Hommage en mémoire de Gérard COLLOMB prononcé par Louis PEALEZ en commission générale de la Métropole le 27 novembre 2023.
Tous les membres du groupe Delphine, Christophe, Michèle, Nathalie, Yves-Marie, Marion, Nicole se joignent à moi pour exprimer notre tristesse après la nouvelle de samedi soir. Le lion est parti. Lyon a perdu une partie de son âme avec le décès de Gérard Collomb.
J’ai pour ma part rencontré pour la première fois, Gérard COLLOMB fin 1993, lors des premières négociations en vue des municipales de 1995, et ce fût déjà un moment fort, une première épreuve. Je ne sais pas si nous étions des amis proches, peu importe, ce qui est certain c’est que nous étions liés par un sentiment d’estime, de respect, de loyauté. Si nous n’avons pas toujours eu en 30 ans que des relations simples et faciles tous les deux, nous avons appris à nous connaître, à nous respecter et particulièrement lors des dernières élections où nous avons passé tellement d’heures ensemble, des parties importantes de la nuit, où nous avons beaucoup échangé à une période où Gérard s’interrogeait beaucoup et où il se remettait beaucoup en question. Son passage à Beauvau l’avait beaucoup marqué.
Nous sommes nombreux à avoir grandi politiquement avec lui et à avoir beaucoup appris de lui.
Ce fils d’un ouvrier syndicaliste CGT et d’une mère femme de ménage est un pur produit de la méritocratie. Il incarnait l’ascension sociale à laquelle il croyait.
Ce n’était pas toujours un homme facile, c’est sûr, ce n’était pas une personnalité simple, il pouvait être dur, avoir des colères assez mémorables, tonitruantes ou très froides, mais c’est parce qu’il était très exigeant et qu’il attendait des autres la même exigence qu’il s’imposait à lui-même. Il était un travailleur infatigable, acharné, tenace, il ne lâchait rien, persuasif, courageux, enthousiaste. Il voulait être efficace. Et c’est bien ce qui caractérisait ce militant passionné : le souci permanent de l’efficacité, de réaliser le plus vite possible. Il était attaché à ce que les engagements qu’il prenait se traduisent en actes.
Face à cette très forte personnalité, il fallait soi-même en face faire preuve parfois de courage pour lui tenir tête, l’affronter, chercher à le convaincre mais alors dans ces moment-là, il savait écouter, il savait se laisser convaincre pour peu qu’on avait des arguments qui tiennent la route, il savait changer d’avis ou du moins trouver le bon compromis.
Enormément de choses ont déjà été dites depuis samedi sur ce grand personnage et tout le monde a mis l’accent sur l’amour qu’il avait de la ville de Lyon. C’était un amour charnel, viscéral, total. Il avait une ambition infinie pour elle. Il l’a servi avec amour et total dévouement. Il voulait faire du Grand Lyon une des grandes métropoles européennes. Il y est parvenu.
Il connaissait comme personne la ville de Lyon, voir l’ensemble de la métropole : chaque rue, chaque architecte important de la construction de la ville, chaque marché, chaque parc, chaque école.
Ceux qui n’ont pas connu Lyon avant la fin des années 90,ne peuvent s’imaginer combien il l’a transformée, muée, combien il l’a sublimée. Lyon était une ville quelque peu endormie, il l’a réveillée d’une manière tout à fait impressionnante. Il a fait du Grand Lyon une Métropole vivante, dynamique, économiquement, mais aussi culturellement et du point de vue de la convivialité, de l’art de vivre, une ville de plaisirs partagés.
Parce qu’il avait l’intérêt général ancré en lui, parce qu’il avait une exigence accrue du besoin d’efficacité, c’est lui qui s’est livré à la création de la Métropole de Lyon. Il avait un talent certain pour convaincre, c’était un homme de dialogue, imaginatif, et il a su faire sauter les verrous et les clivages politiques. Il a su rassembler. Son camp de gauche et au-delà, mais aussi d’autres acteurs car il croyait au partenariat public-privé.
Tout cela, pas par simple plaisir, mais par volonté d’efficacité. Il croyait en la métropole comme outils de transformation sociale, il répétait à l’infini qu’avec la combinaison des différences compétences de la métropole, c’était l’alliance de l’urbanisme et de l’humain au service du développement et du progrès social.
S’il croyez aux idéaux, s’il croyait bien évidemment aux idées, aux idéologies, il n’aimait pas le dogmatisme, surtout pour gérer une ville et une métropole. Il était le Maire de tous les Lyonnais, le président de tous les Grands Lyonnais, de ceux qui ont voté pour lui comme de ceux qui n’ont pas voté pour lui. C’est pourquoi il a toujours souhaité ressembler le plus largement possible, faire participer tous les talents, quels qu’ils soient, de son bord politique ou pas. Et cela encore pour un gage d’efficacité et aussi soyons honnête parce que c’était un fin stratège.
