis le mandat précédent, en ayant transformé cette entreprise historique qui était devenue avec le temps une belle endormie en une formidable machine d’innovations en mobilités et stationnement au service de la collectivité. Innovation aujourd’hui abandonnée dramatiquement par le politique. Des incertitudes demeurent encore sur les possibilités offertes sur les volets de l’électromobilité comme relais de croissance sans avoir aucune information ni début de projet. J’espère que ce n’est pas un simple leurre pour mieux faire passer la pilule.
Nous aurions ainsi aimé que des données plus précises du business plan de LPA et de la SPLM puissent être communiquées aux élus pour en juger.
Il faut toutefois le souligner : la mise en place d’un groupement employeur et technique de la SPLM avec LPA pour mettre en commun et mutualiser les ressources techniques et humaines peut être une bonne chose. À voir juste à moyen et long terme, si les salariés de LPA ne le regretteront pas.
Bien évidemment, l’arrivée d’un nouvel acteur des mobilités va bousculer l’organisation et le pilotage dans le secteur. Il ne faut pas que cette création engendre un maquis de structures : « un mille-feuille de la mobilité ». À ce titre, mettre en place les conditions d’une gouvernance partagée, équilibrée et donc efficace est indispensable à la réussite de l’opération.
Et c’est là où en arrive à une face beaucoup plus sombre de votre projet. On en revient à ce stade-là, une nouvelle fois à votre méthode politique volontairement opaque, refusant toute transparence, tout débat et représentation de toutes les forces politiques de cette assemblée, à ce qui semble inscrit dans vos gènes politiques, la volonté de toujours faire qu’un projet qui pourrait être consensuel, devienne une source d’affrontements, de blocage avec votre opposition, ce refus obstiné d’accepter que vous ne représentez pas à vous seuls l’ensemble des habitants de la Métropole et loin s’en faut, à en juger les conditions de votre élection et les résultats des dernières élections :
Pourquoi le SYTRAL, la Métropole et la seule Ville de Lyon sont amenés à entrer au capital de la SPLM ?
Pourquoi pas une démarche partagée à l’échelle des 59 communes de la Métropole, ou à minima des plus concernées par ces enjeux ?
J’entends bien que la Ville de Lyon transfère la gestion du stationnement sur voirie à la SPLM. Mais alors, pourquoi, par exemple, les communes d’Oullins et de Villeurbanne n’intègrent pas la SPLM alors que leur stationnement en voirie est aussi géré par LPA ? Leur a-t-on seulement proposé d’intégrer la SPLM ? Quid des autres communes ?
La présence de la seule Ville de Lyon ne se justifie pas. Et ne me répondez pas que c’est parce qu’une bonne partie des capacités de stationnement sont situées sur le territoire de Lyon. Ce même stationnement que vous voulez réduire drastiquement pour le renvoyer ailleurs sur d’autres communes.
Pour garantir l’équité territoriale, il est donc impératif qu’une proposition soit faite aux communes de pouvoir intégrer la SPLM et être à minima représentées à son Assemblée Générale.
Dans le cas contraire, cela enverrait un nouveau signal très négatif. Celui d’un exécutif Vert tourné sur lui-même. Que vous ne faites les choses qu’entre vous, sans aucune considération pour ceux qui ne sont pas de votre étiquette politique. Dans le cas contraire, on ne pourrait faire autrement que de comprendre que si la Ville de Lyon est la seule collectivité à entrer dans le capital et donc le Conseil d’administration c’est parce qu’elle est aujourd’hui de la même couleur politique que vous.
Car demain, au Conseil d’administration de la SPLM, parmi les rangs des représentants de la Métropole, du SYTRAL et de la Ville de Lyon, il n’y aura que des Verts ! Sans aucune contestation possible, sans la moindre possibilité de contrôle, ni même de simple regard sur vos activités de la part de toute autre obédience politique !
