Monsieur le Maire,
Mes chers collègues,
Je vais commencer par des pensées.
Cet été, nous avons appris la disparition d’une figure représentative de la cancérologie et de la politique lyonnaise. Je pense ici à Véronique TRILLET-LENOIR, députée européenne, dont je salue la mémoire, et à laquelle je rends hommage pour son travail et son engagement.
Notre séance de rentrée s’ouvre, elle aussi, sur une note particulièrement grave et solennelle.
En effet, même si nous sommes ici pour débattre et nous intéresser à notre territoire et au cadre de vie des Lyonnaises et des Lyonnais, nous ne pouvons faire abstraction de l’actualité internationale.
Comme vous le savez, la violence armée est de retour au Haut-Karabakh, les femmes d’Iran et d’Afghanistan, pour ne citer que ces pays, continuent à lutter pour leurs droits et leur survie et l’Ukraine compte toujours ses morts suite à l’invasion de la Russie il y a bientôt deux ans maintenant.
Dans le même temps ces dernières semaines, le Maroc et la Lybie subissaient de terribles catastrophes humanitaires.
Avec dans un cas comme dans l’autre, un bilan extrêmement lourd, en particulier au niveau humain. Mme BACHA-HIMEUR y reviendra dans quelques instants mais je tenais dès notre introduction à diriger nos pensées vers les victimes de ces tragédies et leurs proches. Notre groupe est à leur côté et je salue la mobilisation rapide de la Ville de Lyon.
Outre la gravité de cette actualité, je voudrais aussi rappeler que l’été qui vient de se terminer, par ses températures très élevées dans notre ville, fut l’un des plus difficiles à vivre pour nos populations les plus fragiles.
C’est dans ce contexte que s’ouvre notre conseil de septembre. Pour vous Monsieur le Maire et votre majorité, c’est une période charnière.
La situation sociale, économique, environnementale ou encore sociétale sur le plan national et dans nos territoires, reste extrêmement compliquée. Une fracture s’installe et elle devient dangereuse pour la démocratie.
A notre échelle, nous devons continuer à œuvrer collectivement pour retrouver une cohésion et nous avons parfois le sentiment que vos actions vont à l’encontre de l’idée « d’apaisement » que vous évoquez souvent.
Non content d’apporter une certaine division parmi les Lyonnais, vous donnez l’impression de ne pas toujours respecter leur histoire. Un décalage persiste, un discours et des actions trop souvent tournés vers vos seuls partisans.
Nous avons passé la période de mi-mandat et désormais, vous êtes, plus que jamais, responsables des actions ou plutôt inactions que vous entreprenez dans notre ville.
Il n’est plus possible d’invoquer le temps de la mise en place et l’inexpérience des débuts, pas plus que les décisions prises par ceux qui vous ont précédé ou les autres collectivités Région, Etat, ou encore la crise sanitaire COVID, pour justifier vos errements ou manquements parfois.
Monsieur le Maire, les Lyonnaises et les Lyonnais vous regardent, attendent les transformations promises qui n’arrivent pas toujours.
Si nous arrivons à nous retrouver sur certains sujets, pour d’autres des incompréhensions, des doutes ou des désaccords persistent.
Et on ne peut s’empêcher de se demander si vous comprenez réellement les habitants de notre ville.
Récemment, l’avenir du Musée Guimet a de nouveau été au cœur de l’actualité.
Ce musée fait partie du patrimoine de Lyon. Il concentre des souvenirs émus de découvertes et d’émerveillements chez nombre de Lyonnaises et de Lyonnais. Certains sur ses bancs comprendront de quoi je parle, j’en suis certaine.
Il est à l’arrêt depuis une quinzaine d’années. Il a accueilli, de manière temporaire, il y a quelques mois une exposition de l’artiste Shepard Fairey qui était à voir, et précédemment, un évènement de la biennale de la Danse. Rien n’apportant une solution pérenne et durable compte-tenu de la situation.
La ville met sur la table pour son avenir plusieurs solutions. L’une d’elle consisterait en une vente au « plus offrant ».
