Ce jeudi 17 décembre 2020, le comité syndical du SYTRAL a voté le nouveau plan de mandat 2021-2016, plan d’action et d’investissement de la nouvelle politique menée par les Vert.
A la tête du Sytral, Bruno Bernard (également Président de la Métropole), a présenté un budget d’investissement de 2.55 milliards d’euros sur la période pour un « réseau multimodal, moderne, performant et durable » incluant nouveaux tramway, transports par câble. Il confirme également le développement des Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) et les bus express sur les voies M6 et M7 mises en place par les précédents mandats.
Vous pouvez consulter le plan de mandat sur le site du SYTRAL
On a l’impression d’une lettre au père Noël ne tenant absolument pas compte de la crise sanitaire, économique et sociale actuelle.
La transition écologique et la relance verte, la relance économique et l’insertion et la cohésion de nos territoire sont des enjeux qui nous tiennent à coeur.
Michèle Vullien, membre du bureau du SYTRAL, a pris la parole lors du du comité Syndical.
Lorsque l’on regarde en détail le montant des dépenses prévues de 2 milliards 550 millions d’euros entre 2021 et 2026, on ne peut qu’être perplexe !
Michèle Vullien
Notre Métropole va donc se transformer en un immense chantier à ciel ouvert :
- Réalisation de 4 lignes de Tram : vouloir tout réaliser en même temps, c’est prendre le risque de ne rien faire correctement et d’engendrer des nuisances insupportables pour notre population. Les besoins d’ingénierie et de main-d’œuvre spécialisée sont tels qu’il me paraît inconcevable que l’ensemble de ces projets, pourtant pertinents, puissent voir le jour sous ce mandat.
- Transport par câble : quel pertinence et acceptabilité en milieu urbain ? Temps de trajet, nombre de passages, quel est intérêt d’un tel dispositif aussi couteux ?
Mais des projets structurellement nécessaires manquent dans ce plan de mandat :
- Le renforcement de la ligne D avec des rames plus longues répondrait à un réel besoin en heures de pointe
- Métro E : qui permettrait une liasse rapide et directe entre la Gare d’Alaï (Tassin et Francheville) à Bellecour en moins de 10 minutes avec des arrêts dans le 5e arrondissement.
- La logistique urbaine et la livraison du dernier kilomètre n’a à aucun moment été nommé dans la présentation
Quelle est l’ambition du Sytral sur l’ensemble de son futur périmètre de compétences ?
Le nouvel exécutif du SYTRAL ne semble pas anticiper le passage du SYTRAL en Établissement Public, accueillant de nouveaux partenaires dès 2022.
Alors que c’est une réelle opportunité pour mettre en place le Réseau Express Métropolitain – RER à la Lyonnaise défendu par Christophe Geourjon (membre de notre groupe) depuis plusieurs années déjà.
Pour ce faire, il est vrai que la Région doit marcher de concert avec la Métropole et le SYTRAL. Sur cela comme sur beaucoup d’autres projets, vous renvoyez vers une clause de revoyure du plan de mandat d’ici à 2023.
Sauf qu’aucun budget sur le ferroviaire n’a été prévu dans ce plan de mandat. Si nous voulons avancer sur ce sujet, il nous faudra alors renoncer à certains des projets que vous nous proposez ce jour : lesquels ?
Le SYTRAL doit être le pilote de toutes les mobilités durables, chaque mode étant à sa juste place, sans exclusion. Je vous avoue que cette diabolisation de la voiture par votre majorité indispose nombre de concitoyens et que la mise en place de la ZFE inquiète les plus fragiles.
Intervention de Michèle Vullien
Monsieur le Président, chers collègues,
Ce plan de mandat 2021-2026 qui nous est soumis est séduisant à bien des égards, car il veut répondre à des enjeux qui nous tiennent à cœur : la transition écologique et la relance verte, la relance économique et l’insertion, la cohésion de nos territoires.
Je ne peux qu’être heureuse des intentions d’amélioration de la mobilité durable de nos concitoyens ce qui depuis des années est la vision partagée des présidents du SYTRAL qui se sont succédé. Vous venez d’ailleurs, Monsieur le Président, d’en cueillir récemment les lauriers en recevant le Pass d’argent pour la qualité de notre réseau.
Mais lorsque l’on regarde en détail le montant des dépenses prévues de 2 milliards 550 millions d’euros entre 2021 et 2026, on ne peut qu’être perplexe !
On a l’impression d’une lettre au père Noël ne tenant absolument pas compte de la crise sanitaire, économique et sociale actuelle. Ni de la réalité technique pour mettre en œuvre tous ces projets.
Par exemple, si je me réjouis avec vous de l’achat massif de nouveaux véhicules propres, je suis inquiète concernant l’acquisition de foncier et la construction des dépôts nécessaires en fonction des modes.
Notre Métropole va donc se transformer en un immense chantier à ciel ouvert : T6 Nord, T8, T9, T10. Vouloir tout réaliser en même temps, c’est prendre le risque de ne rien faire correctement et d’engendrer des nuisances insupportables pour notre population. Les besoins d’ingénierie et de main-d’œuvre spécialisée sont tels qu’il me paraît inconcevable que l’ensemble de ces projets, pourtant pertinents, puissent voir le jour sous ce mandat.
