Monsieur le Président,
Mes chers Collègues,
Je partage avec Jean-Charles Kohlhaas et certains autres élus métropolitains un engagement ancien et constant en faveur d’un RER à la Lyonnaise, RER que j’avais baptisé le REM pour Réseau Express Métropolitain. Au fil des années, ce projet avance même si cela n’est pas aussi rapide qu’espéré du fait notamment des enjeux financiers qui se chiffrent en milliards d’euros.
Une première avancée notable a été réalisée dès 2005 avec la démarche REAL, qui a permis le cadencement de l’offre ferroviaire à la demi-heure ainsi que la création de la gare de Jean Macé. Depuis 2015, le Plan de mobilisation État/Région a permis de lancer 32 opérations afin de fiabiliser et renforcer l’offre. Des investissements importants ont été mis en œuvre, aussi bien au niveau de l’infrastructure ferrée, des capacités d’accueil en gare, du matériel roulant, mais aussi au niveau des services aux voyageurs avec en particulier l’outil régional d’intermodalité Oùra utilisé par 38 AOM. Pour ne citer que deux exemples concernant l’infrastructure ferroviaire :
- La création de la voie L en gare de la Part-Dieu, livrée en juin 2022.
- L’importante reconfiguration de la gare de la Part-Dieu dont l’inauguration prévue le 21 juin a été reportée pour cause d’élections législatives.
Aujourd’hui, l’aire urbaine lyonnaise est desservie quotidiennement par 400 trains périurbains et 350 trains Intercités !
L’objet de ce rapport est d’approuver la participation de notre collectivité, aux côtés de l‘État et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, au financement des études pré-opérationnelles pour le RER de niveau 1, qui permettra, à court terme, un développement de la desserte qui serait réalisé sans investissements lourds sur l’infrastructure. L’objectif de ces études est de vérifier la possibilité, au niveau des gares et des passages à niveau, du renforcement de l’offre de train à échéance 2027. Un développement de la desserte à court terme qui serait réalisé sans investissements lourds sur l’infrastructure mais qui permettrait :
- Aux heures creuses, d’élargir l’amplitude horaire (de 5h à 23h)
- De passer à une fréquence de la demi-heure
- Aux heures de pointe, de passer la branche de Brignais du tram-train de l’Ouest Lyonnais au quart d’heure
- De faire circuler trois trains par heure sur la branche Givors-Perrache
Si les études confirment la faisabilité technique, ceci permettrait un développement de l’offre d’environ 17 % (soit 60 trains quotidiens supplémentaires).
Nous nous réjouissons de ces perspectives à horizon 2027 et nous voterons avec enthousiasme ce rapport.
Permettez-moi par contre de vous faire part de mon étonnement. Ce projet est un projet partenarial État, Région et Métropole… Il aurait été logique que la présentation faite en commission et en conseil le montre, par exemple par la présence des trois logos côte à côte !
En 2023, l’État a annoncé vouloir la création, au niveau national, d’au moins 10 SERM (Services Express Régionaux et Métropolitains).
Monsieur le Président, un SERM est par définition multimodal. Il associe les dessertes ferroviaires, colonne vertébrale du SERM, les transports collectifs routiers à haut niveau de service (BHNS), le covoiturage, les voies vélos et les services aux voyageurs (billettique, information…). De par la loi, les régions sont cheffes de file des SERM avec bien évidemment un travail partenarial avec les métropoles, les intercommunalités et les départements.
En avril 2024, un courrier cosigné par la Région Auvergne-Rhône-Alpes et les cinq métropoles régionales a été adressé au ministère indiquant notre volonté de mettre en œuvre six SERM. Depuis, en complément du travail réalisé par les services des différentes collectivités, des réunions territoriales sont organisées pour préciser chacun de ces projets. Mardi dernier, à l’initiative de Frédéric Aguilera, vice-président de la Région en charge des mobilités, une réunion s’est tenue à Confluence en présence de la Métropole, du SYTRAL, d’une vingtaine d’intercommunalités et départements pour finaliser le dossier de candidature du SERM Lyonnais. Étaient également présents le ministère, SNCF Réseaux, SNCF Gares et Connexions ainsi que la Société des Grands projets. L’objectif étant de transmettre ce dossier de candidature avant la fin du mois de juin.
Le projet de SERM Lyonnais couvre un périmètre large de Mâcon à Valence, de Saint-Étienne à Bourg-en-Bresse soit presque 4 millions d’habitants. La desserte évoluerait massivement avec une desserte au quart d’heure sur une première couronne, puis à la demi-heure en deuxième couronne sur une amplitude horaire élargie. Dans le même temps, la diamétralisation des dessertes serait poursuivie quand cela est possible.
Pour mener à bien cet ambitieux projet, il est indispensable que d’ici à 2035 le CFAL Nord ainsi que la mise à quatre voies de Saint-Fons/Grenay soient réalisés. Ces deux grands projets sont partie intégrante du dossier du SERM Lyonnais.
Monsieur le Président, contrairement à ce que vous voulez faire croire, ce n’est pas le volet mobilité du CPER État/Région qui peut financer la réalisation des SERM. Le SERM Lyonnais, c’est environ 7 milliards d’euros d’investissement ! Le volet mobilité du CPER 2023/2027, qui s’élève à près de 1,4 milliard d’euros, permettra de financer à court terme des infrastructures plus modestes ainsi que les études nécessaires aux projets de SERM. L’enveloppe globale ayant été négociée entre l’État et la Région, il convient d’ici fin 2024 de définir avec chaque métropole et chaque département la déclinaison territoriale de ce CPER.
Nos collectivités locales ont agi et continuent d’agir pour aller vers un RER à la Lyonnaise… mais aujourd’hui l’État doit s’engager :
Au niveau des infrastructures, qui sont une responsabilité de l’État, l’aire urbaine de Lyon additionne les grands projets sans passage à la phase chantier ! La réalisation du CFAL Nord, le doublement des voies Saint-Fons/Grenay, la désaturation de la liaison Saint-Clair/Guillotière… sont des chantiers indispensables pour la réalisation du RER à la Lyonnaise.
Le financement des services de mobilité est aussi un enjeu sur lequel l’État doit apporter des réponses. Investir massivement dans les infrastructures et les services proposés est une nécessité, mais il faut aussi trouver les financements pour supporter les coûts de fonctionnement de ce renforcement de l’offre. Dans le cadre des projets SERM, l’État avait prévu un travail partenarial sur ce sujet essentiel… mais là aussi, du fait des élections législatives anticipées, ce travail vital pour la réalisation du RER et des SERM est reporté sine die.
Monsieur le Président, nous sommes à un tournant. La Région Auvergne-Rhône-Alpes, la Métropole de Lyon, les autres intercommunalités de l’aire urbaine lyonnaise ainsi que les départements doivent parler d’une seule voix pour réussir à faire bouger les lignes et obtenir enfin un engagement financier fort de l’État. Cet engagement est un élément clé pour faire du projet de SERM Lyonnais une réalité même s’il faudra du temps et plusieurs étapes.
Je vous remercie.
Intervention de Christophe Geourjon en Conseil de la Métropole du 24 juin 2024 sur le RER métropolitain, N°2305.