Monsieur le Président
Mes chers collègues,
Il faut rappeler et rappeler sans cesse que en 2024, 136 féminicides ont été enregistrés en France. Et dès le début de l’année 2025, cinq femmes de plus viennent tragiquement s’ajouter à ce funeste décompte.
Dans un contexte où les violences faites aux femmes persistent, tout comme les inégalités et les stéréotypes de genre, ce combat ne doit pas être perçu comme un combat exclusivement féministe. C’est le combat de toute une société !
Ce devoir d’exemplarité s’applique donc aux collectivités locales, qui se doivent de porter ce combat avec force et détermination. Nous le devons à toutes celles qui ont été victimes simplement parce femmes.
Chers collègues, l’égalité entre les femmes et les hommes doit s’inscrire dans la conscience collective. Notre Métropole a su tracer la voie, même si nous savons que ce combat doit continuer avec force et exemplarité. Je tiens d’ailleurs à saluer les membres de l’exécutif et nos services engagés dans cette mission.
Le plan d’action métropolitain soumis à notre délibération trace une ambition claire : développer une véritable culture commune de l’égalité, grâce à des actions de sensibilisation et de communication dès le plus jeune âge à la maison et à l’école car c’est très tôt que se forgent les stéréotypes avec par exemple les cadeaux genrés. J’ai un souvenir pénible d’un petit aspirateur offert comme cadeau de Noël à ma fille, même si adulte elle m’a confié avoir été très déçue de la confiscation de cet engin car cela devait être rigolo d’aspirer les billes de plastique offertes avec !! Ces formes insidieuses du sexisme ordinaire ne doivent pas être tolérées. Les filières éducatives doivent promouvoir l’égalité des sexes et encourager les jeunes filles à poursuivre leurs rêves en valorisant par exemple les femmes inspirantes qui ont eu le courage de briser le plafond de verre.
Nous ne pouvons plus accepter que notre société reste encore arc-boutée sur des stéréotypes venus du fond des âges.
Pendant de longues années, les femmes qui n’ont eu le droit de vote qu’en 1944, passaient de l’autorité du père à celle du mari car avant le 13 juillet 1965 ces citoyennes ne pouvaient ouvrir un compte chèque sans l’autorisation maritale. Seules les femmes majeures célibataires échappaient à ce joug. Et que dire des anciennes formules des célébrations du mariage où l’homme était réputé le chef !
Encore plus récemment je rappelle que le SYTRAL durant la mandature de Raymond BARRE a accueilli en 1995 les premières femmes dans son Conseil d’Administration et ce n’est qu’en 2001 qu’il y a eu des femmes dans l’exécutif du Grand Lyon grâce à Gérard COLLOMB dont je salue la mémoire.
Pour avancer sur le chemin de l’égalité, nous devons aussi intensifier nos efforts de sensibilisation auprès du grand public, à travers des campagnes de communication ambitieuses et l’organisation d’événements dédiés à la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes.
Dans ce domaine, Il faut reconnaître et saluer le fait que notre Métropole s’est emparé du sujet depuis sa création. Merci au service RH.
Elle a notamment montré la voie en ce qui concerne sa politique salariale. Depuis 2015, l’équilibre des sexes entre les agents de la Métropole a été renforcé chaque année. En 2023, la Métropole comptait 4 423 femmes parmi ses agents, soit 50,32 % du total, garantissant ainsi le respect de la parité.
Malheureusement, nous savons que dans le domaine professionnel, des inégalités persistent dans certaines filières : dans le médico-social ( 91 % de femmes) les fonctions administratives ( 81%)tandis que les femmes sont sous représentées dans la filière technique(21%)
C’est notoirement vrai pour les postes d’encadrement ou les sphères décisionnelles. On peut également constater que plus les femmes sont nombreuses dans un secteur professionnel plus le salaire est bas.
C’est pourquoi nous adhérons pleinement au plan d’actions proposé, qui comprend des mesures ciblées pour améliorer la mixité et la parité, en particulier en facilitant l’accès des femmes dans les sphères décisionnelles.
Des actions concrètes, comme l’introduction d’autorisations spéciales d’absence pour les femmes souffrant de menstruations douloureuses ou une meilleure organisation du télétravail qui favorise un équilibre entre vie personnelle et professionnelle sont des engagements concrets pour bâtir des environnements de travail plus égalitaires pour les femmes.
Enfin, et le plan l’explicite bien, ce combat doit irriguer l’ensemble des politiques publiques déployées sur le territoire métropolitain.
L’égalité entre les femmes et les hommes doit se refléter dans la conduite de notre politique en matière de logements sociaux, dans la lutte contre le sentiment d’insécurité des nombreuses femmes dans l’espace public et dans l’aménagement de l’espace public pour plus de mixité fonctionnelle. Avec un renforcement des dispositifs pour soutenir la prise en charge spécifique des familles monoparentales, des femmes isolées et des mères sans-abris.
Monsieur le Président, chers Collègues, les progrès sont encourageants, mais nous savons qu’il reste beaucoup à faire en commençant par nous-mêmes.
Permettez-moi de terminer sur une note d’humour malgré la gravité du sujet, car comme le dit la devise latine « castigare ridendo mores » je suis convaincue que l’’humour est indispensable pour nous faire toutes et tous évoluer !
Aussi je vous livre avec amitié cet aphorisme qui me plaît bien :
« La femme qui aspire à être l’égale de l’homme manque singulièrement d’ambition »
Bien évidemment c’est avec conviction que nous voterons en faveur de ce plan d’action.
Je vous remercie
Intervention de Michèle Vullien au conseil de la Métropole du 27 janvier 2025, délibération n°2025-2676.