Monsieur le Président,
Chers collègues,
Après avoir débattu au mois de juin du compte financier unique 2023 de la Métropole – qui n’augurait rien de bon – nous voilà maintenant confrontés à une décision modificative du budget de l’exercice en cours qui confirme ces tendances.
Le diagnostic de l’état de nos finances métropolitaines est simple : une perte d’autonomie sur nos recettes de fonctionnement qui décroissent, et le désengagement d’un État malade sur le plan financier.
Face à cela, nous nous devons de réduire de manière drastique et raisonnée nos de dépenses de fonctionnement.
Le Conseil d’aujourd’hui est d’ailleurs le témoin des premiers ajustements budgétaires que vous effectuez. J’entends ici la baisse d’un million d’euros de subvention de fonctionnement au musée des Confluences, l’augmentation de la TASCOM (taxe sur les surfaces commerciales), ou le besoin de vous faire reverser pas moins de 22 millions de la part du SYTRAL, une décision par ailleurs inédite dans l’histoire de notre collectivité.
Vos premières mesures budgétaires, couplés à l’absence de méthodologie cohérente, nous inquiètent particulièrement…
Cela m’amène, Monsieur le Président, à vous poser la question suivante : dans le cadre des futures orientations budgétaires de l’année 2025, avez-vous une stratégie cohérente de rétablissement des finances métropolitaines ? Si oui, de manière précise, laquelle ?
Nous avons en effet l’impression que vous ne disposez d’aucun cap, que vous laissez place à l’improvisation.
Si nous analysons plus particulièrement la décision modificative d’aujourd’hui, vous nous annoncez un recours à l’emprunt de 7 millions d’euros.
Cette décision n’a-t-elle pourtant pas comme objectif d’équilibrer le budget 2024 ? …Quand on pense que vous reprochiez à la majorité précédente d’avoir creusé la dette publique locale !
Cette modification montre surtout que vous ne tirez pas les leçons des erreurs accumulées depuis le début du mandat, et ce malgré nos avertissements.
Prenons la section de fonctionnement, en particulier ses recettes. Alors même que la situation du marché immobilier date de plus d’un an, il avait été prévu dans le BP 2024 des recettes liées aux Droits de mutation (DMTO) à hauteur de 331 millions d’euros. Mal calculée ou mal anticipée puisque cette prévision est modifiée ici, avec une baisse de pas moins de 50 millions d’euros.
Quand on constate que, de manière générale, les prévisions de recettes fiscales sont revues à la baisse par rapport au budget prévisionnel – avec une diminution de 28,6 millions d’euros – c’est à se demander si la construction du budget, en début d’année, n’a pas été montée à l’aveugle, ou si vous persistez à refuser de voir les réalités financières souvent alarmantes. Et la conjoncture actuelle n’explique pas, à elle seule, la situation dans laquelle nous sommes !
Du côté de l’investissement, la réglementation oblige la Métropole à éponger le déficit cumulé des années 2022-2023 qui se porte à 164,1 millions d’euros en abondant le même montant d’excédents de fonctionnement capitalisé.
Nous constatons que l’étau se resserre dangereusement et fait craindre l’apparition d’un cercle vicieux.
Car l’augmentation des dépenses de fonctionnement, combiné à ces mêmes recettes qui décroissent et l’utilisation des excédents pour éponger le déficit lié à l’investissement, entraîne également une dégradation progressive de l’épargne brute.
De facto, la capacité d’autofinancement en diminution oblige à recourir à l’emprunt et donc à creuser la dette… et ainsi de suite…
Au-delà de la simple logique financière et de vos difficultés à consommer vos enveloppes d’investissement, n’oublions pas que les ressources mobilisées se justifient pleinement lorsqu’elles servent l’ensemble des habitants et des acteurs du territoire.
Pour vous, qui poursuivez des projets qui ne cessent de polariser l’opinion et qui impactent durement le quotidien de nos habitants, ne pensez-vous pas qu’il serait enfin temps de recentrer vos efforts en faveur de projets qui rassemblent et profitent à tous ?
Si nous devons nous projeter pour la suite, les contraintes budgétaires à venir, bien qu’inévitables, ne doivent en aucun cas impacter négativement les activités économiques, culturelles ou mettre à mal notre politique sociale.
Aussi, la baisse de la subvention attribuée au musée des Confluences, car c’est bien une baisse de subvention de fonctionnement que vous avez décidée, qui est quand même le premier musée de France après ceux de la capitale, laisse craindre que vos économies puissent se faire au détriment de la promotion du monde culturel et de la valorisation du patrimoine lyonnais.
Enfin, quand vous vous indignez à l’annonce possible d’une augmentation d’impôts du nouveau gouvernement, qu’avez-vous à répondre aux commerçants qui vont voir la taxe sur leur surface commerciale augmenter ? Ces secteurs sont pourtant au cœur de la dynamique territoriale.
Loin de la gestion en « bon père de famille » que prônait Gérard Collomb, vous marchez en ordre dispersé, puisant dans les trésoreries de manière éparse, sans mesurer les possibles impacts sur les secteurs concernés.
C’est pourquoi, comme je l’ai indiqué en début de mon propos, il est essentiel de déployer une stratégie de redressement financière globale, permettant à la fois de satisfaire les besoins d’économies, tout en préservant un environnement propice à la croissance, à la solidarité et à l’ouverture culturelle.
Nous attendons des propositions concrètes sur ces points.
Je vous remercie.
Délibération N°2024-2423, intervention de Yves-Marie Uhlrich en Conseil de la Métropole du 30 septembre 2024.