Absence du passage de la flamme olympique à Lyon et évacuation de gymnases : « Nous espérons que vous saurez tirer toutes les leçons de ces événements pour permettre à notre cité de renouer avec ses valeurs, son histoire et ses traditions« 

Monsieur le Maire,

Chers collègues, 

Allumée pour la première fois en 1928, elle symbolise aujourd’hui la paix, l’unité des peuples et bien sûr le sport. Vous l’avez certainement deviné, je vous parle ici de la flamme olympique. 

Celle-là même qui est arrivée en France au début du mois, qui est partie d’Olympie le 16 avril pour entamer son relai qui se terminera le 26 juillet à Paris et … Qui ne passera pas par Lyon ! 

Non, la flamme ne passera pas par Lyon. Vous en avez ainsi décidé en début d’année, tout comme le Président de la Métropole et le Président du Département. Selon vous, l’évènement serait trop cher pour sa durée !

Trop cher, cela peut étonner comme argument quand on sait que des territoires moins dynamiques d’un point de vue économique ont trouvé les moyens d’investir dans cet évènement. 

Cela nous ramène quelques temps en arrière, quand en début de mandat vous aviez pris un positionnement comparable pour ne pas accueillir le Tour de France, en évoquant en plus d’autres raisons sur lesquelles je ne reviendrai pas ici. 

Si vous aviez eu, avec les collectivités que j’ai citées plus haut ainsi que leurs présidents, la volonté d’être au rendez-vous, vous en auriez largement eu la capacité. Vos trois collectivités sont donc passées à côté de l’histoire du sport français. 

Les Jeux olympiques sont bien plus qu’un rassemblement sportif. Ils incarnent les valeurs universelles de paix, d’unité et de dépassement de soi. Ils offrent une opportunité exceptionnelle aux territoires, de rayonner à l’international et de célébrer la diversité culturelle. 

L’occasion d’une grande liesse populaire, d’un beau moment de vivre ensemble.

Pour quelques heures, nous aurions pu être rassemblés autour des valeurs du sport, autour de l’histoire sportive de Lyon, de ses championnes et ses champions, passées, présents et à venir. Je dis cela avec l’un d’eux à mes côtés, Yann CUCHERAT, qui est allé à Aix-en-Provence porter la flamme. 

Vous avez commis une erreur, nous vous le signalions avant l’annonce officielle du parcours. Peut-être en avez-vous conscience au regard de l’élan national et de la féérie populaire qui émane aujourd’hui du relais de la flamme ? 

Vous loupez une occasion unique de valoriser notre exceptionnel tissu sportif, nos clubs et leurs adhérents et bénévoles. Vous auriez pu raconter des histoires formidables autour du sport et ses impacts sociétaux. Vous auriez pu y associer nos écoles et nos enfants pour valoriser la pratique du sport. Toutes les écoles se sont emparées du sujet des jeux autour de projets pédagogiques.

Nous aurions pu faire briller notre belle ville lumière et en profiter pour rappeler ce qu’est Lyon au fond : une cité rayonnante, attractive et ouverte sur le monde, une ville qui trouve sa vitalité dans le dynamisme de ses habitants, de ses acteurs, publics comme privés. 

Cela étant, mes propos ne minimisent en aucun cas le passage de la flamme paralympique le 26 août. Notre groupe est fier et ému que notre ville ait été retenue pour cet évènement et nous saluons bien entendu les futurs porteurs, Inès DAHMANI et Michel SORINE. Mais à l’instar de Montpellier ou de Strasbourg, nous aurions pu  – nous aurions dû ! – participer à cette fête en totalité. 

Vous avez loupé volontairement une occasion de nous rassembler, de rassembler les Lyonnais et les Grands Lyonnais. De donner un moment de bonheur aux gens, un moment de partage et d’apaisement. Des temps dont nous avons bien besoin dans le contexte national comme international anxiogène et de plus en plus conflictuel que nous connaissons.

J’évoquais à l’instant le contexte national et international difficile, le contexte local, sur certains sujets, n’est pas en reste. Je fais ici référence à une actualité assez récente : les expulsions que vous avez dû mener dans les gymnases Dargent et Chanfray. 

Il n’y a pas de contestation possible, l’Etat doit tenir son rôle face au mal-logement et au sans-abrisme.

Mais toutes les mises en scène dans des duels judiciaires et médiatiques qui vous opposent à l’Etat n’empêchent pas la nécessité de trouver des solutions à votre niveau pour pallier aux situations les plus extrêmes. Et vous devez le faire de manière partenariale avec les responsables politiques en exercice. C’est finalement ce qui distingue le politique du politicien.

Vous êtes arrivés en responsabilité en annonçant sur ces questions-là avoir l’ambition de mieux faire ; en annonçant que vous, vous alliez réussir à faire ce que les autres, avant vous, n’ont pas pu ou pas voulu faire. « Zéro enfant à la rue » n’a rien d’un slogan. 

Nous souhaitons tous trouver des solutions, permettre à toutes et tous d’avoir un logement décent, un toit sur la tête. Malheureusement, nous savons que la situation du logement est extrêmement compliquée et ne semble pas s’arranger. Vous vous retrouvez aujourd’hui dans une situation plutôt inconfortable. 

Vous vous appuyez régulièrement sur des collectifs militants et défendez leurs modes d’actions radicaux comme le blocage des routes ou le jet de soupe sur des œuvres d’art, mais vous vous offusquez et employez la force face à l’intrusion dans un gymnase de femmes et d’enfants à la rue …

Vous êtes ici pris dans vos contradictions et surtout vous êtes confrontés à l’extrême complexité du problème du sans-abrisme et du mal-logement. 

Nous avons, à Lyon, un tissu associatif très solide, engagé et investi sur le sujet avec sérieux et maîtrise, sur lequel nous devons continuer à nous appuyer avec l’intervention de l’Etat bien sûr mais sans naïveté. Sans sur-communiquer en annonçant ce que vous ne pouvez et ne pourrez pas faire et en expliquant « c’est pas moi, c’est l’Etat ». 

Les expulsions auxquelles vous avez dû recourir laissent penser que la situation vous a échappé avec des conséquences humaines et sociales bien réelles. Les véritables victimes, ce n’est pas votre majorité, mais bien les exilés, les déplacés et tous les exclus dont les femmes et les enfants cités plus haut. 

Nous avons voté l’année dernière le plan « Lyon, ville hospitalière ». L’hospitalité n’est pas qu’une tradition, c’est aussi un gage de la cohésion sociale de nos territoires et de nos quartiers. Or, la Ville de Lyon a besoin d’avoir une parole crédible sur les questions d’inclusion et de solidarité pour maintenir ce gage de cohésion. En menant ces expulsions après avoir fait tant de promesses et de déclarations, Monsieur le Maire, vous avez pris le risque de dégrader le crédit de l’expression municipale sur ces sujets. C’est loin d’être anodin dans une société où la confiance citoyenne à l’égard du politique est ébranlée.

Nous espérons que vous saurez tirer toutes les leçons de ces événements pour permettre à notre cité de renouer avec ses valeurs, son histoire et ses traditions. 

Je vous remercie. 

Intervention préalable de Delphine BORBON au conseil municipal de la Ville de Lyon du 30 mai 2024.

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