Monsieur le Président,

Chers collègues,

Nous ouvrons aujourd’hui la dernière rentrée politique de ce mandat. Cinq années viennent de s‘écouler sous votre présidence.

Cinq années de promesses, d’actions…mais aussi de désillusions.

Alors oui, l’heure est au bilan. Mais au-delà du bilan, l’heure est surtout venue de dessiner un projet pour les habitants, autour d’une question simple : Quelle Métropole voulons-nous pour demain ?

Voulons-nous d’une Métropole fracturée, repliée, où certains se sentent oubliés et d’autres méprisés ? Ou bien-voulons nous d’une métropole qui donne confiance, libère les énergies de ses habitants et de ses territoires ?

Car la promesse d’un nouveau souffle, à votre arrivée, a très vite laissé place aux divisions.

Vous aviez promis le dialogue avec les communes, vous avez choisi le rapport de force.

Vous aviez promis le respect des expressions locales, vous avez préféré le mépris. Qualifiant ceux qui ont le malheur d’exprimer des avis divergents, de populistes, de trumpiste ou que sais-je encore…Dernièrement, quand trois communes proposent une expérimentation de vélos électriques sur leurs communes, vous préférez les discréditer dans la presse plutôt que d’engager un dialogue constructif.

Est-ce cela, votre conception du respect des communes ?

Monsieur le Président, vous présidez aussi le SYTRAL.

Or Jamais, le dialogue social n’a été aussi abîmé. Les syndicats parlent de « zéro dialogue », d’une confiance rompue. Pourtant, nos collectivités ne servent que grâce à celles et ceux qui, chaque jour, la font vivre.

Les ignorer, c’est fragiliser notre maison commune.

Cette absence de dialogue a gangréné jusqu’aux projets qui auraient pu nous rassembler.

Ce qui devait fédérer est devenue facteur de divisions.

Contrairement à vous, nous voulons réellement d’une Métropole apaisée, respectueuse de celles et ceux qui travaillent chaque jour, soutenus par une politique progressive, et non de l’austérité ou de la brutalité. Mais pour cela, encore faut-il en avoir la volonté… et le désir politique.

Et puis, il y a ces réponses déconcertantes.

Lorsque l’on vous interroge sur l’allongement des temps de trajets, vous répondez dans la presse, je cite : « Personnellement, je me déplace plus vite qu’il y a cinq ans. » Alors, si Monsieur le Président se déplace plus vite, pourquoi faudrait-il s’interroger sur les difficultés quotidiennes de centaines de milliers d’usagers ?

De manière plus grave, ce sont des milliers d’habitants qui subissent chaque jour des embouteillages monstres, des reports de circulation absurdes, et des trajets rallongés. Des femmes et des hommes qui voudraient pourtant simplement circuler librement et poursuivre leurs activités. Gouverner c’est écouter leur réalité, et non pas brandir la vôtre.

Il est urgent d’engager un véritable virage dans notre manière de concevoir les mobilités. Il faut parler à tous, et surtout, n’oublier personne.

Cela commence par de la crédibilité et de la fiabilité :  les pannes à répétition du métro, les dysfonctionnements nuisent à la performance de notre réseau au potentiel unique.

Cela passe aussi par la sécurité dans les transports, loin des querelles cyniques autour de quelques chiffres : car une agression est toujours une agression de trop.

La sécurité des usagers doit être et demeuré une priorité absolue.

Cela exige enfin une politique du bon sens. Une politique réaliste qui concentre ses investissements là où c’est nécessaire, pas ailleurs. Il ne s’agit pas de laisser l’idéologie primer sur l’intérêt général, comme lorsque vous investissez 400 000 euros sur la seule commune de Lyon pour des box à vélos sécurisés, largement sous-utilisés, avec une fréquentation inférieure à 50%. Non pas qu’il ne faille pas en mettre à disposition, mais bien de s’assurer qu’ils soient correctement dimensionnés.

Une politique responsable place l’intérêt général au cœur de ses décisions, c’est-à-dire investir là où les habitants en ont le plus besoin, et non dans des projets qui servent quelques privilégiés.

Et puis, il y a la question de l’équité territoriale, que vous avez si malmenée depuis 5 ans. Elle doit redevenir une prérogative non-négociable. Trop de communes ont le sentiment d’être méprisées et laissées de côté.

C’est tout aussi vrai pour nos commerçants et artisans.

Nos commerces de proximité sont en état d’urgence.

Et ce n’est pas seulement la faute du e-commerce ou de la conjoncture : ce sont aussi les choix politiques de ce mandat. La ZTL et la piétonnisation massive de la Presqu’île ont été imposées sans plan économique, sans calendrier adapté, sans vraie concertation, entrainant la dégradation de la fréquentation et de l’accessibilité de nos artères commerçantes. La CCI elle-même l’a documenté.

Partout sur le territoire métropolitain, des enseignes historiques ferment, des artisans s’épuisent, le tissu de proximité se déchire.

Ce n’est pas la volonté de transition écologique qui est ici en cause, mais votre incapacité à l’accompagner. 

Face à cette situation, vous ne pouvez plus vous cacher derrière des facteurs exogènes ou des slogans “verts”. Il faut des mesures immédiates : moratoire et lissage des travaux dans les quartiers les plus fragiles, fonds d’accompagnement pour les commerces touchés, dispositifs temporaires de stationnement et de livraison, audits économiques avant toute nouvelle transformation.

Et si les plus petits sont en difficultés, le monde économique métropolitain n’est pas en reste. L’évolution inquiétante du marché tertiaire en est un triste révélateur : Le volume du bureaux placés à Lyon est en baisse de -17 % au premier semestre 2025 par rapport à 2024.

Face à cette situation, notre vision est claire : il faut retrouver une ambition économique à la Métropole.

Mais cette ambition n’a de sens que si elle nourrit la vie quotidienne.
Or, sur notre territoire, ce lien de proximité s’est peu à peu délité sous votre gouvernance.

Je pense notamment à la propreté de nos rues et de nos espaces publics. À Lyon, comme ailleurs dans la Métropole, chacun constate la dégradation : dépôts sauvages, trottoirs encombrés, des espaces publics insalubres…. Cette détérioration du cadre de vie pèse lourdement sur le quotidien des habitants et des familles.

Elle nourrit un sentiment d’abandon. Elle entraine un repli sur soi. Elle fracture notre cohésion sociale.

Le service du quotidien, ce qui est l’essence même de l’action publique, ce qui donne sa légitimité à l’engagement politique, vous l’avez quelque peu perdu.

Et c’est bien là que nous voulons agir. Offrir aux Grands Lyonnais une véritable alternative. Garantir à chacune et chacun l’accès à des services publics de qualité et à des équipements qui répondent aux besoins du quotidien.

Veiller à ce que nos rues, nos places, nos parcs soient des lieux propres et accueillants, où l’on se sent respecté et en sécurité.

Redonner fierté et confiance aux habitants dans leurs quartiers, dans leurs communes, dans toute la Métropole.

Oui, une dynamique est en train de naître. Un souffle nouveau se lève. Celui d’une alternative crédible, que les grandes lyonnaise et lyonnais attendent. Une alternative qui refuse les postures idéologiques, qui ne cherche pas à imposer brutalement une vision sectaire, mais qui s’attache à une chose simple et essentielle : redonner aux habitants la maîtrise de leur quotidien et la fierté de leurs territoires. Je vous remercie.

Intervention préalable de Nicole Sibeud en Conseil de la Métropole du lundi 29 septembre 2025

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