Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs les élus,
Face aux drames qui, chaque jour un peu plus, bouleversent le monde et notre pays, nous devons faire preuve d’unité et rassembler les Lyonnais. Je le crois aujourd’hui encore plus qu’hier.
Cette escalade de haine et de violence, ces fracas du monde, ces crises internationales nous touchent et nous meurtrissent.
L’attaque barbare perpétrée en Israël par les terroristes du Hamas nous a tous profondément secoués. De la manière la plus sanglante et la plus dramatique possible, elle a fait ressortir sur le devant de la scène un conflit aussi terrible que complexe. En toute humilité, je veux dire ici l’attachement de notre groupe à la vie humaine, peu importe son origine, sa nationalité, sa couleur de peau, sa confession, son orientation sexuelle ou son genre.
Partout, en tous lieux, une vie est une vie, et la perte d’une seule d’entre elles est insoutenable.
Cette profonde conviction humaniste motive aussi notre attachement à la paix et à la protection, en toutes circonstances, de tous les civils, à Gaza comme en Israël. Les drames humains que vivent quotidiennement les civils palestiniens doivent cesser. Dans cet esprit, nous soutenons et appelons à des cessez-le-feu humanitaires. Nous renouvelons enfin notre espoir, qu’un jour, une solution à deux Etats, qui se respectent et se reconnaissent, puisse être trouvée.
Les feux de la guerre et de la violence ne s’en sont pas pour autant éteints en Ukraine ou au Haut-Karabagh. Nous ne les oublions pas, nous n’oublierons jamais les victimes, les blessés, les familles arrachées à leur foyer.
Pour le meilleur comme pour le pire, notre ville ne vit pas coupée du reste du pays et de la planète. Cette électricité ambiante a franchi les portes de notre cité. Les Lyonnais l’ont encore vu lors de l’agression immonde de l’ultra-droite contre la Maison des Passages où se tenait une conférence avec un médecin qui officie à Gaza. Nous condamnons évidemment avec la plus grande fermeté ces actes inqualifiables.
Ainsi, Lyon n’échappe pas aux tensions inquiétantes au plus haut point que traverse notre nation. Alors je le répète inlassablement : nous devons, plus que jamais, faire preuve d’unité et rassembler les Lyonnais. Aujourd’hui, encore plus qu’hier.
Face à ces déchirements du monde, il nous faut lutter, et de toutes nos forces, pour éviter qu’ils ne soient importés dans notre pays. Le refus le plus ferme doit être adressé à toutes formes d’antisémitisme, d’islamophobie ou de xénophobie. Contre le terrorisme qui frappe une fois de plus – le drame d’Arras nous l’a tragiquement rappelé – il faut y opposer notre fierté pour nos valeurs communes, de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité.
En ce sens, la marche contre l’antisémitisme organisée dimanche en est un symbole puissant. L’antisémitisme a toujours été « le prélude à d’autres haines et d’autres racismes » indiquait à raison le Président de la République. Il est donc plus que jamais nécessaire de ne pas galvauder nos valeurs républicaines et de ne laisser personne nous diviser.
D’autant plus que la recherche permanente de concorde a ponctué l’histoire de Lyon, au moins depuis qu’un pouvoir municipal est apparu dans cette ville, un peu avant la Guerre de Cent Ans; voire encore plus tôt.
Par sa position au carrefour des influences économiques, politiques, culturelles et spirituelles, notre ville produit ainsi depuis longtemps une décoction qui lui est propre, de charité, d’altruisme et d’humanisme.
Depuis 2002, et j’ai une pensée émue pour Gérard COLLOMB qui a initié la démarche « Concorde et Solidarité », les représentants des grandes religions, au côté du Maire de Lyon, œuvrent à la paix sociale dans le respect des croyances de chacun. Cette volonté de vivre ensemble, en harmonie, doit rester au centre de toutes nos préoccupations.
Cette recherche de concorde et de solidarité se manifeste régulièrement à Lyon et nous pouvons collectivement en être fiers. Sur ce point, je veux rendre ici hommage à l’appel pour la paix qu’ont émis conjointement nos responsables religieux le 31 octobre dernier. Ce faisant, ils ont incarné et fait honneur à l’histoire de cette ville et de ses habitants.
N’oublions jamais que nous portons, nous aussi, chers membres de cet hémicycle, le devoir collectif de créer les conditions de dépassement de nos antagonismes, de vivre ensemble et de concorde.
Je reste confiant car notre capacité à nous rassembler pour des causes, ou lors de moments plus grands que nous, aura bientôt d’autres occasions de s’exprimer.
Entre autre, je veux évoquer ici la Fête des Lumières, qui approche en effet à grands pas. Je souhaite, d’avance, saluer les artistes et leurs créations merveilleuses, nos agents et leur travail acharné, nos partenaires et leur soutien indéfectible. Tous, par leur engagement, feront rayonner Lyon une fois de plus.
La Fête des Lumières, en effet, suspendra le temps, pour quelques jours. Elle illuminera les yeux des petits comme des grands, afin que Lyon, aujourd’hui encore plus qu’hier, se rassemble autour des valeurs issues de son histoire. Contre l’obscurantisme ambiant, notre Fête remettra un peu plus de lumière et d’espoir dans le cœur des gens.
Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs membres de cette assemblée,
Depuis mardi et la brutale disparition de notre compagnon de route, de notre ami Jean-Yves Secheresse, il n’est pas facile pour nous, mais je sais aussi pour beaucoup d’autres personnes, de cacher notre tristesse. Nous avons longuement réfléchi à la manière dont nous pourrions lui rendre hommage et il nous semblait important de ne pas renoncer à cette intervention liminaire, puisque les circonstances auront voulu qu’elle reflète le combat de toute sa vie. Citoyen, enseignant, ou homme politique, Jean-Yves aura lutté toute sa vie contre les inégalités et l’obscurantisme.
En revanche, dans cette période de recueillement et, symboliquement en sa mémoire, nous avons décidé de prendre part aux votes mais nous resterons silencieux dans les débats qui animeront cette séance du conseil municipal. Nous avons donc retiré toutes nos interventions de l’ordre du jour. Nous reprendrons le débat politique et la défense de notre conception de la ville, après les funérailles de notre estimé collègue.
Je vous remercie.
Propos préalable prononcé par Yann CUCHERAT au conseil municipal de la Ville de Lyon, le 16 novembre 2023.