Vous nous présentez dans cette délibération le Contrat passé entre la Ville, la Métropole de Lyon et l’Etat dans le cadre du plan de relance du logement.
Pour la Ville de Lyon, l’engagement est de 2922 logement dont 1559 logements sociaux, 7272 pour la Métropole de Lyon.
Si l’objectif de 7217 logements, dont 3077 sociaux (soit 43% environ) est atteignable pour la Métropole de Lyon, il semble ambitieux pour la Ville au regard des chiffres de la construction observée sur Lyon.
Les chiffres témoignent en effet d’une très forte chute de la construction en quelques années, que ce soit pour notre agglomération comme pour notre commune.
Au moment où je quittais la présidence de la Métropole de Lyon, et je cite là les chiffres de la DREAL, le nombre de logements construits cette année-là était de 11 540 sur la Métropole en 2017, il a été de 7530 en 2021.
A Lyon, il était de 4972, il est descendu à 2233 en 2021.
Lorsque depuis des mois, nous vous mettions en garde sur l’ampleur de la baisse de la construction dans notre ville et dans notre agglomération, ce n’était donc pas, on le voit aujourd’hui, un avertissement sans fondement.
C’est d’ailleurs ce que constate le CECIM (Centre d’Etudes de la Conjoncture Immobilière) qu’il y a quelques semaines, dans une conférence de presse tenue avec la Fédération des Promoteurs Immobiliers, faisait le bilan des constructions réalisées par les promoteurs entre 2017 et 2021 et les chiffres sont parlants :
- Pour la Métropole, les réservations étaient de 5077 en 2017 contre 3083 en 2021
- Les ventes en bloc de 1500 contre 741 aujourd’hui, essentiellement des VEFA pour le logement social.
On voit l’importance de la chute de la construction.
L’étude du CECIM donne aussi des indications intéressantes sur la répartition entre investisseurs privés et utilisateurs.
Sur les 5364 logements produits en 2017, 59% étaient le fait d’investisseurs privés, 41% d’utilisateurs – soit 2311. Aujourd’hui, on a, certes, inversé la tendance – 55% d’utilisateurs contre 45% d’investisseurs – mais on ne produit plus que 3083 logements, soit 1705 utilisateurs, une baisse de 600 logements.
La répartition du type de logement chez les utilisateurs est en même temps révélatrice :
- En 2017, sur les 2311, 66% étaient en TVA normale et 34% en TVA réduite, c’est-à-dire accessibles aux primo-accédants.
- Aujourd’hui sur les 1705 logements vendus aux utilisateurs, seuls 26% sont à ce taux de TVA.
Vous nous avez beaucoup fait l’éloge du BRS. Mais pour les promoteurs, il n’y en a eu que 39 en 2020 et 12 en 2021.
Vous pourriez nous dire que tout cela relève du passé, avec une forte baisse de la construction lors de la révision du PLU-H. Je vous l’accorde : le mouvement de baisse a commencé depuis quelques années.
Mais il aurait dû se stabiliser. Or les chiffres 2020-2021 fournis par les promoteurs sont loin d’aller dans le sens d’un redressement.
Pour ce qui est de Lyon :
- Les réservations (595 en 2021) montrent entre 2019 et 2021 une baisse est de 54%.
- Sur les mises en vente : 548 ventes en 2021, soit – 49% par rapport à 2019.
- Dès lors, les prix augmentent de 9% sur la période 2019-2021. Le pire du pire : + 8% pour la seule comparaison 2020-2021.
Pour la Métropole, le tableau est un peu moins catastrophique :
- 3083 réservations, soit – 31% sur 2019-2021, +4% sur 2020-2021.
- 3734 mises en vente, soit -7% sur la période 2019-2021 et +40% sur 2020-2021
- Mais là encore l’effet prix demeure: +12% pour 2019-2021 dont +7% pour la seule année 2021.
Comme on ne peut plus se loger à Lyon et difficilement dans la Métropole, cela entraîne une hausse des logements produits en périphérie : 1550 en 2021, soit + 43% de 2019 à 2021 et +25% sur la seule année 2021, avec une hausse des prix de 11% sur 2019-2021.
Dire que durant le précédent mandat, vous criiez au scandale lorsque les prix augmentaient de 3 ou 4% …
Du fait de ce manque de construction, l’offre disponible en 2021 s’est aussi réduite:
- Dans la Ville : 719 logements, soit – 8% sur 2019-2021 mais aussi -6% sur la seule année 2021.
- Pour la métropole : 3287 logements disponibles, soit – 25% sur 2019-2021, – 12% sur la seule année 2021.
Et après avoir fortement augmenté, l’offre se tarit aussi sur extérieurs de Lyon : – 24% sur la seule année 2021/2020. D’où l’explosion des prix sur le secteur de l’immobilier ancien.
Devant ces chiffres, vous pourriez vous ressaisir. Mais non.
Si votre collègue de la Métropole évoque au MIPIM le modèle lyonnais dont on peut voir aujourd’hui ce qu’il a produit et d’ailleurs ce qu’il va continuer à produire – heureusement d’ailleurs – sur Lyon et la Métropole, parce que tous les projets, que ce soit à Lyon ou dans la Métropole, – Lyon Confluence, Gerland, mais aussi Carré de Soie, le Vallon des Hôpitaux, les projets de rénovation urbaine – sont des projets que nous avons initiés sous le précédent mandat.
Mais pour l’avenir, la situation d’aujourd’hui ne vous fait guère changer d’optique.
Cela va être la modification n°3 du PLU-H qui va diminuer la constructibilité avec les coefficients de pleine terre mais aussi avec l’ensemble des normes nouvelles qu’il contient.
Sur Lyon va s’y rajouter votre Chartre de la qualité architecturale, votre volonté sur un projet comme la Part-Dieu, de réduire la constructibilité, y compris en termes de logements, dans le secteur pourtant le mieux desservis par les transports en commun.
Alors j’ai bien compris que vous vouliez que les nouveaux habitants qui vont venir dans la Métropole lyonnaise pour y travailler – et il continuera à y en avoir, au moins pour quelques temps – puissent aller se loger à Bourgoin Jaillieu, Bourg-en-Bresse ou Roanne, toutes villes desservies par une autoroute. Or il me semblait que c’est précisément ce type de trajets que vous vouliez éviter pour réduire les émissions de CO2.
Je crains donc qu’avec l’étalement urbain que vous êtes en train de générer par vos mesures en matière d’urbanisme et de logement, Lyon ne soit pas en transition mais en perdition.
Je vous remercie.
Intervention de Gérard Collomb au Conseil municipal du 23 mars 2022
2022/1538 Signature du contrat de relance du logement pour l’année 2022 avec l’Etat et
la Métropole de Lyon.