« Il est regrettable que l’accent ait été mis davantage sur l’image publique que sur la véritable résolution des problèmes et la satisfaction des besoins en eau des Grandes et Grands Lyonnais. »

Monsieur le Président,

Mon intervention constitue la première partie d’un propos global et complémentaire que nous avons souhaité exprimer lors de ce conseil, nous les 4 autres groupes d’opposition présents en conseil d’administration de la régie de l’eau : à savoir le Groupe Progressiste et Républicain ; Synergies ; Métro positive et Inventer la métropole de demain.

Mes collègues membres du CA avec moi, Emilie Prost, Gisèle Coin et Laurence Croizier prendront successivement la parole au nom de nos quatre groupes pour aborder l’ensemble des points d’interrogation que pose la délibération qui nous est présentée aujourd’hui.

Dans un esprit constructif, nous présenterons aussi une série d’amendements, 5 pour être précis, qui s’ils sont acceptés, pourraient constituer une base d’échanges pour une évolution de la structure tarifaire adaptée aux objectifs.

Pour commencer, et éviter tout malentendu sur notre positionnement, nous déclarons adhérer complètement aux objectifs annoncés dans le rapport, à savoir la nécessaire sobriété de notre consommation d’eau pour préserver la ressource et l’impératif de solidarité envers les plus précaires.

Le débat porte sur la déclinaison des dispositions proposées que nous ne pensons pas adaptées aux enjeux, ni être une réponse efficace aux objectifs annoncés.

J’interviendrai sur la méthode et mes collègues sur le fond de la structure tarifaire proposée.

J’aimerais tout d’abord évoquer les travaux préparatoires et l’assemblée des usagers constituée.

Nous ne pouvons qu’encourager une démarche publique voulant associer les usagers concernés par une nouvelle tarification de l’eau. Mais cette assemblée était-elle vraiment représentative de l’ensemble des usagers de l’eau ?

Certainement non, et la concertation sur un sujet aussi crucial ne peut pas être exclusive de quelques groupes aussi impliqués et militants soient-ils.

La décision étant portée au final par le conseil métropolitain, la concertation avec les élus représentant aussi les électeurs sur les territoires et donc les habitants et usagers, aurait dû être organisée avec au moins la même énergie que celle déployée lors des ateliers de discussions.

Mais non, rien.

Au sein du conseil d’administration de la régie, nous n’avons eu de cesse de demander du temps pour nous approprier les données du sujet autrement qu’en partie informative de fin de CA au bout de 3 heures de réunion….

Une seule réunion dédiée aux élus sur notre insistance le 15 février avec des questions qui sont restées sans réponse. Des demandes de précisions sans suite. Un document projeté contenant des informations nouvelles et importantes notamment sur l’impact financier des mesures dont la communication nous a été refusée, soi-disant, pour laisser la primeur de l’information à la commission proximité de la Métropole (comble de l’ironie…)

Madame Grosperrin nous dit que nous avions libre accès à l’assemblée des usagers : encore aurait-il fallu être invité avec des dates et disposer des comptes rendus de ces assemblées.

Vous comprendrez, Monsieur le Président, que le constat que nous tirons de tout cela c’est l’absence totale de volonté d’écouter les élus du conseil d’administration mais aussi des conseillers métropolitains.

Force est de constater que l’élaboration de la nouvelle tarification de l’eau, tout au long de son processus, aura été faite bien à l’abri des regards, dans une volonté de dissimulation et de mise à distance des élus Métropolitains.

Très bien, il est indispensable de s’appuyer sur les usagers pour concevoir une tarification juste et équitable, mais certainement pas que.

Laissez-nous douter de l’intentionnalité et de la sincérité de cette initiative, qui plus est avec cette nouvelle tarification finalement proposée.

Aujourd’hui nous comprenons mieux votre méthode, qui a plus relevé d’une stratégie politique afin d’utiliser dans votre communication cette méthode que vous dîtes « inédite » en France de co-construction et d’ouverture.

Il est regrettable que l’accent ait été mis davantage sur l’image publique que sur la véritable résolution des problèmes et la satisfaction des besoins en eau des Grandes et Grands Lyonnais.

En réalité, Monsieur le Président, personne n’est dupe, et les habitants, qui ont donné de leur temps et qui se sont impliqués dans ces travaux de réflexions, doivent se sentir plus trahis qu’autre chose.

Tous ont unanimement souligné l’intérêt d’une tarification progressive et incitative, et non punitive comme celle que vous nous présentez !

Vous avez utilisé le sujet des consultations publiques pour détourner les regards sur votre habitude devenue coutume : zéro collaboration avec les élus.

De bout en bout, le souci démocratique aura été la dernière de vos préoccupations et l’ouverture aux élus métropolitains inexistante.

Malgré nos demandes répétées, aucune proposition n’a été faite pour organiser des ateliers ou des groupes de travail impliquant à la fois les élus et les services concernés. Cette absence de consultation approfondie et de collaboration entre les parties prenantes est regrettable, car elle aurait permis une meilleure compréhension des enjeux et des besoins de toutes les parties impliquées dans le processus de fixation des tarifs de l’eau.

La réalité est que votre seule méthodologie de travail consiste à imposer et à faire subir aux élus et aux usagers vos décisions arrêtées, tout en vous contentant d’une élaboration complaisante, sans tolérer le moindre esprit de contradiction.

Vous semblez craindre toute forme de dissension, car vous savez pertinemment qu’elle pourrait mettre à jour les absurdités de vos décisions.

Monsieur le Président, en refusant d’entendre les avis divergents et en marginalisant ceux qui osent remettre en question vos choix, vous compromettez le fondement même du processus démocratique. La démocratie, ce n’est pas l’autoritarisme et le silence imposé !!

Aussi, il n’a pas semblé très contraignant pour vous de tenir une conférence de presse avec un livret de communication déjà prêt à être diffusé avant même la présentation aux élus en commission proximité.

Si vous n’appelez pas ça un manquement grave à votre devoir d’information auprès des élus, moi je parle d’une négligence totale pour les principes démocratiques de notre Métropole, au mépris de notre fonction.

Il est d’autant plus dommage que nous nous inscrivons, au sujet de l’eau, dans une démarche qui dresse les mêmes constats que vous nous permettant, je le pense, de travailler sur une base saine et commune.

Une telle approche aurait non seulement renforcé notre capacité à répondre aux besoins de nos concitoyens en matière d’eau, mais aussi à aboutir à une tarification réellement environnementale et réellement solidaire !

En tant que membre du conseil d’administration de la régie de l’eau, nous garderons un goût amer de cette expérience.

En tant que conseillers métropolitains, nous dénonçons un déni de démocratie grave pour notre institution, Jamais dans l’histoire de cette maison, un sujet aussi stratégique n’aura été traité en ignorant autant les conseillers.

C’est grave!

Je vous remercie.

Intervention de Nicole Sibeud en Conseil du 11 mars 2024 – Délibération n°2024-2246.

Notre proposition pour une tarification réellement environnementale et solidaire :

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