Il a toujours gardé son idéal, il répétait toujours qu’être de gauche, ou de centre gauche, c’était être capable de changer la vie des gens, et si cela devait passer par un rassemblement large, alors il fallait rassembler et dépasser les clivages politiques et utiliser tous les talents de gauche comme de droite.
Oui, mais pas tous les clivages politiques. Il a toujours viscéralement combattu l’extrême droite. J’ai trouvé blessant, d’ailleurs qu’à plusieurs reprises, certaines et certains ici, ont osé faire des comparaisons douteuses entre sa lucidité, son réalisme de la situation de notre société et l’extrême droite. Il en a été blessé, profondément blessé, il m’en a parlé à plusieurs reprises.
J’ai regretté samedi que les médias aient relayé les propos et hommages douteux de Marine Le Pen, d’Éric Zemmour et Marion Maréchal-Le Pen après l’annonce du décès de Gerard COLLOMB, avec cette volonté abjecte de récupérer une phrase qu’il avait dit sur le perron du Ministère de l’intérieur. C’est parce qu’il combattait l’extrême-droite, parce qu’il l’avait très peur de ce qui se passait dans notre société, de ce qui pouvait advenir dans notre pays, que l’extrême droite finisse par arriver au pouvoir dans notre démocratie, qu’il pensait indispensable que nous avions un devoir de lucidité, d’être capables d’affronter la réalité, même si elle nous dérange. Il pensait sincèrement que l’angélisme dont faisait preuve selon lui beaucoup notamment à gauche était un risque voire un danger. Ce qu’il voulait éviter le plus, c’était que l’horreur que représente l’extrême droite parvienne au pouvoir. Chacun a le droit a de penser qu’il avait tort mais personne ne peut douter de son combat contre l’obscurantisme. Ne laissons personne, quelque qu’il soit, vouloir récupérer politiquement Gérard COLLOMB.
Je crois que son regret, si regret il avait, c’était de n’avoir pas pu nationalement traduire concrètement sa lucidité non seulement sur les risques, mais sur les réelles fracturations de notre société et de notre pays. Durant tout son parcours politique d’élu, même si on pouvait ne pas être toujours d’accord avec ses méthodes: il a tenté d’éviter les fractures, il a développé la mixité sociale, il a lutté contre les injustices sociales notamment en créant de la richesse pour mieux la partager. Lui, il y croyait sincèrement.
Il nous laissera le souvenir d’un homme érudit, d’une immense culture, capable de citer de mémoire les philosophes les plus anciens, même en latin ou en grec, et en même temps être aussi un homme d’une énorme proximité avec les gens. Comme je l’ai entendu hier sur un plateau télé, il était un homme d’État et un homme de rue, un homme populaire. Et c’est aussi cela qui faisait que s’il aimait profondément les gens, les Lyonnaises et les Lyonnais l’aimaient aussi.
Les Lyonnaises et les Lyonnais ont été au plus profond de son cœur, je sais que les Grandes Lyonnaises et les Grands Lyonnais ne l’oublieront pas.
Un de ses plus vieux ami a écrit hier : gardons une image, très forte de lui, très positive et revendiquons avec lui tout ce qui a été fait à Lyon.
Des réalisations, il en a fait un très grand nombre, ne le résumons pas à un simple bâtisseur car si l’ urbanisme était pour lui un outil important pour résoudre les problèmes, notamment sociaux, il savait aussi qu’il fallait placer l’humain au centre de tout : dans le social. Jamais les structures socio-éducatives se sont autant développées à Lyon qu’avec lui : centre social Bonnefoi, centre social de Vaise, de Laënnec, Saint Just, MJC Ménival, MJC de la Confluence pour ne citer que ceux-ci. Il a su créer l’art de vivre à la lyonnaise, le plaisir de partager des évènements ensemble, toutes générations comprises : Fête des lumières, Biennale de la danse, Festival du cinéma, les Nuits sonores, le Quai des polars … Il a souhaité mettre la culture au sein de chaque quartier, de développer la convivialité, le vivre ensemble…
On a beaucoup répété qu’il était un grand visionnaire, c’est indéniable. On a droit de ne pas partager sa vision, mais personne ne peut contester qu’il avait une réelle vision pour sa ville et pour la métropole. Parce qu’il était visionnaire, il a compris très tôt combien le combat écologique était important, mais surtout indispensable. Son erreur a certainement été de ne pas avoir su suffisamment communiquer sur ce sujet.