Alors que la Loi permet d’avoir jusqu’à 18 membres au sein du Conseil d’administration de la SPLM, vous faites le choix de le limiter à 7 membres : 4 pour la Métropole, 2 pour le SYTRAL et 1 pour la Ville de Lyon.
Bien pratique pour vous, car cela signifie aucune possibilité pour l’opposition d’obtenir un siège. Une nouvelle fois après le Sytral, vous affichez une image intolérante, interdisant le débat et la transparence.
Pourquoi un tel choix ? Sans réponses fondées de votre part, on peut alors tout imaginer même le pire.
Par ailleurs, les statuts de la SPLM précisent que le Président de la SPLM peut également en assurer la Direction générale. Cela même que vous avez voulu supprimer à LPA dès votre arrivée. Dites-nous qui pressentez-vous à ces deux postes ?
Après l’épisode du SYTRAL et alors que vous affirmez vouloir faire de la SPLM « le bras gauche de la mobilité à la Métropole », car il semblerait que vous êtes gaucher pour ne pas dire gauche, le choix de vous passer de toute opposition est tout bonnement scandaleux.
C’est pourquoi, à défaut et on ne se fait pas beaucoup d’illusions que vous changiez votre position vis-à-vis de la Ville de Lyon seule ville représentée dans la SMPL, nous vous demandons d’instituer un conseil d’administration composé de 10 membres pour la Métropole, 5 pour le SYTRAL et 3 pour la Ville de Lyon.
Cela permettrait ainsi à l’opposition à la Métropole d’être représentée avec 4 sièges.
Cette proposition est respectueuse de la clé de répartition du capital entre les actionnaires de la SPLM. Elle est respectueuse de vos engagements en faveur de la proportionnelle et des équilibres politiques de notre assemblée.
Tout en permettant une représentation juste de l’opposition dans ses fonctions de contrôle, elle vous assure également une large majorité pour mener vos projets.
Contrairement au SYTRAL, vous ne pouvez pas vous réfugier derrière le prétexte mensonger d’un besoin d’une majorité élargie pour des votes à la majorité qualifiée, qui sont ici inexistants. Vous ne pouvez pas vous cacher derrière votre petit doigt en nous insultant « d’opposition irresponsable. » Il n’y a aucune minorité de blocage possible.
Et si jamais le tour de table capitalistique de la SPLM devait évoluer avec l’arrivée de nouveaux partenaires, alors bien évidemment, nous discuterons ensemble d’une nouvelle répartition des sièges à même de vous laisser mener vos projets. Pour peu que vous acceptiez de discuter avec nous.
Monsieur le Président, après le second tour des élections, vous avez déclaré que nous vivions « une agonie de la Vème République et qu’il est temps de passer à autre chose ». Dont acte !
Arrêtez de reproduire au niveau local le modèle présidentialiste que vous critiquez et ouvrez une nouvelle ère avec votre opposition. Où vous nous respecterez. Où vous nous verrez comme des partenaires et non pas comme des adversaires à éliminer partout là où c’est possible.
Dans le cas contraire, que devrions-nous penser ?
Mesdames et Messieurs les Vice-Présidents, Mesdames et Messieurs les élus de la majorité, d’autres groupes de la majorité que celui des verts, Chers collègues: que feriez-vous si vous étiez confrontés à une telle injustice ? Donneriez-vous docilement votre accord d’un hochement de la tête ou vous indigneriez-vous ? Que feriez-vous à notre place ?
Ainsi, à défaut d’une évolution de votre part et notamment par le vote positif de notre amendement, nous nous verrons contraints, de nouveau, sur un projet qui aurait pu faire consensus, de votre contre. Et vous en serez le seul responsable, monsieur le Président.
Conseil Métropolitain des 27 et 28 Juin 2022
N° 2022-1105 – Société publique locale (SPL) intervenant dans les domaines du stationnement, de la mobilité, des transports, de la voirie et de l’espace public
Intervention – L.PELAEZ