« En cette nouvelle année, nous formulons pour notre ville des voeux de renouveau démocratique, de dignité et de conscience de notre histoire collective. »
Monsieur le Maire,
Chers collègues,
Vous l’avez rappelé, la tradition veut que le premier conseil de l’année nous permette de présenter nos voeux et de rappeler l’attachement à notre territoire et à ceux qui l’habitent. J’adresse donc, au nom du groupe « Pour Lyon », des voeux sincères de bonheur et de réussite aux Lyonnaises et aux Lyonnais ; aux bénévoles de nos associations qui font la richesse de notre tissu solidaire ; à nos agents qui, chaque jour, vont vivre notre service public, et à tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, participent à notre vie commune. A vous toutes et tous bien sûr qui composez notre assemblée. Que 2024 soit pour vous une année d’épanouissement, de santé et d’accomplissements.
L’année 2023 fut mouvementée et marquée par de nombreux évènements dont Lyon ne fut pas épargnée, loin s’en faut, et qui reflètent les fractures de notre société.
Alors, en cette nouvelle année, nous formulons pour notre ville des voeux de renouveau démocratique, de dignité et de conscience de notre histoire collective.
De renouveau démocratique d’abord car, parmi les nombreuses tensions qui ont émaillé l’année qui vient de se clore, la violence figure malheureusement en bonne place, comme trop souvent ces derniers temps. Face à elle, l’un des instruments à privilégier est une démocratie où chacun s’y retrouve. A l’heure où l’on parle d’abstention électorale toujours plus élevée, d’une baisse générale de la confiance dans les institutions et d’une méfiance grandissante à l’endroit du personnel politique, nous devons, vous devez, répondre au plus grand nombre.
Parler de proximité lorsqu’on évoque la politique locale n’est pas juste un mot, mais bien un moyen de revenir au citoyen. De la même façon, la transparence n’est pas qu’un concept mais bien un indispensable pour que toutes et tous aient accès à l’information. Il en va de même pour l’exemplarité, terme beaucoup entendu dans nos instances.
Il nous faut transformer ces expressions en acte et la révision à venir de la loi dite « Paris-Lyon-Marseille » nous en offre l’occasion. En effet, cette révision doit faire l’objet d’un débat local et trans-partisan, pour la partie qui concerne notre territoire.
Monsieur le Maire, nous vous avions proposé d’ouvrir, avec le Président de la Métropole, une commission générale à ce sujet, rassemblant l’ensemble du spectre politique, car elle pourrait constituer le point de départ de notre réflexion collective. Nous attendons toujours votre réponse à ce sujet.
Je parlais de fractures au début de mon propos et, outre la violence, les inégalités font partie des facteurs qui les alimentent. Lutter pour que chacune et chacun ait une vie digne apparait comme l’un des meilleurs remèdes à ce fléau social. C’est pourquoi notre deuxième voeu pour notre ville est un voeu de dignité et en particulier sur la question du logement.
En cette période hivernale, alors que le sans-abrisme touche encore plus durement du fait des conditions climatiques, mettre en place les conditions pour que tous nos concitoyens aient accès au logement apparaît comme un incontournable.
Je tiens à rappeler ici que la Métropole de Lyon et ses communes, notamment notre ville, ont à disposition de nombreux leviers d’action et ceux-ci doivent être pleinement utilisés à chaque instant.
Violences, inégalités … Parmi les causes qui nourrissent les fractures que nous connaissons, j’en ajouterai une dernière, bien que la liste soit encore longue : la tendance à pointer ce qui nous différencie plutôt qu’à valoriser ce qui nous rassemble. Et l’histoire appartient à ces quelques piliers sur lesquels repose notre capacité à faire société. Dans cet esprit, notre groupe formule son troisième voeu pour la nouvelle année, un voeu de conscience de notre histoire.
L’exemple de Claude BLOCH, disparu le 31 décembre dernier, doit ici nous inspirer. Originaire du 6e arrondissement de Lyon, il est arrêté par la Milice, en juin 1944, à 15 ans, avec sa mère. Il est déporté au camp de Stutthof, après être passé par Auschwitz.
Libéré à 16 ans, Claude BLOCH était depuis 1995 un passeur de mémoire comme vous l’avez justement écrit, Monsieur le Maire, un infatigable lanceur d’alertes sur les ravages de la haine. Son témoignage des horreurs de la Shoah et de la barbarie nazie a marqué des générations scolaires.
Suite à son décès, nous présentons nos sincères condoléances à ses proches tout comme nous rendons hommage à son engagement, auquel il nous faudra collectivement rester fidèles.
Ce vœu de conscience de l’histoire traduit également notre souhait de voir triompher la diplomatie et la sérénité dans le monde. Que les zones de conflits – le Haut Karabagh, l’Ukraine, le Moyen-Orient – retrouvent la paix.
Renouveau démocratique, dignité et conscience de l’histoire, voici donc les trois voeux que notre groupe formule en cette nouvelle année. Nous n’oublions certainement pas les urgences sociales et écologiques qui constituent, à nos yeux, deux des défis majeurs de l’action publique aujourd’hui.
Nous avons souhaité garder cette intervention préalable autour de ce message d’espoir à travers nos vœux et laisser place à l’expression de nos désaccords pour la suite de nos débats.
Je vous remercie.
Propos préalable de Delphine BORBON au conseil municipal du 25 janvier 2023