« Monsieur le Maire, vous ne vous consacrez à ce sujet pourtant crucial qu’à contre-coeur. Vous avez beau dire et répéter que la sécurité est une priorité, vous ne cessez de déroger à cette ligne.«
Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs les élus,
Chers collègues,
Vous me pardonnerez de dévier du sujet immédiat de cette délibération pour aborder le thème de la sécurité des Lyonnais de façon plus générale.
Monsieur le Maire, nous sommes préoccupés tant vous ne vous consacrez à ce sujet pourtant crucial qu’à contre-coeur. Depuis trois ans, l’hésitation et la réticence dominent tous vos actes en la matière. Vous avez beau dire et répéter que la sécurité est une priorité, vous ne cessez de déroger à cette ligne.
Trois éléments récents le montrent bien : vos duels incessants avec le Ministre de l’Intérieur sur la question des effectifs de la Police nationale à Lyon, la Mission d’Information sur la sécurité que nous venons de conclure et la Place Mazagran.
Sur la question des effectifs de la Police nationale à Lyon en effet, vous avez encore croisé le fer avec le Ministre de l’Intérieur par voie de presse en début de semaine.
Vous lui reprochez ne pas avoir accès aux statistiques exactes des déploiements de la Police nationale sur notre circonscription. Je vais vous répondre avec des éléments que l’on peut trouver dans la presse, pour peu qu’on veuille les chercher : depuis novembre 2020, 320 policiers sont arrivés dans la Métropole, 560 si on agrandit la focale à l’échelle du département. Mais si vous semblez passionnés par vos passes d’arme avec le Ministre sur ce sujet, Monsieur le Maire, voulez-vous vraiment davantage de policiers nationaux à Lyon ?
Si la question pourrait paraître ubuesque, il n’en est rien en réalité. Monsieur CHiHI nous apprenait en effet récemment, en commission sûreté, que vous refusiez jusqu’à présent le Contrat de Sécurité Intégré proposé par l’Etat.
Pour ceux qui ne connaitraient pas ce précieux sésame, il permet aux communes bénéficiaires d’obliger contractuellement l’Etat à fournir différents efforts en matière de sécurité sur le territoire municipal – y compris en ce qui concerne les effectifs de police nationale. Bien entendu, cela suppose que la municipalité prenne ses propres engagements dans le cadre de ses compétences.
Autrement dit, Monsieur le Maire, vous ne cessez de vous mettre en scène dans les médias sur cette question, mais vous refusez le principal instrument juridique qui vous permettrait d’obtenir satisfaction.
Votre manque de conviction en ce qui concerne la sécurité des Lyonnais se retrouve également dans les suites que vous entendez donner, ou non, à la Mission d’Information qui vient de clore ses travaux sur ce sujet.
Interrogé sur ce point, votre Adjoint s’est contenté de nous répondre que « beaucoup des préconisations présentées dans le rapport de la MIE sont déjà prises en compte ». Il serait regrettable que vous vous en teniez-là, Monsieur le Maire. Votre opposition vous a fait pas moins de 19 propositions pour améliorer notre politique de sécurité. Les groupes de votre majorité en ont ajouté d’autres. Vous avez donc à votre disposition une matière conséquente pour remettre à plat nos dispositifs de sécurité, les faire progresser et en tirer un plan d’actions à court ou moyen terme. Si vous n’en faites rien, vous confirmeriez que cette MIE vous dérangeait dès sa création, que vous ne vouliez pas la voir comme une opportunité et que vous considériez la tranquillité des Lyonnais comme un sujet de second ordre.
La tentation est plus forte de vous prêter cet état d’esprit devant la situation de la Place Mazagran. Face à l’insécurité de ses habitants, vous avez très longtemps répondu par des ajustements de mobilier urbain. Monsieur le Maire, quand un riverain subit de la violence au quotidien, cette réponse lui paraît incompréhensible. Nous vous avons écrit il y a plusieurs semaines sur ce sujet. Relayant la demande des habitants, nous vous avons proposé de transformer la Place en un parc. Cette proposition est loin de tout résoudre, nous sommes bien conscients, à commencer par la prise en charge médico-sociale des individus en errance sur les lieux ou la lutte contre les réseaux mafieux qui les exploitent. Mais elle permettrait au moins de fermer cet espace la nuit. Elle constituerait ainsi une première étape vers l’apaisement. Dans sa réponse à notre courrier, M.CHIHI dit avoir demandé à l’Etat l’intégration de Mazagran dans le dispositif de surveillance policière renforcée existant à la Guillotière.
Ce choix n’est pas le bon selon nous. En augmentant la zone de déploiement de ce dispositif, vous diluerez les forces en présence, ce qui ne peut que nuire à leur action. En revanche, la création d’un tel dispositif, mais qui serait propre à Mazagran, paraît davantage répondre à la demande des habitants. Je vous fais par ailleurs remarquer, Monsieur CHIHI, qu’une telle mesure n’est en rien contradictoire avec notre proposition, elle y est même parfaitement complémentaire. Dans votre courrier, vous dites préférer – je vous cite – « de vraies solutions d’apaisement ». Les riverains attendent depuis des mois que vous présentiez vos vraies solutions. Notre proposition est certainement imparfaite, mais elle a au moins le mérite d’exister, tout comme celles que font très régulièrement les habitants de la Place.
Je conclurai mon intervention, Monsieur le Maire, en réitérant l’alerte que nous vous faisons depuis le début de ce mandat : agissez enfin pour la sécurité de notre ville avec engagement et conviction.
Je vous remercie.
Intervention de Samira BACHA-HIMEUR au Conseil municipal de la Ville de Lyon du 28 septembre 2023
Rapport n°D_23_0310