Intervention de Louis Pelaez
Le quartier de la Part-Dieu est le cœur battant économique et la principale porte d’entrée de notre Métropole. Ce quartier, c’est un atout, une chance pour notre agglomération.
L’exécutif métropolitain nous parle d’en faire un quartier à vivre, mais la Part-Dieu est déjà un quartier vivant avec ses 21 000 habitants, ses crèches et ses écoles.
Car, pour réinventer le modèle de la Part-Dieu il a été lancé, avec les précédentes majorités un ambitieux projet de requalification urbaine.
C’est déjà alors un meilleur équilibre entre activités économiques, logements et espaces collectifs qui avait été décidé.
Permettez-moi de vous le dire, mais une importante part du projet que vous présentez comme nouveau (reconstruction de la Cité administrative d’État, prolongement de la place du Lac jusqu’à la tour du Crédit Lyonnais, végétalisation de la partie est de la rue Garibaldi) n’est que la reprise du projet que nous avons porté.
Au niveau global, vous portez une volonté de réduire la constructibilité de 100 000 m² soit 36% des surfaces restant à construire, 20% du programme global. Ce n’est pas rien !
Ce sont près de 87 000 m² de surfaces de bureaux qui sont concernées. Mais si beaucoup d’entreprises souhaitent être à la Part-Dieu, c’est tout simplement parce que ce quartier est au cœur de tous les déplacements.
88 % des salariés du quartier viennent travailler en utilisant des modes peu ou pas polluants. Il y a là un profond paradoxe !
Aujourd’hui, le taux de vacance à Part-Dieu est seulement de 2,34% alors même que nous avons développé 150 000 m² de bureaux entre 2009 et 2015 avant la création de la SPL et encore 150 000 depuis cette date. Rien à voir avec les 20% du quartier de la Défense que vous aimez citer comme exemple.
Si la Part-Dieu est la « locomotive » du développement économique lyonnais, est-ce à dire qu’elle concentre toutes les implantations d’entreprises et vampirise les territoires ?
Évidemment non : Gerland, la Confluence, le quartier de l’Industrie, Techlid, le Carré de Soie, l’Est lyonnais attirent également aujourd’hui, chacun avec sa spécificité.
Alors, pourquoi supprimer ces implantations d’entreprises ?
Pour faire plus de logements ? Mais il n’y aura pas substantiellement plus de création de logements par rapport à notre projet ! Vous en prévoyez 10 000 m² de moins.
Et paradoxalement, alors que vous nous caricaturiez en parlant de forêt de tours places de Milan avant votre moratoire sur les tours, vous êtes désormais prêts à densifier dans de grands ensembles de logements de près de 50m de haut. À proximité de la cheminée de Dalkia ! Bon courage aux futurs habitants !
Par contre, vous vous gargarisez d’augmenter la proportion de logements sociaux et dits abordables dans les surfaces à construire qui en représente désormais 46%.
Mais lorsque l’on regarde dans le détail, la surface dédiée au locatif social n’augmente que de 1250 m² par rapport au projet initial soit une grosse vingtaine de logements. La surface dédiée au logement intermédiaire demeure identique mais est désormais au 2/3 occupée par des Bails Réels Solidaires, fort coûteux pour les finances de la collectivité.
Vous avez donc réussi l’exploit de faire moins de bureaux, moins de logements et des logements encore plus densifiés !
Alors pourquoi cette refonte du projet si ce n’est ni pour améliorer l’offre tertiaire ni accueillir de nouveaux logements et équipements publics ? Peut-être est-ce pour végétaliser davantage ?
Mais notre projet comprenait déjà plus de végétalisation ! Dois-je rappeler la prolongation de la place du lac et la nouvelle phase de réalisation sur la rue Garibaldi ? On peut difficilement dire que les phases requalifiées de cette rue ne sont pas aujourd’hui exemplaires dans ce qui se fait en termes de végétalisation.
Dans ce projet, tout tourne finalement autour de votre rejet des tours et de votre fameuse promesse de campagne de forêt urbaine en centre-ville, rue Bouchut. Ah, on allait voir ce qu’on allait voir ! Mais la grande forêt a bien été taillée à la hache et on nous parle aujourd’hui d’un boisement. Demain, peut-être évoquerez-vous un bosquet !
Programme « Maintenant l’écologie pour Lyon », page 5 « Nous créerons des forêts urbaines, de 3 à 5 hectares, pour constituer des îlots de fraîcheur, des puits de carbone et des refuges de biodiversité. Même en plein cœur de la Part Dieu, rue Dr Bouchut, nous planterons une forêt ! »
Lorsque l’on consulte le dossier de réalisation de la ZAC, on découvre que le boisement rue Bouchut tient en réalité… sur 0,5 hectares.
EELV aurait-il fait du marketing vert électoral sur ce projet ?
Il semblerait que vous reconnaissez dans la presse avoir été naïf sur le terme tout en réfutant l’idée d’un renoncement au profit d’une « rectification ».
Le coût estimatif de ce boisement est aujourd’hui de 2,4 millions, hors foncier. Même si vous déclarer posséder les ¾ du ténement France Tv, nécessaire pour réaliser le boisement rue Bouchut, l’opération foncière risque d’être très onéreuse, le terrain étant classé en zone constructible et devait initialement accueillir des logements.
Un membre de la majorité avait donc raison de reconnaitre dans la presse que nous aurons ici les tulipes les plus chères du monde !
Par ailleurs, le choix de réaliser des plantations de type Miyawaki en centre-ville interroge quand on connaît le désastreux rendu de cette technique au bout de quelques années à Paris.
Avec votre refus de percer la rue Bouchut à la circulation, il ne sera d’ailleurs plus possible de traverser la Part-Dieu d’est en ouest pour se rendre en centre-ville, ce qui risque d’engendrer un important report du trafic sur les cours Lafayette et Gambetta. Une étude a été commandée à Citec sur votre nouveau plan de circulation. Nous renouvelons notre demande d’en avoir connaissance pour juger sur pièces.
Enfin, difficile de parler de végétalisation sans évoquer nos réalisations sur la place Mandela que vous souhaitez désormais vous approprier soit 4 Ha donc 1,8Ha d’extension récente au nord de l’avenue Félix Faure.
Vous estimez qu’il faut en finir avec la verticalité pour reconquérir horizontalement la Part-Dieu : nous pensons que ce que vous nous proposez n’est pas un projet plus horizontal et équilibré mais bien une mise à terre du projet.
Lyon qui jadis tutoyait les sommets par la pointe de sa skyline aura désormais les pieds bien empêtrés dans les ronces et les racines des rances promesses électorales.
Conseil de la Métropole de Lyon du 27 et 28 septembre 2021
Dossier N° CP-2021-0716 – urbanisme, habitat, logement et politique de la ville-Lyon 3ème -Opération Lyon Part-Dieu -Avenant n° 4 au traité de concession Lyon Part-Dieu -Avenant n° 2 à la CMOU -ZAC Part-Dieu ouest : modifications n° 1 du PEP définitif et du dossier de réalisation -Avenant n° 1 à la convention de participation financière avec la Ville de Lyon -Convention-cadre de participation des constructeurs au financement des équipements publics -Participation financière à la remise à titre onéreux -Individualisations d’autorisation de programme
Intervention de Louis Pelaez