« Nous ne pouvons pas nous y résoudre car c’est faire de la différence une frontière indépassable plutôt qu’une force du vivre ensemble. »

Monsieur le Maire,

Mesdames, Messieurs les élus,

Chers collègues, 

Si je prends la parole sur cette délibération concernant l’égalité femmes-hommes et la lutte contre les discriminations, c’est pour traiter de sujets qui y sont directement liés.

J’en profite tout d’abord pour rappeler que nous venons de célébrer les dix ans du mariage pour tous.

Je ne crois pas inutile d’insister sur le fait qu’il s’agissait – qu’il s’agit toujours – d’une victoire dans notre cheminement collectif en faveur d’une société inclusive, apaisée et attachée au progrès. Une victoire qui a été obtenue après des années de haine, d’incompréhension voire de barbarie, qu’il a fallu combattre par un militantisme acharné. Je veux ici rendre hommage à ce combat et à cette victoire. 

Toutefois, nous sommes particulièrement inquiets lorsque nous constatons la récurrence des agressions homophobes dans notre ville. Contre cette montée de l’intolérance qu’on ne peut pas accepter en 2023, nous avons décidé de déposer une motion que je présenterai en fin de Conseil.

J’en viens maintenant au sujet de la non-mixité dans l’espace public et du Collectif Fiertés en Lutte.  Une proposition de financement à son attention est en effet inscrite dans le présent rapport. Vous le savez, j’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer là-dessus. Mais étant donné que nos alertes n’ont pas généré de prise de conscience, je suis dans l’obligation de rappeler le message. 

Je veux ici être très clair : nous partageons le combat de ce collectif quand il s’agit de lutter contre les discriminations, de vaincre les oppressions et de défendre des droits LGBTIAQ+.

Mais organiser la Marche des Fiertés en non-mixité alors que celle-ci se déroule dans l’espace public ne peut pas être la bonne méthode. En effet, cette Marche sera découpée en différents cortèges. Les participants devront s’y répartir selon leur genre, leur orientation sexuelle, leur handicap s’ils en ont voire leur couleur de peau. 

Nous voici donc face à une non-mixité imposée dans l’espace public où chacune et chacun a une place bien définie, à laquelle on ne pourrait pas déroger et organisée selon des critères genrés, sexuelles, épidermiques ou de validité. 

Et cela, nous ne pouvons pas nous y résoudre car c’est faire de la différence une frontière indépassable plutôt qu’une force du vivre ensemble.

C’est préférer le différentialisme et le communautarisme à l’universalisme républicain.

C’est prendre le chemin de la ségrégation, ce contre quoi des générations de militants se sont battues.

C’est mettre en danger une conviction simple mais puissante car elle fonde les droits humains. Une conviction selon laquelle nous naissons et nous demeurons libres et égaux en droits, peu importe nos origines, notre religion, notre orientation sexuelle, notre genre ou notre condition sociale.

En conséquence, nous voterons pour toutes les subventions de cette délibération mais contre celle destinée à ce collectif. Nous suggérons que ces fonds soient redistribués à une autre association LGBT tant que Fiertés en lutte n’aura pas reconsidéré sa position concernant la non-mixité imposée dans l’espace public. 

Je vous remercie.

Intervention de Ludovic HERNANDEZ au conseil municipal de la Ville de Lyon du 11 mai 2023.

Rapport n°D_23_0021

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