« En matière de logement, notre territoire va droit dans le mur, et non seulement cette majorité échoue à inverser la tendance, mais elle contribue en plus à l’accélérer depuis le début de son mandat« .
Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs les élus,
Chers collègues,
Je serai claire d’emblée : en matière de logement, notre territoire va droit dans le mur, et non seulement cette majorité échoue à inverser la tendance, mais elle contribue en plus à l’accélérer depuis le début de son mandat.
Alors que notre parc social reste saturé – 1 offre pour 10 demandes environ – vous rabotez vos objectifs de production de logement sociaux de près de 55% ! Vous vous engagiez sur 2000 logements par an en 2020, nous en sommes désormais à 899.
Certes, la conjoncture est déplorable et vous n’en n’êtes pas responsables : le foncier est rare et cher à Lyon, les coûts de construction ont explosé. Ce faisant, il est devenu très difficile pour les bailleurs de s’y retrouver.
Mais, de l’aveu même des délibérations que vous nous présentez ici, les principales réserves de logement à Lyon se trouvent dans le parc locatif privé. Par extension, il pourrait compenser la saturation du parc social au moyen d’une politique adéquate, au moins en partie.
Encore faut-il le vouloir !
Or, depuis le début de votre mandat, vous semblez plutôt décidé à étouffer ce secteur qui pourrait pourtant aider à résoudre la crise du logement sur notre territoire.
Votre hausse de la taxe foncière associée à votre encadrement des loyers ont conforté une réduction drastique du parc locatif privé. La FNAIM nous le confirmait il y a quelques jours avec des chiffres édifiants.
Désormais, pour 1 location, la moyenne de candidats se situe autour de 50 tandis que l’offre locative privée a chuté de 30% !
La FNAIM précise d’ailleurs qu’environ 9000 logements auraient été retirés du marché suite au déploiement de l’encadrement des loyers. 9000 logements dont une partie ne sera pas rachetée puisque les taux d’intérêt actuels dissuadent les acquisitions.
Vos mesures étouffant la location privée contribuent ainsi à alimenter la vacance des biens; alors que même sa réduction est une priorité pour faire face à la pénurie de logements et aux contraintes financières qui grèvent la construction.
Ces mesures ont aussi pour victimes collatérales nos étudiants. L’UNEF nous le rappelait en fin d’été : en 2022, pour une location, il y avait 4 étudiants. En 2023, il y en maintenant a plus de cinq.
Ces constats doivent vous ramener à davantage d’humilité et à remettre en question votre méthode sur de nombreux points.
Peut-être est-il temps d’enterrer la hache de guerre avec les acteurs privés de l’immobilier pour chercher ensemble des solutions. Vous nous présentez aujourd’hui des délibérations sur le conventionnement locatif. Cet outil nous paraît très pertinent pour développer des loyers intermédiaires et modérés et ainsi soulager autant que possible le parc social. Cet instrument gagnerait à être développé.
Peut-être est-il temps aussi de repenser votre politique de production de logements sociaux et sa logique industrielle. Trop souvent, vos opérations conduisent à porter le taux SRU de certains IRIS à 40 voire 60% ! Elles visent aussi trop souvent les mêmes arrondissements. Cette approche ne peut conduire qu’à favoriser la ségrégation socio-spatiale plutôt que la mixité sociale. Or nous connaissons malheureusement bien les dégâts provoqués par cette dérive sur notre société.
Je conclurai ainsi Monsieur le Maire : votre majorité doit revoir d’urgence sa politique du logement. Pour apporter nos contributions, je réédite ici ma demande formulée en commission urbanisme le 8 septembre dernier et rappelle que notre groupe souhaite participer au séminaire que Mme l’Adjointe organisera prochainement sur l’habitat.
Je vous remercie.
Intervention de Samira BACHA-HIMEUR au Conseil municipal de la Ville de Lyon du 28 septembre 2023.
Rapport n°D_23_0374