Monsieur le Maire, 

Mesdames, Messieurs les élus,

Chers collègues,

En avril 2022, la Ville de Lyon a été sélectionnée avec 8 autres villes françaises par la mission européenne des « 100 villes climatiquement neutres et intelligentes à l’horizon 2030 ». Une excellente nouvelle pour notre territoire. 

L’objectif est d’élaborer un plan global de neutralité climatique dans tous les secteurs et de faire en sorte que ces villes servent de pôle d’expérimentation et d’innovation pour permettre à toutes les villes européennes de suivre le mouvement d’ici à 2050.

L’Agora 2030 a vu le jour dans les semaines qui ont suivies. 65 acteurs du territoire -entreprises, associations, acteurs publics et parapublics, acteurs de la jeunesse, de la recherche et de l’enseignement, citoyens rejoints chaque année par de nouveaux – rassemblés pour travailler collectivement au « pacte climat Lyon 2030 ». Le pacte vous a été remis en juillet dernier.

Depuis il nous tardait de prendre connaissance en profondeur de cette démarche. 

Dès le départ notre groupe a considéré ce programme comme un tremplin pour votre exécutif, permettant de tenir les promesses faites aux Lyonnais en 2020. 

Que vous engageriez la rupture du « dernier mandat pour le climat » en engageant encore plus loin la transition écologique de notre ville. Plus loin que les équipes précédentes qui avaient, je vous le rappelle, déjà fait de Lyon une ville pionnière en la matière. 

Cela explique notre impatience à parcourir ces délibérations et ce nouveau plan climat. 

Quel ne fut pas notre déception. 

Au fur et à mesure nous nous sommes rendus compte que cette opportunité était gâchée par un risque d’imposture. L’expression peut paraître un peu forte et pourtant nous l’avons choisi, car, selon nous c’est bien le risque que prend votre majorité si des garanties essentielles au succès de « Lyon 2030 » ne sont pas prises. 

Je mets à votre crédit la constitution de l’Agora et sa soixantaine de membres. Nous saluons cette réussite et remercions tous les partenaires du territoire pour leur engagement en faveur de la transition écologique. Je m’arrêterai là pour le positif pour plusieurs raisons et notamment car il nous semble que :

  • Le périmètre est plutôt flou 
  • Il manque des partenaires essentiels 
  • Nous ne voyons pas d’indicateurs pour effectuer un réel suivi des futurs projet de ce plan. 

Je reviens sur ces trois points.

Le périmètre est flou. En effet on ne sait pas s’il s’agit du patrimoine communal et des équipements publics du territoire municipal comme on peut le lire dans les délibérations, ou du territoire municipal dans sa globalité voire au-delà étant donné que des acteurs agissant dans l’agglomération appartiennent à l’Agora. 

Dans un cas comme dans l’autre, ce périmètre n’est pas le bon. De l’aveu même des rapports portant « Lyon 2030 », Lyon est la capitale de la première région industrielle de France. 

Le périmètre pertinent se situerait donc à l’échelle du bassin lyonnais, de son aire d’attraction de vie et d’emplois. Je peux citer un exemple d’avoir , quel est l’intérêt d’avoir notre territoire neutre en carbone dès 2030 si la vallée de la chimie ne nous suit pas dans ce processus ? 

Ce qui m’amène à mon second point où je disais que des partenaires essentiels à la réussite de la démarche sont mal ou peu intégrés. La Ville de Lyon seule n’a pas les compétences, ni l’amplitude territoriale, pour entrainer une démarche efficace et vous le savez.. La mission européenne à laquelle nous participons dispose d’un budget de 360 millions d’€ pour 100 villes. Lyon peut donc logiquement espérer un montant de subventions autour de 3,6 millions d’euros, soit près de 10 fois moins que ce que la ville engage déjà dans ce mandat pour la transition écologique.   

Dans ces conditions il nous paraît évident que la Métropole ne puisse pas se contenter d’être un acteur secondaire dans « Lyon 2030 ». Elle devrait être co cheffe de file pour réussir une démarche efficace. 

Ceci dit, quand on sait que même nos services mutualisés commencent à se diviser, n’y a-t-il pas, ici aussi, une difficulté à travailler avec les autres, y compris des membres de votre propre famille politique. 

Idem pour l’Etat et la Région. Leurs fonds, comme leurs compétences auraient pu permettre une politique très ambitieuse à l’échelle du bassin lyonnais dont notre participation à la mission européenne n’aurait été que la première marche. 

J’arrive enfin à mon 3ème point, qui me semble être une question centrale. 

Comment pouvons nous nous lancer dans « Lyon 2030 » sans indicateurs verts ? Nous vous avons déjà demandé si la ville était dotée de telles données lors de précédentes échéances. 

Les réponses furent variées, en fonction du temps ou de l’humeurs, cela allait de « elles sont en cours de constitution », à « les services en disposent par délégation », en passant par «  il s’agit d’un fantasme technocratique ». L’Institut Montaigne nous a finalement donné la réponse dans son rapport estival : la Ville de Lyon n’a pas d’indicateurs verts. 

Je crains que le plan climat 2023-2030 ne prenne le même chemin, celui de la mystification. Vous nous le présentez comme une exigence majeure que vous vous imposez, ce qui justifie une exigence envers les partenaires de « Lyon 2030 ». Une question vient me vient cependant après avoir parcouru ce nouveau pacte censé remplacer le documetnt 2020-2026 conçu sous la précédente mandature : en quoi sommes-nous réellement exigeants envers nous-mêmes ?

A aucun moment vous ne justifiez l’intérêt de l’abandon du plan 2020-2026. 

  • Aucun bilan de cette stratégie n’a été fait, ce qui ne vous empêche pas d’en récupérer 50 % des mesures
  • Vous ne renouvelez d’ailleurs pas la participation au label Cit’Ergie qui garantissait l’engagement de la ville dans sa politique air-climat-énergie au travers de 345 critères. 
  • Vous ne renouvelez pas non plus les statistiques déployées depuis 2010 pour mesurer nos marges de progression à l’instar du bilan des gaz à effets de serre ou du tableau de bord énergie-climat. 
  • Enfin, dans le document 2023-2030, vous ne fournissez aucun chiffrage des moyens financiers alloués aux mesures évoquées. 

Alors de quelle exigence parlons nous puisqu’il n’existe aucun moyen d’évaluer, de quantifier et donc de faire progresser ce plan  ? Il est ainsi impossible de confirmer sa pertinence. 

Je conclurai là-dessus, Monsieur le Maire. Sans remédier aux sérieuses lacunes que je viens de souligner, la démarche Lyon 2030 ne sera pas un outil de transition écologique. 

Sans le périmètre adéquat, sans les partenaires clés, sans les indicateurs nécessaires, sans un plan climat consolidé, nous en resterons au stade de l’incantation. 

Quand viendra l’heure du bilan, Monsieur le Maire, j’imagine qu’à quelques documents de communications, aussi attractifs soient-ils, vous préfèreriez mettre à votre actif des réalisations concrètes. 

Je vous remercie. 

Intervention de Delphine BORBON au Conseil municipal du 28 septembre 2023

Rapport n°D_23_0476

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