Mesdames et Messieurs, chers collègues,
Notre ville s’honore lorsqu’elle honore celles et ceux qui l’ont servie et qui ont marqué une page de son histoire.
A coup sûr, Denis Trouxe, devenu adjoint à la culture en 1995, a contribué à faire prendre à Lyon quelques tournants importants.
Venu des milieux de la communication et de la publicité, en un temps où l’on pensait que ces métiers faisaient partie des industries créatives, il entend, dès sa nomination, apporter sa touche personnelle à la vie culturelle lyonnaise, en lui donnant une nouvelle modernité.
Il va donc dans ce domaine porter l’innovation et lancer l’ouverture des Subsistances dont il souhaite faire un lieu destiné à la jeune création avec la volonté d’en faire un espace qui permette l’hybridation où puissent échanger des artistes venant de la danse, des arts plastiques, mais aussi des écrivains et des philosophes.
C’est cet esprit-là, auquel Guy Walter et Cathy Bouvard donneront corps dès leur nomination en 2003, et qui prendra toute sa force quand, après une nouvelle tranche de rénovation, nous installerons, avec Patrice Béghain, en 2007 l’Ecole nationale des Beaux-Arts pour que puissent se croiser artistes en résidence aux Subsistances et étudiants de l’ENBA.
Pour ce qui est du théâtre, Denis Trouxe décide en 2000 de renouveler la direction des Célestins en portant à sa tête Claudia Stavisky que rejoindra deux ans plus tard Patrick Penot. C’est pour permettre à celle que Denis Trouxe avait choisie de faire de ce théâtre un lieu d’excellence que nous entreprendrons entre 2002 et 2005 une rénovation complète des Célestins avec l’ouverture de la petite salle des Célestines de manière à permettre, comme c’était le cas dans la pensée de Denis Trouxe, que puissent s’y produire des jeunes créateurs et des jeunes metteurs en scène.
Novateur dans tous les domaines, Denis Trouxe savait qu’une ville ne construit jamais mieux son avenir que lorsqu’elle s’est sait s’enraciner dans son passée, valoriser son histoire et son patrimoine.
C’est pourquoi sous la houlette de Raymond Barre dont on sait quelles relations il entretenait au niveau international, Denis Trouxe travaillera avec Régis Neyret, avec Denis Eyraud, avec Didier Repellin à faire classer Lyon au Patrimoine mondial de l’Humanité.
Ce classement, dans l’esprit de Denis Trouxe et de Raymond Barre, ne visait pas à muséifier la ville mais à lui permettre de muter avec des exigences de qualité et donc de construire, au côté du patrimoine monumental du passé, ce qui serait le patrimoine architectural du XXIe siècle.
Ce classement allait marquer une date, car avec lui, Lyon manifestait sa volonté de s’ouvrir sur le monde. Cela témoignait aussi d’une rupture profonde avec cette ville fermée sur elle-même tant de fois décrite.
Ensemble ils pensaient donc une ville qui puisse accueillir de nouveaux talents dans tous les domaines, scientifique, entrepreneurial, culturel, mais aussi accueillir des touristes venus du monde entier qui pourraient découvrir la beauté de la ville.
Cela passionnait Denis Trouxe, homme de communication, je l’ai dit. C’est pourquoi, alors que nous étions devenus très proches pendant le mandat de Raymond Barre, bien qu’il appartînt à la majorité et moi à l’opposition – mais à l’époque la volonté de servir l’intérêt général l’emportait sur les clivages partisans – je fis en sorte, avec l’aide de tous les membres de l’office du tourisme, qu’il puisse en devenir le président.
Avec François Gaillard, ils allaient faire une équipe formidable et contribuer à placer Lyon sur la carte du tourisme mondial.
Progressivement, notre ville, longtemps considérée comme industrieuse et sans grâce – on se souvient peut-être des mots de Daudet : « Fermez les yeux mes enfants, nous arrivons à Lyon » -, devint une référence à l’international, s’ouvrant à des touristes venus des Etats-Unis, de Chine, du Japon, d’Australie et évidemment de tous les pays européens.
Oui, par sa puissance visionnaire, sa capacité d’action débordante, mais aussi son optimisme inébranlable et son humour décapant, Denis Trouxe aura été de ceux qui auront projeté Lyon dans la voie de la modernité.
Et c’est pour toutes ces qualités que nous lui rendons aujourd’hui hommage.
Intervention de Gérard Collomb au Conseil municipal du 7 juillet 2022.