« Des actes monstrueux ont été commis dans le cadre sportif. Il est impératif de les sanctionner sévèrement. Cependant, il est également important de reconnaître que le sport ne monopolise pas ces violences.«
Monsieur le Maire,
Chers collègues,
Selon les données les plus récentes du Ministère de l’Intérieur, près de 83 000 victimes de violences sexuelles ont été enregistrées par les forces de l’ordre en France pour l’année 2023. Concernant notre ville, 827 cas ont été répertoriés en 2022.
Je pourrais ajouter bien d’autres chiffres tant la liste est longue. Je m’arrêterai toutefois ici dans un souci de synthèse, d’autant que les statistiques témoignent trop peu de la souffrance, voire du traumatisme parfois, des personnes agressées.
Les deux chiffres que je viens de vous citer n’ont finalement qu’un avantage : illustrer l’ampleur du phénomène des violences sexistes et sexuelles dans notre pays, au fur et à mesure que la parole des victimes se libère. Et nous l’avons vu, Lyon ne fait pas exception.
La lutte contre ce fléau est un combat humaniste, pour le respect, pour la dignité et pour l’intégrité de la personne humaine. Ce combat nous oblige et nous concerne toutes et tous, que nous soyons élus, citoyens, acteurs de la société civile ou du monde économique.
C’est pourquoi, Monsieur le Maire, nous approuvons sans réserve la démarche animant le dispositif que vous nous présentez aujourd’hui. Faire bloc face aux violences sexistes et sexuelles est une nécessité qui doit nous réunir au-delà des divergences d’opinion, d’idéologie ou de couleur politique. Il s’agit d’un devoir républicain.
Cela étant, nous tenons à renouveler quelques observations que nous avons déjà pu faire en commission et à en développer d’autres, à l’occasion de la présentation de cette délibération devant notre Conseil.
Nous souhaitons rappeler que nos associations sont strictement tenues par le Contrat d’Engagement Républicain. Ce contrat stipule clairement, dans son point n°4, que toute structure signataire « prend les mesures, compte tenu des moyens dont elle dispose, permettant de lutter contre toute forme de violence à caractère sexuel ou sexiste » . Cela signifie que nous devons mettre en œuvre des actions concrètes pour prévenir et combattre ces violences. Le non-respect de ce contrat, y compris du point n°4, donne à l’autorité publique le droit de demander le remboursement des subventions accordées. Par conséquent, vous comprendrez, Monsieur le Maire, que le dispositif que vous présentez aujourd’hui pourrait être redondant avec les mesures déjà en place.
Par ailleurs, notre groupe souhaite insister sur le fait que les violences sexistes et sexuelles ne se limitent pas au domaine sportif. À Lyon, comme ailleurs en France, ces violences sont présentes dans tous les secteurs de la société. Il est crucial de le dire pour éviter de stigmatiser nos clubs, nos bénévoles et nos adhérents.
Des actes monstrueux ont été commis dans le cadre sportif. Il est impératif de les sanctionner sévèrement et de mettre en place toutes les mesures nécessaires pour qu’ils ne se reproduisent pas. Cependant, il est également important de reconnaître que le sport ne monopolise pas ces violences.
L’actualité à Lyon, comme ailleurs, nous rappelle malheureusement trop souvent que les violences sexistes et sexuelles gangrènent aussi les milieux culturels, le cinéma, la sphère privée et le monde de la santé. Ces violences sont un fléau omniprésent qui affecte tous les secteurs de notre ville.
Il est donc essentiel que la puissance publique délivre un avertissement clair et fort aux auteurs d’actes inadmissibles dans tous ces domaines : la peur doit changer de camp. À Lyon, nous devons agir ensemble pour éradiquer ces violences partout où elles se manifestent. Il est temps de dire stop à l’impunité et de protéger toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles.
Je vous remercie.
Intervention de Samira BACHA-HIMEUR au conseil municipal de la Ville de Lyon du 30 mai 2024.
Rapport n°D_24_0286