Ce lundi 23 novembre 2020, le SYTRAL, Syndicat des transports en commun, a voté la mesure permettant à 130 000 personnes de se déplacer gratuitement à partir du 1er janvier 2021.
L’idée généreuse d’améliorer l’accès au réseau TCL pour les plus démunis et d’avoir tarification solidaire mieux adaptée aux niveaux de ressources est tout à fait louable. Mais ces 32,5% abonnements gratuits ont un coût pour le SYTRAL qui s’élève de 10 à 12 millions d’euros par an uniquement pour la Métropole de Lyon. Il ne faut pas oublier que le Sytral opère sur tout le Rhône !
Nous devons faire preuve de la plus grande prudence en matière financière en cette période bouleversée par la pandémie dont nous ne connaissons pas l’issue.
Cette mesure, prévoie aussi une tarification à 10€ pour, entre autre, les collégiens et les lycéens.
Intervention de Michèle Vullien au Comité du SYTRAL
Monsieur le Président, chers collègues
Tout d’abord permettez-moi de préciser que je suis consciente des problèmes financiers de certains de nos concitoyens et de la nécessité de venir en aide aux plus fragiles. C’est d’ailleurs ce qui depuis de longues années a prévalu au SYTRAL Le rapport 20.037 fait état de près de 100 000 abonnés qui bénéficient d’un tarif solidaire soit environ 1/4 des abonnés pour un coût de l’ordre de 35 à 45 M€ par an pour le SYTRAL pour des recettes de 256 M€ par an
L’idée généreuse d’améliorer l’accès au réseau TCL pour les plus démunis et d’avoir tarification solidaire mieux adaptée aux niveaux de ressources est tout à fait louable.
Mais il n’est pas certain que la gratuité soit la réponse adaptée : je vous suggère de Lire attentivement l’excellent rapport du sénateur Guillaume GONTARD ( actuellement président du groupe des verts au Sénat) dans le cadre de la mission sénatoriale : la gratuité des transports publics à quel prix? Mission dont j’étais présidente et qui a donné lieu à près d’une cinquantaine d’auditions et plusieurs colloques. Relisez également le rapport du LAET sur le SYTRAL ou celui de Jacques RAPPOPORT sur les transports de la région parisienne.
Plusieurs facteurs incitent à la prudence sur la mise en place de la gratuité :
Le SYTRAL est une autorité organisatrice de la mobilité qui doit investir pour toujours un meilleur service et dont une partie des recettes est fournie par le versement mobilité des entreprises qui se sont déjà fortement exprimé sur leur refus de financer la gratuité.
D’autre part, je rappelle qu’il est question là du seul réseau TCL alors que nous opérons sur tout le Rhône. Et bien sûr nous ne pouvons rien proposer sur ceux qui utilisent un autre mode tel que le train ou la voiture car ils viennent de territoires plus éloignés pour travailler sur la Métropole. J’attire votre attention sur les revendications des GILETS JAUNES contraints à une précarité énergétique qui avaient mis en exergue la pauvreté des campagnes et leurs difficultés d’accès à l’emploi. Et allez donc expliquer la gratuité au smicard qui se lève le matin …
On voit bien que les problèmes posés ne peuvent trouver leur solution sans faire appel aux collectivités dont le volet social est le domaine prioritaire : je veux parler du conseil départemental, de la Métropole de Lyon via les MDM et les communes via leurs CCAS
Nous devons faire preuve de la plus grande prudence en matière financière en cette période bouleversée par la pandémie dont nous ne connaissons pas l’issue. Ce n’est pas Monsieur le président la Métropole qui me contredira lui qui a vu sa capacité d’autofinancement baisser de moitié. Nous n’avons aucune visibilité face à cette crise économique et sociale et il serait beaucoup plus responsable d’attendre les résultats de l’observatoire des tarifications sociales que le ministre Djebbari avait accepté de mette en place à notre demande et de continuer notre travail d’investigation. En outre compte tenu du prochain changement de statut du SYTRAL nous devons être garants de l’équité territoriale.
Il me semblerait plus pragmatique de conserver la tarification solidaire actuelle comme il est proposé de le faire pour l’ensemble de la tarification et de laisser les collectivités dont c’est la mission venir en aide complémentaire aux plus démunis.
En conséquence je ne peux voter cette délibération en l’état et je m’abstiendrai tout en précisant que je suis à disposition pour poursuivre le travail de réflexion.
Michèle VULLIEN
Conseillère de la Métropole de Lyon