Pourtant, la végétalisation, les berges du Rhône, les berges de la Saône, le parc de Gerland, le parc du Clos Layat, le Parc Blandan, l’espace Mandela pour ne citer que ces exemples c’est lui, et ses majorités diverses.
Vélo’v, l’auto-partage, le déclassement de l’autoroute A7, A6, c’est lui et ses majorités diverses. Le premier plan climat, lancement de la ZFE et tant d’autres choses, c’était lui et ses majorités diverses. Là encore il était convaincu que pour gagner ce combat de l’écologie et du climat, il fallait être efficace, il avait confiance dans la science dans tout ce qu’elle est capable d’apporter même s’il savait pertinemment que la science seule ne serait pas suffisante.
Je m’arrêterai là car il y aurait tellement de choses à dire : le développement du quartier de la Part-Dieu, de la Confluence, de Gerland, la transformation du 8ème, du 9ème , le développement des transports en communs, le plan métro, la ligne B qu’on vient d’inaugurer ainsi que le développement de tous les quartiers du grand Lyon avec les maires de chaque commune …
Nous garderons pour notre part, le souvenir d’un homme attachant et beaucoup plus sensible qu’il ne le laissait paraître. C’était un homme, avec ses fragilités, ses qualités et ses faiblesses, il n’a peut-être pas toujours su , comme tant d’autres, gérer l’exercice difficile du pouvoir, certains diront parfois trop solitaire. Mais il était profondément sincère, honnête et obsédé par la volonté de faire et de changer la ville et la vie des gens positivement. Et il l’a réussi, il l’a fait. Il laissera pour cela une trace indélébile dans notre Métropole. Pour beaucoup d’entre nous, c’est toute une tranche épaisse de vie qui prend fin. Nous garderons de lui le souvenir d’un homme attachant. Un bon vivant, un rieur à l’image de la ville, telle qu’il l’a souhaitée
Il nous faudra très vite, Monsieur le Président et Monsieur le Maire de Lyon, trouver ensemble quel lieu emblématique le représentant le mieux pourrait porter son nom et pourquoi pas créer les conditions, pour que ce soit les Lyonnais eux-mêmes qui puissent choisir ce lieu.
Nous pensons très fort à son épouse, à ses enfants, à sa famille et à ses proches.
Merci.
Hommage en mémoire de Gérard COLLOMB prononcé par Michèle VULLIEN en commission générale de la Métropole le 27 novembre 2023.
Dans cette période d’hommage et de souvenirs, permettez-moi simplement de rappeler que Gérard COLLOMB a été le premier président à intégrer en 2001, dès 2001, des femmes dans son exécutif au-delà des clivages politiques. Cela parait tellement naturel maintenant mais sachez que c’était une vraie révolution. Après tant d’année d’existence de la COURLY qui ne comptait que des vice-présidents.
Je sais ce que je lui dois moi qui n’étais adhérente d’aucun parti. Je sais ce que nous lui devons tous, Lyonnaises et Grandes lyonnaises, Lyonnais et Grands lyonnais.
En ce jour de tristesse, Toutes mes pensées à son épouse et ses enfants, à sa famille et ses amis, tous ses compagnons de route.
Merci Gérard.
Hommage en mémoire de Gérard COLLOMB prononcé par Nicole SIBEUD en commission générale de la Métropole le 27 novembre 2023.
Beaucoup de choses ont été dites et seront dites.
Je tenais à témoigner dans cet hémicycle de ma très grande tristesse.
J’ai perdu plus qu’un patron qu’il a été pour moi pendant deux décennies
J’ai perdu un mentor, moi dans l’administration, lui à ses responsabilités politiques.
Au-delà de l’homme public, j’ai rencontré, découvert et apprécié un homme passionné et passionnant, un homme très exigeant envers lui-même et envers les autres, exigence qui faisait grandir ses collaborateurs, qui m’a fait grandir.
La confiance qu’il m’a accordée dans mes différentes responsabilités professionnelles, jusqu’à m’appeler pour sa dernière aventure électorale, restera gravée dans ma mémoire.
Je me rappellerai les séances pour travailler les dossiers inlassablement pour ne laisser passer aucune imprécision et ses appels téléphoniques qui témoignaient de la complicité qui s’était créée entre nous.
Nous perdons l’homme qui a le plus incarné et le mieux la ville et l’agglomération lyonnaises.
Il peut être fier de lui, nous pouvons être fiers de lui.
Nous perdons un homme vrai, un homme sincère, un homme attachant, un homme sensible.
Nous perdons un repère, une référence, un grand homme.
Merci Gérard COLLOMB