« Ce projet est une mascarade qui ne trompe personne. Et c’est bien là le problème que nous voulons dénoncer et non nous opposer à la végétalisation de la Place Bellecour en tant que telle. Bien au contraire, nous y sommes très favorables puisque nous l’avions entamée au dernier mandat et avions programmé des études pour l’améliorer.«
Monsieur le Maire,
Chers collègues,
Avant de m’exprimer sur ce sujet et pour éviter toute caricature éventuelle, je tiens à rappeler que notre groupe a toujours été, est et sera toujours POUR la végétalisation de nos espaces publics.
Cette précision faite, j’en viens maintenant à cette délibération ici présentée pour dire qu’elle est issue d’une mascarade qui ne trompe personne. Et c’est bien là le problème que nous voulons dénoncer et non nous opposer à la végétalisation de la Place Bellecour en tant que telle. Bien au contraire, nous y sommes très favorables puisque nous l’avions entamée au dernier mandat et avions programmé des études pour l’améliorer.
Cette délibération résulte de la première édition du Budget participatif. Au cours de celle-ci, le projet de la Place Bellecour a été élu premier lauréat. Sauf que ce projet est « hors la loi » en ce qui concerne les conditions de recevabilité.
Selon l’article 2 du règlement du BUPA, ces conditions sont au nombre de trois :
- Le projet ne doit relever que des compétences municipales ou, exceptionnellement, des compétences métropolitaines.
- Il doit être réalisable en deux ans.
- Et, enfin, il ne doit nécessiter que des dépenses d’investissement.
Or, d’après les précisions apportées par votre majorité, Monsieur le Maire, en commission urbanisme du 12 janvier dernier :
- Les Architectes des Bâtiments de France co-construisent le projet alors qu’ils constituent un corps d’Etat. Autrement dit, le cadre des compétences Ville et Métropole n’est pas respecté.
- Une phase de végétalisation de long cours serait en discussion avec la Métropole et devrait dépasser le mandat actuel. Donc le délai de réalisation ira au-delà des deux ans réglementaires. Ce-ci est d’autant plus probable étant donné la difficulté technique de la végétalisation de la Place, compte-tenu de la légèreté de la dalle ainsi que de la présence du parking et des métros en souterrains.
- Enfin, tôt ou tard, il faudra entretenir les nouvelles plantations, ce qui supposera des dépenses de fonctionnement, en plus des dépenses d’investissement.
Autrement dit, aucune des conditions de recevabilité imposées à tous les projets du Budget participatif n’est ici respectée.
Au-delà de son caractère « hors-la-loi », le projet présenté dans cette délibération ne correspond pas à la demande véritablement formulée par les Lyonnais.
Au cours de la même commission urbanisme, on nous indiquait en effet que la priorité de la majorité était de répondre à cette demande.
Mais ce qui est voulu, c’est la végétalisation de la Place, pas une oeuvre artistique temporaire – aussi verte soit-elle. Or c’est bien là l’essentiel de ce que propose la délibération : flécher la quasi-totalité des 1,5 M € vers le financement d’une oeuvre artistique.
En définitive, Monsieur le Maire, votre exécutif passe outre le règlement du Budget participatif, qu’il a lui-même rédigé et voté, pour présenter un projet qui prend le risque de ne pas répondre aux attentes des habitants.
C’est dans ces conditions que nous sommes tentés d’en conclure que tout ce-ci relève d’une mascarade qui ne trompe personne.
Nous voterons donc contre le détournement l’expression directe des Lyonnais.
Je vous remercie.
Intervention d’Anne-Sophie CONDEMINE au conseil municipal du 25 janvier 2024.
Rapport n°D_24_0006