Cela n’est pas envisageable de notre point de vue et nous semblerait dénigrer la valeur historique et sentimentale de notre patrimoine commun. Si nous saluons Madame l’Adjointe, Nathalie PERRIN GILBERT, pour la stabilité de sa ligne politique sur ce genre de dossier même en siégeant dans la majorité, notre groupe propose une approche un peu différente, plus pragmatique. Nous y reviendrons au cours de ce conseil.
En cette rentrée, Monsieur le Maire, force est aussi de constater que vous ne parvenez toujours pas à garantir la concorde qui caractérise notre ville depuis des décennies. En particulier, dans vos propres relations avec les autres acteurs de la puissance publique et du secteur privé.
Pendant les émeutes qui ont marqué le début de l’été, vous n’avez pas jugé utile de déployer la Police Municipale en soutien des forces de l’ordre nationales et ce, malgré les demandes répétées de la Préfecture. Je citerai ici les propos de la Préfète relayés par la presse : « J’ai appelé le maire deux fois pour le supplier, il m’a répondu que ce n’était pas le rôle de la police municipal ».
Les opinions politiques, vos opinions politiques, Monsieur le Maire, guident bien entendu votre action et c’est bien légitime. Se tenir à distance de la tentation d’un contrôle totale sur la société et savoir faire preuve d’humanité et d’ouverture, ce sont des points sur lesquels nous nous rejoignons. Mais rien de tout cela n’était en jeu au moment des émeutes. En revanche, au travers des dégradations à l’encontre de nos mairies, de nos transports, de nos écoles et de nos commissariats, ce sont les symboles de la République qui ont été attaqués, des symboles du vivre-ensemble et contre des équipements qui facilitent la vie de nos citoyens au quotidien. Dans un tel contexte, un travail en bonne intelligence avec l’Etat s’impose, surtout lorsqu’il en va de la sécurité des Lyonnais. Pour nous, tout ne doit pas être mélangé, l’amalgame n’a pas sa place.
Votre difficulté à collaborer se retrouve d’ailleurs dans le démantèlement à venir du service de relations internationales mutualisé entre la Ville et la Métropole de Lyon.
Depuis près de 10 ans ce service permet le rayonnement de nos deux collectivités par une intégration mutuellement bénéfique de leurs forces vives. Il est désolant de perdre ce précieux atout simplement parce que quelques individualités des deux côtés échouent à travailler ensemble de manière professionnelle. Nous ne pouvons que le regretter et craignions que cette rupture en appelle d’autres
Nous avons noté Monsieur le Maire, que d’ici la fin de l’année, vous vous lancerez dans un tour des arrondissements. Cette initiative démocratique fait suite à votre exposition de bilan de mi-mandat et va vous permettre de débattre avec les Lyonnais, vous reconnecter avec eux.
Nous vous sommes reconnaissants d’avoir répondu à notre courrier qui nous invite à partager. aux échanges.
Il demeure cependant une question à laquelle votre lettre n’apportait pas de réponse : pourquoi ne pas avoir prévu d’espace d’expression pour l’opposition dans l’exposition « bilan de mi-mandat » ? N’est-ce pas une obligation légale pour toute communication politique émanant d’un exécutif ? Nous considérons en l’état que ce bilan de mi-mandat est tronqué, puisque analysé exclusivement par le prisme de la majorité, sans aucun espace pour votre opposition représentant, ne vous en déplaise, aussi une partie des Lyonnais. C’est malheureusement la réelle considération que vous nous accordez à votre opposition
Nous vous serions reconnaissants de nous apporter des éléments au cours de cette séance.
Je terminerai sur une note de fierté que nous pouvons tous porter sans couleurs politiques. En tant qu’élus de la Ville de Lyon, et pour ma part ayant un attachement particulier et personnel au rugby, nous sommes contents de voir se promener dans les rues de Lyon des hommes en kilt, des maillots de toute les couleurs à l’occasion de la coupe du monde. Nous saluons l’organisation et les bénévoles engages sur l’évènement. Lyon vit et s’expose à l’internationale et c’est selon nous ce qu’elle mérite.
Je vous remercie.
Intervention de Delphine BORBON au Conseil municipal de la Ville de Lyon du 28 septembre 2023