Je m’interroge également sur l’arbitrage des priorités : par exemple, pourquoi le renforcement de la ligne D avec des rames longues semble ne plus être d’actualité alors qu’aux heures d’hyper pointe, nous laissons des voyageurs sur les quais ?
Certains projets devront également être interrogés sur leur pertinence et leur acceptabilité en milieu urbain comme le transport par câble.
Ce plan de mandat semble enterrer toute ambition concernant le développement du réseau de métro alors qu’il s’agit d’un mode de transport à haute fréquentation. C’est sûr que tramway présente un avantage indéniable : celui de permettre des inaugurations d’ici à la fin du mandat…
Toutefois, la réalisation du métro E, que vous aviez pourtant inscrit sur vos documents de campagne et dont le coup d’envoi est prêt à partir dès ce mandat, semble bien mal engagée.
Ce projet a malheureusement de bonnes chances d’être écarté après la consultation publique.
Vous semblez également ne pas anticiper le passage du SYTRAL en Établissement Public, accueillant de nouveaux partenaires dès 2022.
Ce n’est parce que le président actuel de la Région prétend que cet article de la loi d’orientation des mobilités est une erreur du législateur, qu’il faut mettre le sujet sous le boisseau !
J’ai été très investie dans la rédaction de la LOM au Sénat et je peux vous garantir que ce n’est absolument pas une erreur, mais une vraie volonté de pouvoir irriguer un territoire plus pertinent avec tous les modes y compris le ferré.
Dans ce plan de mandat, aucune trace de votre volonté de faire aboutir un RER à la lyonnaise tant attendu par nos concitoyens. Pour ce faire, il est vrai que la Région doit marcher de concert avec la Métropole et le SYTRAL. Sur cela comme sur beaucoup d’autres projets, vous renvoyez vers une clause de revoyure du plan de mandat d’ici à 2023.
Mais s’il devient possible d’avancer sur le sujet ferroviaire, comment comptez-vous financer les centaines de millions d’euros nécessaires que vous dites être prêt à investir dans un discours volontariste, si vous êtes déjà à la limite des seuils d’alerte d’endettements ? Vous ne vous laissez aucune marge de manœuvre !
Si nous voulons avancer sur le ferroviaire, il nous faudra alors renoncer à certains des projets que vous nous proposez ce jour : lesquels ?
À vouloir trop en faire, nous voilà désormais sans aucune certitude.
On devrait également se préoccuper de la logistique urbaine et de la livraison du dernier km par nos tramways par exemple, comme nous avions eu l’occasion de l’envisager. Ces sujets ne semblent pas trouver un écho important chez vous alors qu’il s’agit d’un enjeu majeur pour les 5 ans à venir ! Parier sur les seuls vélos cargo n’est pas une solution.
Le SYTRAL doit être le pilote de toutes les mobilités durables, chaque mode étant à sa juste place, sans exclusion. Je vous avoue que cette diabolisation de la voiture par votre majorité indispose nombre de concitoyens et que la mise en place de la ZFE inquiète les plus fragiles.
Ce plan financièrement ambitieux doit bien sûr trouver des ressources. Je ne peux que désapprouver fermement l’idée d’augmenter le versement mobilité et de le porter à son taux maximum alors que nous avons toujours été attentifs à ne pas surcharger les entreprises.
En cette période de crise économique sans précédent, comment peut-on écrire que nous disposons là d’une marge de manœuvre !!
Il faudrait au contraire affirmer que nous ne toucherons pas à cet impôt pendant toute la durée du mandat pour aider à la reprise. En revanche, vous devez continuer à demander au ministre des Transports qu’il déplafonne le système de compensation qu’il nous verse depuis le changement de seuil du VT.
Vous misez sur un hypothétique soutien fort de l’État et de l’Europe. Acceptons-en l’augure !
En outre vous envisagez une hausse de la contribution de la Métropole dès 2022 de 10 millions d’euros supplémentaires par an permettant d’atteindre 200 millions d’euros courants de contribution en fin de mandat. Avec ou sans augmentation des impôts métropolitains ?
Enfin, vous n’hésitez pas à recourir à l’emprunt en dégradant sévèrement le ratio actuel de désendettement pour le porter à 8 ans en 2026 et à 10 ans en 2030 !! Heureusement qu’au-delà de 10 ans il y a des risques de sanctions !!
Malheureusement, toutes les simulations sur lesquelles sont basées les projections de ressources tablent sur un retour progressif à la normale puis une reprise de la croissance des usages des transports en commun. Nous n’en savons rien aujourd’hui, la crise sanitaire est toujours là et ses conséquences sont imprévisibles.
Cela même alors que les transports publics traversent une crise de modèle structurel.
Il aurait mieux valu établir plusieurs scénarios d’investissements en fonction de différentes hypothèses de fréquentation et de recettes. Mais cela aurait supposé de hiérarchiser les priorités au risque de créer des mécontents. Et pourtant, des mécontentements il y en aura.
Monsieur le Président, même si je suis très attachée au développement de la mobilité durable et aux enjeux climatiques je ne peux que m’abstenir, à regret, sur un plan de mandat irréaliste ne tenant aucun compte du contexte problématique que nous vivons.